C’est sur un succès qu’on n’attendait pas que l’année 2025 va se clôturer. Ce succès, c’est celui de Notre-Dame de Paris dont le niveau de fréquentation, depuis la réouverture de la cathédrale, a dépassé toutes les espérances, en faisant le monument le plus visité de France. Derrière ce succès, on trouve bien sûr tous les artisans qui ont permis la reconstruction de la cathédrale ; on trouve aussi tous les artistes qui ont mis leur talent au service de la cathédrale. Résultat : une réussite qui éblouit le monde entier.
Dans l'esprit de cette réussite inégalée, le ministère de la Culture a poursuivi en 2025 une action résolue en faveur de pans méconnus du monde culturel : à commencer par le patrimoine culturel immatériel et la poursuite du développement culturel des territoires ruraux (musées ruraux et artothèques en ruralité). Il a aussi engagé une action résolue pour redonner l’envie de lire aux plus jeunes (États généraux de la lecture jeunesse), des mesures fortes en faveur de l’inclusion culturelle, ou la défense de la liberté de création. Petit panorama.
Janvier : le cabaret sort le grand jeu
Le cabaret, un patrimoine culturel vivant ? Incontestablement, a assuré la ministre de la Culture à l’occasion d’un déplacement au Moulin Rouge, le 21 janvier, en rappelant que le cabaret fait pleinement partie de « notre histoire culturelle, de notre joie de vivre et de notre liberté d’expression ». Un message reçu cinq sur cinq par les acteurs d’un secteur qui va faire l’objet d’un plan d’action pour structurer et accompagner les mutations de la filière.
Aujourd’hui, ce plan a d’ores et déjà porté ses fruits : accompagnement de 29 projets aux esthétiques très diverses, mise en œuvre de 10 résidences dans des lieux de création. En 2026, une Saison Cabaret, mesure phare de ce plan, va se dérouler du 16 septembre au 15 novembre dans toute la France. Une bonne raison de se mettre au rythme de cet art vieux de plus de 150 ans.
Février : Week-end culturel de l’IA
Organisé par le ministère de la Culture et le ministère des Affaires étrangères en marge du Sommet pour l’action sur l’IA, le WE culturel de l’IA, qui s’est tenu les 8 et 9 février, avait tout pour susciter l’intérêt et la curiosité. Il a fait mieux : en proposant un programme d’une grande richesse, il a fait émerger, en l’espace de deux journées, un véritable continent, qui séduit autant qu’il inquiète, et qui fascine autant qu’il effraie.
Le public, désireux de découvrir ce nouvel horizon, ne s’y est pas trompé. Il a répondu présent à la Bibliothèque nationale de France, où se tenaient des tables rondes, débats, ateliers interactifs, projections et expositions, ainsi qu’à la Conciergerie, où avait lieu « Machina Sapiens », une ambitieuse installation de créations originales signées par des artistes internationaux. Au total, ce panorama d’initiatives culturelles innovantes mais aussi de débats souvent brûlants a, à l’évidence, suscité un véritable engouement du public. A suivre, à n’en pas douter.
Mars : la cause du patrimoine culturel immatériel
Ce sont deux labels qui défendent une cause commune : le patrimoine culturel immatériel. Qu’il s’agisse de la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco, qui a accueilli en son sein le 17 mars les savoir-faire des verriers, forains et couvreurs, ou de l'inventaire national du Patrimoine culturel immatériel en France, qui a inscrit, le 25 novembre vingt-sept pratiques pour 2023 et 2024, dont le carnaval de Nantes, et, le 17 décembre, quatorze nouvelles pratiques, dont celles des Outre-mer et les musiques actuelles, c’est la même vitalité qui est saluée : celle de ces pratiques à la fois sociales et culturelles, souvent fortement ancrées dans un territoire.
Et c’est précisément la vitalité de ce « patrimoine vivant » que le ministère de la Culture a souhaité mettre en lumière cette année en lançant, le 23 juin, un site destiné « faire vivre le patrimoine immatériel ». Une initiative qui engage les porteurs de projet sur la voie de la valorisation et de la reconnaissance.
