Le MISE bénéficie de l’appellation "Musée de France" depuis 2002. Cette appellation reconnaît la valeur historique ou artistique de la collection "dont la conservation et la présentation revêtent un intérêt public, organisée en vue de la connaissance, de l’éducation et du plaisir du public." Dans ce cadre, elle ouvre notamment droit à un accompagnement scientifique et financier de la part de l’État mais elle soumet également le musée au respect des dispositions du code du patrimoine et au contrôle scientifique et technique (CST) de la Direction régionale des Affaires culturelles (DRAC), service déconcentré de l’État.
Un suivi dès 2018
Différentes alertes ayant été émises sur les collections du musée, reconnues dans le monde entier, et liées de manière forte à l’histoire des Mulhousiens, la DRAC a sollicité l’appui de l’Inspection de la direction générale des patrimoines du ministère de la culture pour évaluer la situation du musée et de ses collections. Les différentes missions ont fait état de la dégradation continue de la conservation des biens culturels et alertent sur leur situation de péril.
L’État s’est fortement mobilisé via l’intervention de référents dans toutes ses structures liées aux musées et ses services : au ministère de la Culture, la sous-direction des collections, l’inspection, le services des Musées de France, la mission sûreté et accessibilité et la DRAC Grand Est ; un architecte-conseil et le C2RMF (Centre de Restauration et de Recherche des Musées de France).
« Lorsque l’intégrité d’un bien appartenant à la collection d’un Musée de France est gravement compromise par l’inexécution ou la mauvaise exécution de travaux de conservation ou d’entretien, l’autorité administrative peut mettre en demeure le propriétaire de la collection de prendre toute disposition nécessaire ou de procéder aux travaux conformes aux prescriptions qu’elle détermine » l’article L.452-2 du Code du Patrimoine
Avec le soutien du Haut Conseil des musées de France et en application de l’article L.452-2 du Code du Patrimoine, la DRAC Grand-Est a mis en demeure la présidence du MISE de prendre les mesures nécessaires pour remédier aux périls encourus par les collections et se conformer aux obligations d’un Musée de France en juillet 2019.
En novembre 2019, la DRAC a informé le MISE de sa décision de procéder aux travaux d’office sur les collections les plus dégradées (celles du Service d’Utilisation des Documents (SUD). Suivant la procédure dédiée, l’État devient alors maître d’ouvrage des réalisations, avance les crédits nécessaires et participe à hauteur de 50 % au coût des travaux.
Le MISE a également bénéficié du soutien de l’ensemble des partenaires institutionnels (Région, CEA, M2A et ville de Mulhouse) qui ont mis à profit leurs moyens humains (mise à disposition de personnels) et financiers (subventions exceptionnelles). La base de données, cruciale pour le projet, a en particulier été achetée en partenariat avec la M2A.
L’accompagnement du musée de l’Impression sur étoffes (MISE) de Mulhouse
Dans le cadre de la mise en demeure de faire réaliser des travaux conservatoires, plusieurs actions sont menées afin de régulariser la gestion des collections du MISE :
- Aide à l’établissement par l’architecte du Service des Musées de France d’un cahier des charges en vue d’un diagnostic structurel complet du bâtiment ;
- Accompagnement par le capitaine de police détaché à la Mission Sûreté, Sécurité et Accessibilité de la Direction générale des Patrimoines ;
- Organisation par la DRAC et le C2RMF d’ateliers sur le Plan de sauvegarde des biens culturels (PSBC) ;
- Suivi et assistance des référents du SMF et de la CSRR (commission scientifique régionale de restauration) pour l’analyse des offres des groupements candidats au chantier externalisé des collections ;
- Poursuite de la politique documentaire du MISE complétée par une formation sur PSC déléguée, assurée par la DRAC ;
- Financement par la DRAC du poste de l'attachée de conservation, responsable scientifique du musée ;
- Participation aux différents webinaires de la DRAC sur l’informatisation des collections ;
- Poursuite des échanges de la DRAC avec les partenaires institutionnels du musée (Région, CEA, M2A et ville de Mulhouse) afin de définir les moyens financiers et de gouvernance nécessaires à la renaissance de l’établissement.
La chaîne de numérisation
Un chantier de collections, c'est quoi ?
Un chantier des collections implique l’inventaire de l’ensemble des collections et leur récolement, des obligations légales pour tout "Musée de France", avec des aller-retour constants avec les sources et la documentation du musée.
Il intègre également un constat d’état des biens afin de préparer le plan pluriannuel des opérations de conservation préventives et curatives (PRD). Une campagne de numérisation vient compléter la démarche. Toutes ces opérations permettent une connaissance exhaustive des fonds, et ainsi leur mise en sûreté des fonds comme leur meilleure conservation.
Il est également un outil de valorisation et de diffusion. Il est soutenu par l’achat d’une base de données qui assure l’informatisation de l’ensemble des informations connues sur les œuvres.
