Accompagner l'émergence de nouvelles formes de collaboration
La transformation numérique permet de mobiliser et de fédérer autour d’espaces numériques communs les nombreuses communautés de professionnels, d’amateurs, d’associations, de chercheurs, d’individus et d’acteurs de terrain.
Participation, contribution, pratiques en amateur : l’apport du numérique
Nouvelles formes de création et de participation
L’espace numérique donne la possibilité aux acteurs culturels de développer leurs publics et l’accès à la culture. Il offre également à chacun l'opportunité de diffuser, facilement et sans intermédiaire, sa propre production culturelle. Les pratiques numériques ne se résument donc pas à un simple accès à la culture par le numérique : extrêmement diverses et fortement participatives, elles engendrent une offre très abondante, qui n’est plus uniquement produite par des professionnels œuvrant dans des circuits officiels. Elles renouvellent ainsi non seulement les formes et les formats, mais aussi les modalités de l’émergence des talents.
À titre d’exemple, les communautés web3, issues d’un usage décentralisé du web et sécurisé par la technologie des chaînes de blocs (blockchain), ont permis l’émergence de nouveaux espaces de rencontre entre des artistes créateurs et leurs publics. Leur potentiel reste à explorer pour imaginer de nouveaux modes de rémunération pour les artistes, par exemple via les jetons non fongibles (NFT - non fungible tokens). Ces derniers peuvent faciliter la diffusion de produits culturels auprès de nouveaux publics, de collectionneurs, d’amateurs d’art ou encore de mécènes d’un nouveau type. La production de jetons non fongibles permet à un artiste ou à une institution culturelle d’atteindre des communautés élargies, mais aussi de diversifier les manières de créer du lien avec leurs publics existants voire avec de nouveaux publics. Le projet de plateforme digitale développé par Polyconseil en partenariat avec l’Opéra national de Paris illustre concrètement ce potentiel : lauréat de l’appel à projets Services numériques innovants (SNI) en 2022, il explore des modes innovants de valorisation et de monétisation du patrimoine et des événements de l’Opéra sous forme de jetons non fongibles. Ces initiatives pourraient également ouvrir la voie à de nouvelles formes de rapport à la culture, plus ludiques, par exemple à travers l’acquisition de collectibles (soit des crypto-articles de collection) ou de produits dérivés numériques d’œuvres d’art.
Communautés, influence et démocratie culturelle
De nouvelles formes de médiation émergent également à travers le métavers, qui propose des espaces immersifs, interactifs et persistants. Ils offrent aux artistes et institutions culturelles la possibilité de créer des expériences inédites, de réinventer la relation avec les publics et de concevoir de nouveaux formats artistiques et événementiels.
Le développement des réseaux sociaux et des communautés en ligne s’est par ailleurs accompagné de l’émergence d’acteurs prescripteurs de tendance, d’influenceurs ou encore d’acteurs culturels, d’artistes ou d’artisans qui y voient une manière de communiquer ou de mobiliser une communauté différemment. Les identifier et les mobiliser est un moyen de proposer à leur audience de nouvelles modalités d’échanges autour de l’art et de la culture, d’amener ce public vers des offres et des lieux culturels, voire de faire émerger un nouvel espace de création et de recherche. Dans ce contexte, les notions de droits culturels et de démocratie culturelle occupent une place croissante dans la réflexion publique. Le ministère de la Culture s’est engagé sur ce terrain, notamment à travers les travaux du Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique (CSPLA) qui a publié plusieurs rapports et avis visant à explorer les implications de ces notions et à formuler des propositions concrètes pour adapter les politiques culturelles aux pratiques numériques contemporaines. L’objectif est d’encourager une démarche qui fasse « avec » plutôt que « pour », en renforçant la participation des publics à la définition, à l’animation et à l’évaluation des politiques culturelles.
Technologies collaboratives et enjeux éthiques
L’intelligence artificielle ouvre également de nouvelles perspectives collaboratives. En facilitant la co-création d’œuvres, la personnalisation des expériences culturelles ou l’analyse collective des usages, elle renforce les interactions entre artistes, publics et institutions. Ces technologies participent ainsi à la construction d’un espace culturel numérique plus participatif et contributif.
Si ces technologies ouvrent de nombreuses opportunités, elles soulèvent aussi des questions essentielles. Leur impact environnemental, la protection des droits d’auteur et des données personnelles, la régulation des plateformes ou encore les risques d’exclusion liés à l’accès et à la maîtrise de ces outils doivent être intégrés dès aujourd’hui afin de construire des usages durables, éthiques et inclusifs du numérique culturel.
D’un rôle d’expert à l’animation de communautés
C’est un changement de paradigme pour certains professionnels des secteurs culturels, dont le rôle d’expert, chargé de repérer les talents, de diffuser et transmettre sa connaissance, se trouve profondément bouleversé. Leur rôle, sans disparaître, évolue vers celui de spécialiste capable d’animer des communautés dont l’appui renforce leur impact sur les publics.
C’est aussi un changement de paradigme pour le ministère de la Culture, dont les politiques ont historiquement été conçues pour répondre à la rareté de l’offre culturelle, et en se concentrant donc sur le développement d’infrastructures culturelles et sur la réduction des freins d’accès à la culture. Aujourd’hui, face à l’abondance des contenus et aux nouvelles dynamiques participatives, ces politiques évoluent pour soutenir une culture numérique plus inclusive, innovante et partagée.
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