Avril : audiodescription et livre accessible, un pas vers l’inclusion culturelle
Connaissez-vous les Marius de l’audiodescription ? Créée par le Centre national du cinéma (CNC), cette récompense, qui a déjà un beau palmarès à son actif, distingue les audiodescriptions de qualité, ce procédé qui permet de rendre accessibles les films, séries ou documentaires aux personnes en situation de handicap visuel. En 2025, c’est un des succès français du box-office, Le Comte de Monte-Cristo, qui a obtenu le précieux sésame.
L’audiodescription, en plein essor ces dernières années, souffre néanmoins d’une difficulté : son accès reste limité. Un frein que vient lever le Portail de l’audiodescription, lancé en février par le ministère de la Culture. Cette plateforme, qui se présente comme un catalogue éditorialisé de plus de 2 500 films en version audio-décrite et indique aux usagers les différentes solutions de visionnage, constitue, au même titre que l’enrichissement considérable de l’offre de livres accessibles dès leur parution et sans délai d’adaptation, un nouveau pas en direction de l’inclusion culturelle.
Mai : 1 km de danse s’ouvre à la ruralité et aux territoires d’outre-mer
On se souvient du succès remporté par « 1 km de danse » en 2024. Cette manifestation, conçue comme une grande fête de la danse, ancrée dans l’espace public et ouverte à tous les habitants d’un territoire, contribue largement à la démocratisation de l’art chorégraphique en misant sur une donnée toute simple : la participation (et l’appropriation !) de tous.
La formule a tellement bien marché, que le ministère de la Culture associé au Centre national de la danse a souhaité élargir son périmètre en 2005 à de nombreuses villes de métropole ainsi qu’aux territoires ruraux et ultramarins. Un exemple entre mille ? Chorège, le Centre de développement chorégraphique de Falaise, soutenu par la DRAC Normandie, a proposé aux habitants des interventions de « danses appliquées » conçues par Julie Desprairies, artiste associée. L’objectif ? Élaborer avec des amateurs des chorégraphies inspirées de leurs gestes du quotidien : à la ville, au travail, dans leurs loisirs…
Juin : Année de la mer, les enjeux environnementaux sous le signe de la culture
Alors qu’elle accueillait à Nice, du 9 au 13 juin, la 3e conférence des Nations unies sur l’océan, la France a souhaité organiser, à travers une programmation exceptionnelle conçue par le ministère de la Culture, une Année de la mer, dont l’une des ambitions était de faire faire émerger un continent trop peu connu : la dimension culturelle de la mer.
Car c’est bien la culture tout entière qui est traversée par les enjeux maritimes. A commencer par la langue. Entre lexique scientifique et bréviaire environnemental, un Vocabulaire des océans, publié par le ministère de la Culture, propose un éclairage sur les enjeux de la préservation des mondes marins. Les autres enjeux culturels des océans sont multiples : archéologiques, artistiques, avec Matisse ou Pierre & Gilles, cinématographiques ou, et ce n’est pas le moins passionnant, patrimonial avec l’art urbain qui revisite les bunkers du Mur de l’Atlantique.
Juillet : un guide pour la liberté de création
Empêchement d’accès des publics aux œuvres, déprogrammations, actes de vandalisme, menaces et cyberharcèlement contre des artistes… face à la montée des cas d’atteintes à la liberté de création, le ministère a mis au point en 2024 un plan d’actions pour la liberté de création, composé notamment d’une mesure : l’élaboration d’un guide juridique et pratique à destination des professionnels du secteur culturel confrontés à cette problématique.
Ce guide est paru le 6 juillet dernier et rappelle tout d’abord le cadre juridique. Ensuite, il présente, à travers onze fiches, des cas pratiques d’atteintes à la liberté de création pour montrer les réflexes à adopter, les textes et jurisprudences de référence, ainsi que les interlocuteurs à connaître. Ce guide, qui sera régulièrement mis à jour en fonction de nouvelles situations, est ainsi un outil accessible et indispensable pour mieux anticiper et réagir. Il était également à l’honneur lors du dernier Salon des maires.
