Seul le prononcé fait foi
Monsieur le Président du Moulin Rouge, cher Jean-Jacques Clerico
Monsieur le Directeur général du Moulin Rouge, cher Jean-Victor Clerico,
Monsieur le Président d’Ekhoscènes, cher Olivier Darbois,
Monsieur le Vice-Président d’Ekhoscènes, cher Philippe Lhomme,
Monsieur le Directeur général de la création artistique, cher Christopher Miles,
Monsieur le Directeur régional des affaires culturelles, cher Laurent Roturier,
Madame la Directrice générale de l’Office national de diffusion artistique, chère
Marie-Pia Bureau,
Monsieur le Conseiller de Paris, cher Frédéric Hocquard,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs, chers amis,
Pour ce tout premier plan Cabaret lancé par une ministre de la Culture, venir au Moulin Rouge était une évidence.
Dans cet endroit mythique, cet endroit littéralement féérique, on ressent la profondeur de tout ce pan de notre culture qui se joue sur la scène des cabarets.
On se souvient de noms qui nous font encore rêver : Valentin le Désossé, la Goulue, Mistinguett.
On pense aux merveilleuses images de Toulouse-Lautrec.
On entend la musique du quadrille, on voit la beauté des costumes, des danseuses, des artistes.
On se dit, comme une évidence, que le cabaret, cet art de la joie, art si français, occupe depuis bien longtemps une place à part dans notre culture.
Si je suis là ce soir, Mesdames et Messieurs, c’est d’abord pour vous le réaffirmer.
Merci donc d’abord Jean-Jacques, Jean-Victor et Virginie Clerico, merci aux artistes et à toute l’équipe du Moulin Rouge de nous réunir dans ce lieu unique.
Un lieu de patrimoine, mais un lieu aussi de création, où l’art du cabaret s’écrit tous les jours au présent, notamment avec les artistes de cabaret contemporain qui se produisent en ces lieux hors du temps que sont la chaufferie de la Machine du Moulin Rouge et le Bar à bulles. Le Moulin Rouge, c’est un peu la synthèse du plan Cabaret que je suis fière de dévoiler ce soir.
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Le Cabaret est une histoire française. Une histoire qui s’invente ici, à Paris en général et à Montmartre en particulier, avec des noms qui résonnent encore dans notre paysage familier : le Chat Noir, les Folies Bergères, le Lido, le Crazy Horse, Chez Michou, Madame Arthur… chacun de ces établissements est à sa manière un ambassadeur de la France.
Encore une fois, je dis cela au Moulin Rouge, dont l’histoire a été racontée au cinéma aussi bien par John Huston, Jean Renoir et Baz Luhrmann. Je ne suis pas sûre que beaucoup de salles de spectacle aient eu droit à cet honneur dans le monde.
Mais si le cabaret appartient à notre patrimoine, son art est un art bien vivant, qui connaît un véritable renouveau depuis plusieurs années, porté par des artistes des collectifs d’artistes qui inventent des « personnages ». J’en reconnais d’ailleurs certains, que j’avais eu le plaisir d’accueillir le mois dernier au ministère pour la remise de la Légion d’honneur à Lisette Malidor. Je crois que le lien profond entre la revue et les numéros de cabaret contemporain, c’est l’esprit de liberté qui s’en dégage.
Et puis la réalité du cabaret en France, c’est aussi qu’il a su se décentrer de Paris et se disséminer sur tout le territoire, dans des villes mais aussi des communes rurales. Difficile de les citer tous, ils sont près de 200, mais je pense au Royal Palace en Alsace, à l’Ange Bleu ou les Folies fermières en Nouvelle Aquitaine, au Grand cabaret du Vieux Berquin ou au Cabaret de Licques dans les Hauts-de-France, à la Sirène à Barbe en Normandie, à Moustache en Bretagne, et il y en a tellement d’autres…
Car le cabaret, c’est d’abord la diversité. Une diversité qui dépasse les genres et les disciplines. Est-ce que c’est de la danse ? de la chanson ? de la magie ? du cirque ? Le cabaret, c’est tout cela à la fois. Et c’est aussi la créativité, la convivialité, l’accueil, l’esprit de la fête et de transgression, la provocation et la liberté de parole.
