Un chantier hors norme
Depuis quelques semaines, un échafaudage de plus de 500 tonnes, de 15 mètres de hauteur sur une longueur de 75 mètres, encercle le Grand cloître de l'abbaye de Clairvaux, couvert d'un immense parapluie sur la totalité et de bâches décoratives sur les côtés sud et ouest.
Sous cette cage de fer, sera menée la restauration de la couverture et de la charpente du Grand cloître. D'une durée estimée de trois ans, prévue en deux phases (ailes Sud et Ouest puis ailes Est et Nord), ce chantier va redonner tout son lustre à l'édifice, témoignage majestueux de l’architecture monastique du XVIIIe siècle, qui se caractérise par son homogénéité et la sobriété de son décor.
Les débuts du chantier en vidéo
Ouverture du chantier au public
La DRAC Grand Est a souhaité rendre le chantier accessible au public, en assurant la sécurité grâce à un escalier indépendant, normes grand public, permettant de découvrir l'avancée des travaux, sur 4 travées et 5 niveaux. Les visites guidées, uniquement, sont confiées aux guides de l'association Renaissance de l'abbaye de Clairvaux, préalablement formés par la DRAC Grand Est.
Visites guidées "spéciales chantier", du 1er juillet au 1er septembre 2024, tous les jeudis à 17h: sur réservation uniquement.
Pour rappel, s'agissant de l'avenir du Site de Clairvaux, l’Etat est en négociation depuis décembre 2023 avec les lauréats (Edis-Adim) de l’appel à manifestation d’intérêt pour la reconversion du site.
Le projet de restauration
La restauration vise à conserver les traces historiques de l’occupation religieuse et de l’occupation carcérale et à permettre une réutilisation du bâtiment. La première phase concerne les ailes Sud et Ouest du Grand Cloître, les ailes Nord et Est seront restaurées de la même manière, dans une seconde phase.
Une étude de diagnostic réalisée en 2019 a permis de repérer les pathologies dont souffrent l’édifice et de définir, d’après ce bilan sanitaire, un parti de restauration et les préconisations pour résoudre les problématiques observées. De nombreux ouvrages provisoires destinés à maintenir l’étanchéité des couvertures, la solidité des charpentes et l’intégrité des façades, réalisés dans le cadre de l’entretien ont permis de sauver le Grand cloître de la ruine, mais sans pouvoir pallier à tous les désordres et aux effets de la vétusté en l'absence d'une campagne de restauration d'ampleur.
Le programme des travaux comprend :
- la dépose complète de la couverture ;
- la réfection complète des couvertures ;
- la restauration et consolidation structurelles des charpentes ;
- la restauration des structures d’appuis (corniches et arases) ;
- les renforcements structurels (en superstructure et en infrastructure) y compris dans les galeries enterrées ;
- la cristallisation de l’état actuel des maçonneries de parement et des menuiseries existantes.
Montant des travaux
12 844 210,42 € TTC
Financement
Etat - Ministère de la Culture (DRAC Grand EST) : 100%
Maîtrise d’ouvrage
Direction régionale des affaires culturelles du Grand Est (DRAC Grand Est)
Maître d’œuvre
Michel TRUBERT, Architecte en chef des Monuments Historiques
Une quinzaine d'entreprises seront mobilisées au cours du chantier.
Economiste
Cabinet PILTE - PARIS
Bureau étude Structure
Equilibre Structures - PARIS
Installations générales de chantier
H. Chevalier - Suresnes
Curage-déplombage-désamiantage
Mandataire SARL D3 - VITTEL
Co-traitant : Amiante environnement
Ss-traitant : STDE
Echafaudages parapluie et protection
SOPROVISE - MARTIGUES
Maçonnerie-pierre de taille structures
Léon Noël - La Chapelle Saint Luc
Charpente
Mandataire : Cruard - SIMPLE
Co-traitant : Le Bras Frères
Couverture
Le Bras Frères - JARNY
Menuiserie
D. Baty - Charmont sous Barbuise
Co-traitant : Art et Technique du Bois
Coordonnateur SPS
SOCOTEC Construction - TROYES
Coordonnateur SSI
JLV Consultant - Saint Julien Les Villas
Vidéos - photographies
Séquence K - Bettembourg (Luxembourg)
Les couvertures
Les couvertures du Grand cloître sont mixtes avec un terrasson en petites tuiles plates et un brisis en ardoises. Ces toitures vétustes n’assurent plus leur rôle d’étanchéité.
Les charpentes
Les charpentes subissent les conséquences des infiltrations d’eau dues à la vétusté des couvertures.
Les Maçonneries
Les parements de l’ensemble du Grand Cloître ont été réalisés en pierre de taille, y compris les modifications du XIXe siècle lors de l’installation de la prison.
Les menuiseries
Côté extérieure du cloître, les menuiseries des baies sont principalement du XIXe siècle, adaptées aux besoins de la prison. Leur état est très altéré.
Côté intérieur du cloître, les baies basses sont proches de celles d'origine, modifiées lors de l'installation de la maison centrale. A l'étage, les menuiseries du XVIIIe siècle sont encore en place.
Une étude géotechnique
Le bureau d'étude AEGIS-GROUPE a réalisé un diagnostic géotechnique.
Le Grand Cloître présente des fondations larges, rigides et profondes, appuyés sur des remblais drainants, des méthodes de constructions adaptées à l'omniprésence de l'eau. Cette présence de l'eau et la nature argileuse des terrains et les défauts majeurs de fonctionnement des réseaux (pluvial notamment) constituent des causes et/ou des facteurs aggravants des désordres du Grand cloître.
De nombreuses galeries enterrées d'assainissement et de réseaux hydrauliques ont été identifiées, notamment sous l'aile ouest et le cloître. Elles présentent un ensablement général qui ne permet pas d'identifier leur bonne étanchéité.
Un peu d'histoire : le Grand cloître
Dernier chantier monumental de la période de Clairvaux-abbaye, la construction du Grand cloître débute à partir de 1750 (sans compter les travaux de remblaiements préalables) sous la direction d’Aubert, architecte. La quatrième aile sera achevée en 1767 et l’aile Sud prolongée en direction de l’Ouest par les cuisines et le réfectoire à partir de 1774. Les archives indique que le cloître n’était pas tout à fait achevé à la Révolution, lorsque les moines sont expulsés.
Les observations sur site permettent d’établir que l’abbaye médiévale qui existait précédemment à l’emplacement du Grand cloître a été démolie à l’avancement des travaux, certaines portions de murs ont été intégrées à la nouvelle construction, notamment pour l’aile Ouest.
Le cloitre du XVIIIe siècle rassemble, comme il était d’usage dans une abbaye, chaque fonction de la vie monastique en un bâtiment vaste et complexe mais unique, formant un quadrilatère dont le côté méridional se prolonge vers l’Ouest par une aile qui en double la longueur.
Cédé à l'Etat Napoléonien en 1808, et devenue prison, l'abbaye va être profondément modifiée, avec notamment la disparition de l’abbatiale et la construction de nombreux murs de clôture. Le Grand Cloître accueille alors les cellules des détenus, les réfectoires et des ateliers. De nombreux travaux sont menés sur l’édifice afin d’optimiser les surfaces disponibles (modification des cloisonnements, création de nouveaux étages - entresolement - du niveau bas…) et d’adapter son architecture aux conditions d’incarcération (dimension des baies, accès aux étages, aménagement des combles…). Les derniers détenus ont quitté le bâtiment dans les années 1970 pour déménager dans les bâtiments nouvellement construits sur le site.
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