Les enquêtes nationales, par exemple "Pratiques culturelles des Français", montrent que les plus de soixante ans, contrairement à une idée reçue, sont de faibles utilisateurs des bibliothèques, et que cette désaffection ne fait que s'accentuer avec l'avancée en âge. Comprendre les ressorts de ce qui apparaît doublement paradoxal, puisque les seniors sont censés avoir du temps libre et que les personnes âgées d'aujourd'hui sont beaucoup plus actives culturellement que leurs aînées, est un travail difficile, mais nécessaire, afin que les bibliothèques puissent offrir des services autour de la lecture attractifs à tout âge et capables de prévenir aussi bien le décrochage précoce avec la bibliothèque au moment de la retraite que la déprise liée au grand âge.
Pour les publics âgés empêchés, les bibliothèques publiques se sont investies avec énergie dans des services hors les murs tels que le portage à domicile ou la desserte des établissements d'hébergement et des maisons de retraite. Ce mouvement doit aujourd'hui être relayé, encadré et soutenu car, si l'offre se développe, les initiatives sont le plus souvent isolées. Or, le partenariat est une des clés de la réussite, que ce soit avec les organismes sociaux ou de santé, les associations, les autres acteurs culturels. Des expériences pilotes peuvent être encouragées et accompagnées.
Les enjeux sont de taille. Dans une génération, les plus de soixante ans représenteront 30 % de la population et plus d'un million de Français seront en situation de dépendance. Il est temps de penser aussi aux formes nouvelles que devra prendre l'offre de lecture hors les murs pour les personnes âgées dans les deux décennies à venir : cette offre devra inclure livre numérique, outils nomades et accès à distance, car les techniques étrangères à la plupart des plus de 70 ans aujourd'hui, seront familières – et indispensables – aux retraités des générations suivantes.
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