Un rare témoignage de la Grande Guerre en situation de montagne
L’ambulance alpine 2/75, également nommée ambulance alpine 306, constitue un rare témoignage de la Grande Guerre en situation de montagne ; cela d’autant plus que l’année 1915 voit se réorganiser le système du Service de Santé des armées pour une meilleure prise en charge des soldats blessés. A ce titre, cette ambulance est citée comme exemplaire. Sur proposition de la Commission régionale du patrimoine et de l'architecture du Grand Est (CRPA) et par arrêté de la Préfète de région, du 1er juin 2023, l'ambulance rejoint la liste des édifices protégés au titre des monuments historiques.
Stosswihr (Haut-Rhin)
Ambulance alpine 2/75 ou 306 du Gaschney
Architecte : Médecin-chef Louis Isidore Nurdin
Dates de construction : 1915-1918
Propriétaire : Commune de Munster
Inscription au titre des monuments historiques le 1er juin 2023
Historique
Début 1915, les combats font rage sur le massif du Reichackerkopf ; les positions allemandes et françaises se focalisent pendant de nombreux mois sur ces hauteurs. Ainsi, implantée dans le Camp Nicolas, l’un des plus importants camps français à l’arrière du front, une ambulance alpine – soit une structure provisoire en dur – est bâtie à flanc de colline, à la station de montagne dite du Gaschney.
Cette ambulance est construite en 1915, d’après les plans conservés aux Archives du Val de Grâce. Vraisemblablement, dès 1914, existent des abris – ou cagnas – en rondins.
L’ambulance alpine 2/75 (du 2e bataillon 75) fait partie des huit ambulances alpines du front des Vosges établies côté français. Six sont fixées en Alsace : à Mittlach, au Lac Noir, au Spitzenfels, dans le secteur de Soultzeren, dans le secteur du Hartmannswillerkopf, au Wettstein et enfin au Gaschney. Deux autres sont installées dans les Vosges, à Plainfaing et à Rudlin.
Description
L’entrée se fait sur le côté droit du chemin forestier, plusieurs dizaines de mètres après le cimetière militaire Germania.
Tout en blocs de pierre de granit posés avec un joint croisé, une dizaine de salles d’opérations et de salles de soin semi-souterraines sont élevées sur un chemin à flanc de colline. On peut distinguer une première chambre semi-enterrée, puis une succession de salles ou de chambres similaires. Granit, maçonnerie, brique et métal : les matériaux utilisés se retrouvent sur près de 45 mètres.
Ce sont ainsi dix salles de soin et d’opérations semi-souterraines et de petites dimensions qui ont été bâties sur le versant nord de la colline. Une simple barrière de bois, comme garde-fou, empêche leur entrée pour neuf d’entre elles. La 10e, l’une des salles les mieux conservées en extérieur tout au moins, est fermée par une grille pour des raisons de sécurité, en raison des éboulements fréquents. Une souche de cheminée est présente sur le toit, désormais végétalisé.
Mis à part leur état de conservation, les intérieurs des diverses chambres sont similaires : une seule pièce couverte d’une tôle ondulée, type « tôle métro », avec un sol de terre battue – un plancher de bois existait à l’origine, comme le montrent les témoignages photographiques. Le fond est un mur de moellons ou de briques, selon.
Un plan très précis conservé aux Archives du Val de Grâce présente 55 espaces d’une ambulance alpine efficiente, faite pour accueillir un grand nombre de blessés ; ce plan-type est calqué sur les organisations des ambulances alpines, quel que soit le terrain, que la thèse d’un médecin des armées en 1918, Henri Cambessédès, met parfaitement en exergue dans ses écrits. L’ambulance alpine du Gaschney a vraisemblablement été construite sur ce modèle.
Un fonds photographique conservé aux archives municipales de Saumur (Fonds Marcel Chatenay) atteste les installations et les occupations des soldats du Camp Nicolas, situé un peu plus haut, et de l’ambulance 2/75 en tant que telle, avec ses usagers, blessés, personnel de santé ou soldats y travaillant.
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