Elles sont nées dans les années 1980 et permettent à chacun, à la manière des bibliothèques, d’emprunter des œuvres pour les mettre chez soi, mais aussi dans des lieux de travail, écoles, hôpitaux, Ehpad ou encore associations ou collectivités. Les artothèques, qui permettent une rencontre personnelle et intime avec l’art et sont un outil idéal de démocratisation culturelle, font l’objet d’une mesure spécifique du plan Culture et ruralité annoncé à l’été 2024 par le ministère de la Culture : Artothèques en ruralités, un dispositif d’un montant de 4 millions d’euros piloté par le Centre national des arts plastiques (Cnap) avec l’Association de développement et de recherche des artothèques (ADRA). « Ce programme porte une ambition claire : faire circuler l’art partout et inscrire la création contemporaine au cœur de la vie quotidienne de nos territoires, y compris là où l’offre culturelle est moins visible », souligne Béatrice Salmon, directrice du Centre national des arts plastiques.
Ce plan est composé de trois actions majeures : un Appel à Manifestation d’Intérêt (AMI) pour renforcer ou encourager l’ancrage des artothèques dans les territoires ruraux, le déploiement d’une structure mobile et modulable pour présenter et prêter des œuvres dans des lieux non consacrés à l’art et enfin un appel à candidatures pour enrichir les collections des artothèques de douze œuvres d’artistes contemporains. « Avoir de l’art chez soi, ça peut aussi changer une vie et c’est pour cela que j’ai souhaité que les artothèques soient déployées dans les territoires ruraux. Mon engagement est celui de la culture pour tous avec l’accès à la culture et à ses métiers. Ce sont deux volets que nous avons voulu mettre en œuvre sur ce plan », explique la ministre de la Culture Rachida Dati lors de la présentation d’un bilan de ces actions, jeudi 27 novembre, par le Cnap et le ministère.
Cinquante projets pour densifier le réseau d’artothèques
Constituer ou enrichir des collections, aménager des espaces de prêt et des lieux relais d’artothèque, mettre en place un dispositif itinérant pour faire circuler les œuvres… Ce sont ces types d’actions qui vont être soutenues par l’Appel à manifestation d’intérêt, lancé en mars dernier dans le cadre d’Artothèques en ruralité. « Il est venu confirmer la vitalité de notre tissu », constate Béatrice Salmon qui compte près de 110 projets déposés, couvrant l’ensemble du territoire français et une grande diversité de structures (des artothèques existantes mais aussi d’autres structures culturelles qui veulent mettre en place un nouveau service d’artothèque).
Cinquante projets ont été finalement sélectionnés et seront soutenus grâce à une subvention globale de 3 millions d’euros et un accompagnement sur-mesure d’un an. « Tous témoignent de la même ambition : l’artothèque est un outil de démocratisation puissant, souple, capable de s’adapter aux réalités rurales et aux ressources locales pour diffuser l’art au plus grand nombre », poursuit Béatrice Salmon. Ces projets vont aussi permettre de considérablement étoffer le réseau existant avec par exemple 15 nouvelles artothèques et plus de 70 nouveaux relais ou lieux d’itinérance, prévus dans 48 départements de 15 régions métropolitaines et ultramarines.
Une structure modulable pour les lieux non dédiés à l’art
Cet AMI va également permettre de financer la construction de 24 exemplaires d’une nouvelle structure modulable destinée à des espaces du quotidien non dédiés à l’art comme les mairies, les bibliothèques, les écoles ou encore les établissements médico-sociaux. La conception de cette structure modulable a fait l’objet d’une consultation auprès de trois designers et c’est finalement le prototype conçu par Martial Marquet Studio qui a été choisi.
Elle se présente sous la forme d’un chariot en aluminium perforé (deux tailles sont prévues) monté sur roulettes qui permet à la fois de consulter et de protéger les œuvres. Les couvercles revêtus de liège servent ensuite d’assises. Des cimaises modulables s’assemblent et se démontent sans outils. « Une fois assemblé, ce système crée un espace pour les œuvres et permet de les transporter, les protéger et les valoriser. L’enjeu était de créer un lieu convivial pour rompre la solennité du rapport à l’œuvre », explique Martial Marquet, le concepteur.
La structure a été pensée pour être installée par deux personnes, sans outil ni compétence spécifique. À l’exception des chariots qui restent en aluminium, les autres parties peuvent être modifiées à volonté, notamment pour privilégier des matériaux locaux. « Le défi était de faire une structure qui va être ensuite refaite par d’autres. Tout se trouve en open source et chacun pourra s’approprier la structure et projeter sa propre esthétique », poursuit Martial Marquet.
Une collection d’estampes bientôt empruntable
Enfin troisième volet de ce plan Artothèques en ruralité : l’enrichissement des collections des artothèques grâce à une commande nationale d’estampes intitulée « Natures diverses » et porté là encore par le Cnap, en partenariat avec l’Association de Développement et de Recherche sur les Artothèques. Elle débouche sur douze œuvres d’artistes contemporains, sélectionnées en juillet dernier, qui rejoindront les collections de 56 artothèques partout en France en vue de leur diffusion. « Cette commande publique permet de s’enrichir, de rencontrer les œuvres, de s’y attacher, d’en parler au point de les emmener chez soi », affirme Isabelle Tessier, responsable de l’artothèque de Vitré communauté et co-présidente de l’ADRA.
Avec ce thème, les artistes étaient amenés à réfléchir une nature complexe et réinventée, explorant les notions d’hybridation ou de fragilité des écosystèmes. Les douze estampes convoquent une grande diversité de techniques avec à la fois des savoir-faire traditionnels et des innovations numériques. Les artistes lauréats ont tous collaboré avec un atelier professionnel pour la production de leur œuvre.
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