Protéger la liberté d’expression et garantir l’indépendance et le pluralisme des médias
Face aux grandes transformations du numérique, le ministère de la Culture agit pour garantir la liberté d’expression, l’indépendance et le pluralisme des médias. Il défend un cadre européen ambitieux et protecteur afin de responsabiliser les plateformes, lutter contre la désinformation et rééquilibrer les relations entre les médias et les acteurs du numérique, notamment grâce à la mise en œuvre du droit voisin des éditeurs de presse.
Réseaux sociaux : entre liberté d’expression et nouveaux défis démocratiques
Les réseaux sociaux sont devenus de véritables espaces publics. Ils offrent des opportunités inédites de libre expression et de partage, mais comportent aussi des risques démocratiques majeurs : bulles informationnelles, désinformation, diffusion de contenus haineux.
Longtemps, les plateformes ont fixé leurs propres règles de modération, sans réel contrôle démocratique. Cette évolution soulève de nouvelles questions sur les limites entre régulation publique et censure privée, et met en lumière la nécessité d’un cadre clair et équilibré pour le débat en ligne.
Le saviez-vous ?
Un Français sur deux (53%) s’informe quotidiennement sur les réseaux sociaux ou les plateformes de vidéo en ligne. (Source : "Les Français et l'information", ARCOM, 2024)
Désinformation et intelligence artificielle : un défi renouvelé
Le développement de l’intelligence artificielle générative accentue les risques liés à la désinformation. Capable de produire des textes, images, sons ou vidéos hyperréalistes (hypertrucages ou deepfakes), l’ntelligence artificielle peut « tromper nos yeux et nos oreilles » et brouiller la distinction entre vrai et faux.
Ces usages posent un nouveau défi démocratique : garantir la confiance dans l’information, protéger les citoyens contre la manipulation et soutenir la vérification des sources.
Connaissez-vous ComparIA ?
Conçu pour renforcer la diversité linguistique et culturelle dans le développement de l’intelligence artificielle, ComparIA est un outil pédagogique et participatif qui permet à chacun de tester et comparer différents modèles de conversation en français.
En invitant les internautes à exprimer leurs préférences et à observer les différences de réponses entre IA, le dispositif vise à sensibiliser le public aux enjeux et aux risques de l’IA générative : biais, représentations culturelles, pluralisme des sources ou encore impact environnemental. Les données recueillies, anonymisées et ouvertes, contribuent à la création d’un bien commun numérique, utile à la recherche et à l’amélioration des IA francophones.
Un cadre européen en construction
Pour répondre à ces enjeux, l’Union européenne met en place un cadre de régulation ambitieux conciliant liberté d’expression, responsabilité des plateformes et protection des citoyens.
- Le règlement européen sur les services numériques ou Digital Services Act (DSA) : le règlement sur les services numériques modernise la régulation des réseaux sociaux. Il renforce les obligations de transparence et de modération des contenus, tout en garantissant le droit de contester les décisions de retrait de contenu, la justification des mesures prises, des voies de recours effectives pour les utilisateurs. Les très grandes plateformes doivent désormais évaluer les risques systémiques (contenus illicites, atteintes à l’ordre public, manipulations électorales) et soumettre leurs actions à un audit indépendant.
- Le règlement sur les marchés numériques ou Digital Markets Act (DMA) : ce règlement vise à rétablir un équilibre entre les plateformes dominantes et les autres acteurs du numérique, notamment les éditeurs de presse. Il favorise un environnement concurrentiel plus équitable et soutient la mise en œuvre du droit voisin des éditeurs et agences de presse.
- Le règlement européen sur la liberté des médias ou European Media Freedom Act (EMFA) : ce texte renforce la protection de l’indépendance des médias. Il prévoit notamment que les contenus issus de médias respectant des standards déontologiques bénéficient d’un traitement privilégié sur les très grandes plateformes.
- Le règlement sur l'intelligence artificielle ou AI Act : adopté par le Parlement européen en mars 2024, le règlement sur l’intelligence artificielle encadre les usages de l’intelligence artificielle générative. Il impose des obligations de transparence et de traçabilité des contenus créés par l’IA, pour lutter contre les manipulations et les hypertrucages (deepfakes).
Financer une information libre et indépendante
La transition numérique a profondément bouleversé l’économie des médias. Les revenus publicitaires, désormais captés majoritairement par les plateformes et leurs intermédiaires technologiques, ne profitent plus directement aux médias producteurs de contenus.
Résultat : moins de moyens pour produire une information de qualité, alors même que le besoin d’un journalisme fiable et pluraliste n’a jamais été aussi fort.
Les États généraux de l’information, organisés en 2023-2024, ont ouvert un vaste débat sur ces enjeux, afin de dégager des solutions au niveau national, européen et international. Le rapport final propose notamment de renforcer les modèles économiques des médias, d’améliorer la transparence des plateformes, et de soutenir les nouveaux formats de presse numérique.
Parallèlement, le ministère de la Culture a consolidé ses dispositifs : 175,2 M€ d’aides directes à la presse écrite en 2024, dont 23,4 M€ pour le pluralisme ; élargissement aux services de presse tout en ligne ; soutien aux marchands de presse via une aide à la modernisation ; renfort des réseaux de portage pour la presse papier....
Ces mesures visent à réguler le marché afin d’assurer une concurrence plus équitable entre médias et plateformes, et à accompagner l’ensemble des acteurs pour que l’information demeure libre, indépendante et de qualité.
Agir collectivement pour une citoyenneté éclairée
Garantir la liberté d’expression et la qualité de l’information suppose une mobilisation de tous les acteurs :
- les pouvoirs publics, pour encadrer les plateformes et soutenir le pluralisme ;
- les médias, pour maintenir des pratiques professionnelles exigeantes ;
- les acteurs culturels et éducatifs, pour développer l’éducation aux médias et à l’image ;
- les citoyens, pour exercer leur esprit critique.
Le ministère de la Culture soutient activement :
- le développement de programmes d’éducation aux médias et à l’information,
- la création de contenus journalistiques de qualité,
- la constitution de réseaux de partenaires fondés sur l’expertise et la déontologie.
Ces actions contribuent à un espace numérique plus démocratique, inclusif et respectueux des droits culturels.
Ada : développer l’esprit critique et l’éducation aux sciences avec l’IA
Ada est un programme incubé par l’Atelier Numérique du ministère de la Culture. Il met à disposition des enseignants le patrimoine scientifique et multimédia d’Universcience, enrichi par l’intelligence artificielle, pour réinventer l’enseignement des sciences tout en développant l’esprit critique des élèves.
Le programme permet :
- d’explorer des contenus multimédias de qualité, analysables et comparables, pour encourager la lecture critique des sources et des informations ;
- d’utiliser des outils interactifs et pédagogiques qui favorisent la réflexion sur la véracité des contenus et le rôle de l’IA ;
- de renforcer la littératie numérique et l’éducation aux médias et à l’image, en sensibilisant élèves et enseignants aux biais et limites des technologies numériques.
Actuellement testé par environ 200 enseignants, Ada a permis de créer plus de 300 cours enrichis, offrant aux élèves des expériences pédagogiques immersives et critiques. La plateforme est gratuite et accessible via les environnements numériques de travail, contribuant ainsi à démocratiser l’accès à l’éducation scientifique et médiatique sur tout le territoire.
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