Août : un été culturel dans les campings
Depuis 2020, l’Eté culturel permet de faire rimer vacances et culture. Chaque année, depuis 2020, la culture s’installe au plus près des territoires avec des propositions artistiques toujours plus innovantes. Particularité de cette année : plus de 500 campings ont accueilli des actions culturelles. Ils sont notamment devenus des lieux d’accès au livre et à la lecture grâce à une initiative du Salon du livre et de la presse jeunesse en Seine-Saint-Denis (SLPJ),
Pendant plus de deux mois, des événements ont été proposés dans tous les domaines et sur tous les territoires et pour tous les publics : la lecture dans un centre pénitentiaire martiniquais auprès des femmes détenues ou encore le chant avec Les Arènes Lyriques des enfants qui ont offert aux enfants malades une plongée dans le monde de l'opéra aux arènes de Montmartre.
Septembre : une rentrée sous le signe du « design utile »
Le mois de la rentrée se place bien évidemment sous le signe du patrimoine, avec les Journées européennes du patrimoine qui mettait à l’honneur l’architecture. Il se place également sous le signe du design, grâce à la France Design Week qui se déploie dans tout le territoire avec des événements, des expositions, des visites, des conférences sur le design et les designers. Cet événement a été créé en 2020 suite aux Assises du design portées par les ministères de la Culture et de l'Économie et des Finances pour mieux valoriser le secteur.
Le thème retenu cette année était celui du design utile pour souligner l'impact positif du secteur dans notre vie quotidienne. Pendant trois semaines, les animations se sont succédé comme en Auvergne-Rhône Alpes, notamment à Saint-Etienne la ville du design, mais aussi dans les collections du Frac Grand Large dans les Hauts-de-France et à La Réunion, avec la restitution du travail des étudiants du programme « Design des territoires ».
Octobre : Badinter entre au Panthéon
C’était le 9 octobre dernier : Robert Badinter entrait au Panthéon. Un événement hors-normes à plus d’un titre, quarante-quatre ans jour pour jour après la promulgation de la loi d’abolition de peine de mort. Cet hommage national a été accompagné par de nombreuses expositions, documentaires, livres ou encore podcasts.
Cet événement a permis un retour sur la vie de l’avocat et homme politique connu pour ses engagements. Il fut bien sûr l’homme de l’abolition de la peine de mort mais aussi un homme de culture, grand connaisseur des philosophes des Lumières, écrivain, historien, commissaire d’expositions, auteur de théâtre et conférencier. Sa panthéonisation a également été l’occasion d’un retour sur sa vie, marquée par la barbarie nazie et sa lutte pour des causes humanistes.
Novembre : Artothèques en ruralité
« Avoir de l’art chez soi, ça peut aussi changer une vie ». Forte de cette conviction, la ministre de la Culture a lancé, le 27 novembre, an collaboration avec le Centre national des arts plastiques, qui s’occupe de le mettre en œuvre, un plan résolu en faveur des Artothèques en ruralité, dans des territoires moins pourvus en équipements d’art contemporain. « C’est pour cela que j’ai souhaité que les artothèques soient déployées dans les territoires ruraux », a-t-elle plaidé.
Cette mesure, qui fait partie du plan Culture et ruralité, est composé de trois actions majeures : un Appel à Manifestation d’Intérêt (AMI) pour renforcer ou encourager l’ancrage des artothèques dans les territoires ruraux, le déploiement d’une structure mobile et modulable pour présenter et prêter des œuvres dans des lieux non consacrés à l’art et enfin un appel à candidatures pour enrichir les collections des artothèques de douze œuvres d’artistes contemporains.
Décembre : redonner l’envie de lire aux plus jeunes
Autre projet au long cours durant cette année 2025, celui des États généraux de la lecture pour la jeunesse, lancés en juillet et qui se sont terminés en décembre. Objectif : remettre la lecture au cœur des pratiques culturelles des jeunes, alors que les chiffres du dernier baromètre annuel du Centre national du livre montrent que les jeunes passent en moyenne dix fois plus de temps devant un écran que devant un livre.
Pendant plusieurs mois, de nombreux échanges et ateliers ont confronté les points de vue d’experts, enfants et familles. Un comité de pilotage a été créé, dont certains membres ont accepté de livrer leur vision de la lecture jeunesse : l’auteur Timothée de Fombelle, l’éditeur Louis Delas, Sylvie Vassalo, la directrice du Salon du livre et de la presse jeunesse et Dominique Rouet, directeur de bibliothèque. Les résultats des échanges ont été partagés le 1er décembre dernier lors du Salon du livre et de la presse jeunesse, à Montreuil (Seine-Saint-Denis).
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