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Le plan Cabaret que je vous dévoile ce soir s’appuie sur des acteurs engagés et des dispositifs existants, qu’il prolonge.
Depuis 2016, le secteur du cabaret a été activement représenté par le CAMULC. Je tiens ici à saluer Daniel Stevens qui en fut le délégué général, mais aussi Philippe Lhomme, son président. Je sais tout votre engagement pour la reconnaissance du cabaret. C’est désormais Ekhoscènes qui représente les professionnels du cabaret. Merci à l’ensemble du bureau et de l’équipe pour votre travail sur ce plan, aux côtés du ministère.
Je salue également le Centre national de la musique qui apporte un soutien massif et croissant au cabaret. Ce soutien a représenté 3,5 millions d’euros en 2024.
Le ministère accompagne également le cabaret dans le cadre de ses aides pour le spectacle vivant comme le Fonds national pour l'emploi pérenne dans le spectacle. Et depuis 2021, le ministère a un « référent cabaret » en la personne du délégué à la Danse, Laurent Vinauger, que je salue.
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Le plan Cabaret se décline en trois axes prioritaires : d’abord le soutien à la création, ensuite le renforcement de sa visibilité, et enfin la valorisation de son patrimoine.
Sans tout détailler, permettez de souligner certains points pour mieux comprendre sa logique.
Sur la création d’abord, parce que c’est tellement important aujourd’hui avec cet art vivant, j’annonce le lancement dès le printemps 2025 d’un fonds de soutien au développement de « personnages ». J’annonce également le développement du soutien à des résidences de projet de cabaret dans l’ensemble des scènes publiques et les centres d’art.
Je sais aussi l’importance pour les professionnels du cabaret de pouvoir bénéficier du Crédit d’impôt spectacle vivant. Le ministère soutiendra Ekhoscènes dans cette demande du secteur.
Plus globalement, je demande au Centre national de la musique de jouer pleinement son rôle pour accompagner les transformations du secteur. Il le fera à travers ses dispositifs d’aide mais aussi des formations auprès des professionnels.
L’autre grand enjeu que nous identifions tous, c’est la visibilité du cabaret. On a peut-être trop tendance à le voir comme un genre à part, avec une esthétique réservée à un certain type de lieux privés, voire à un certain type de publics. C’est dommage, parce que cela limite forcément l’audience. Je pense qu’il faut renforcer la visibilité et la connaissance du cabaret pour faire changer les regards, attirer de nouveaux publics.
J’annonce l’organisation d’un « Focus Cabaret » au cours de la saison culturelle 2025-2026 et sur tout le territoire : un évènement dédié au cabaret se déroula dans 5 villes françaises dont Paris, une grande commande photo sur les métiers du cabaret sera lancée, des rencontres réuniront les professionnels. Je souhaite que ce temps fort soit un temps de mobilisation de tous les acteurs, dans toute la France, sous l’impulsion notamment des DRAC et de partenaires comme l’ONDA.
Enfin, le cabaret, c’est un « trésor national », un patrimoine matériel et immatériel unique au monde. Le ministère de la Culture valorisera les différents métiers d’art propres au cabaret - bottier, brodeur, plumassier, corsetier, couturier, etc. Ces métiers seront intégrés au programme « Maîtres d’art », et une résidence sera dédiée aux jeunes créateurs de mode qui montrent un intérêt pour les costumes de scènes du cabaret.
Je vais également confier une mission au Moulin Rouge, accompagné par le ministère et le Centre national de la danse, pour travailler à l’inscription du « cancan » à l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel.
Et avec l’Institut français, dont je salue sa présidente, avec Ekhoscènes, avec le Centre national de la musique et avec tous les acteurs du secteur, nous allons construire une stratégie de valorisation du « cabaret à la française » à l’international.
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Mesdames et Messieurs, je vous le redis : le cabaret occupe une place à part dans notre cœur et dans la culture française.
Avec ce plan, nous lui donnons la reconnaissance qu’il mérite, mais nous encourageons surtout tous ses artistes à continuer de nous étonner, de nous faire rire, de nous faire rêver.
Nous leur faisons confiance, parce que nous faisons confiance à notre histoire et à notre création. Le cabaret fait partie de notre histoire, et cette histoire n’a pas fini de s’écrire.
Je vous remercie.