Et pour le MISE ?
Grâce aux connaissances qu’il apportera, le chantier alimente le dépôt de plainte et plus largement la procédure juridique de reconnaissance des préjudices subis par le MISE.
Pour le moment, seules les collections du Service d’Utilisation des Documents (SUD) sont concernées par le chantier des collections. Cet ensemble représente une petite partie de la collection totale, soit environ 8 500 items sur plus de 100 000 objets et lots d’objets estimés, composée des livres d’échantillons et les Arts graphiques.
La mise en demeure précise les actions prioritaires à mettre en œuvre afin d’assurer la connaissance exhaustive des collections du SUD. Pour ce faire, chaque objet doit bénéficier : d’un inventaire réglementaire, d’un récolement décennal, d’une campagne photographique HD, d’un marquage et d’un reconditionnement adapté.
En parallèle du traitement informatisé des collections, leur numérisation HD permettra d’assurer la diffusion et la commercialisation des motifs, sources de visibilité et de recettes pour le musée.
Fort des progrès méthodologiques engagés depuis 2020, le MISE a pu assurer avec efficacité l’accueil des prestataires sélectionnés (6 restauratrices et 14 techniciennes de conservation) qui se sont relayés durant 4 mois pour assurer le traitement puis la numérisation de 663 livres d’échantillons et 3 964 œuvres graphiques.
Les livres d'échantillons
Un livre d’échantillon réunit des fragments de textile (impression) et/ou de papier (empreinte ou dessin) représentatifs d’un motif. Ces échantillons sont organisés par dates de création ou par manufactures afin d’illustrer la cohérence d’une production. Les livres d’échantillons regroupent deux ensembles : le fonds constitutif et le fonds Texunion.
Le fonds constitutif a été donné par la Société Industrielle de Mulhouse (SIM) en 1954, lors de la création du musée de l’Impression sur étoffes. Progressivement, il s’est enrichi d’autres dons ou achats de livres d’échantillons. Il se compose aujourd’hui de 297 livres sur 1635 en 1991.
Le fonds Texunion est entré dans les collections du musée en 2001. Il a été acheté conjointement par l’État et la Région, via le FRAM et par les collectivités puis donné au MISE. Il se compose aujourd’hui de 223 livres d’échantillons à traiter sur 3600 à l’origine.
Il se divise en deux catégories très homogènes : un premier groupe de livres datant de la première moitié du XXe siècle et un second de facture plus récente.
Livres d'échantillons
Le défi du traitement des Arts graphiques
Cette typologie regroupe une partie des productions sur papier issue de l’industrie textile. Elle comprend une grande variété de techniques allant du dessin graphite à la gouache et un important panel de supports papier allant du carton au calque. Elle réunit des ensembles issus d’archives de dessinateurs, des productions attachées à une manufactures en particulier ou encore des réalisations anonymes qui ont, par la suite, bénéficié d’une mise en gravure et qui ont pu être imprimées sur tissu.
Les Arts graphiques présentent l’intérêt de pouvoir suivre tout le cycle de création puis de production d’un motif qui devient textile. Pour certains modèles, le MISE dispose de toutes ces étapes, illustrant ainsi tous les corps de métiers qui se relaient sur une même étoffe.
Deux sous-catégories composent cette collection. Une première, relativement hétérogène qui correspond à toutes les acquisitions (achats, dons, legs) de dessins, maquettes et calques réalisé en lien avec la production textile mulhousienne.
Ce fonds compte 3 964 items, il se compose de dessins, empreintes, calques et feuilles de livres détachées. En amont du chantier, l’équipe de Conservation a travaillé à lui redonner sa cohérence, en recomposant des ensembles autour d’un dessinateur, d’une manufacture.
La seconde comprend 1 636 pages d’échantillons papier démontés puis reconditionnés dans des dossiers suspendus.
L'ensemble Arts graphiques regroupe des archives issues de dessinateurs qui, à la fin de leur carrière, ont souhaité laisser une trace de leur travail. Ces fonds témoignent de la créativité des dessinateurs mulhousiens et de leurs multiples sources d’inspirations.
Extrait des collections sur tissus
Les expertes intervenantes sur le chantier
Judith Gauvin, mandataire du groupement – conservatrice-restauratrice spécialité Textile
Formée à la conservation-restauration des textiles à l’Université Paris 1 – La Sorbonne, Judith Gauvin développe sa pratique de la conservation des œuvres textiles depuis 2004.
En 2019-2020, elle participe à un vaste chantier des collections sur les œuvres textiles du musée alsacien, du musée historique et du musée des arts décoratifs de la ville de Strasbourg, avant déménagement dans les nouvelles réserves mutualisées.
Judith Gauvin intervient régulièrement sur les collections du MISE, pour la conservation-restauration d’œuvres exposées au musée ou prêtées, ou pour des conseils en conservation.
Agnès Vallet – conservatrice-restauratrice spécialité Arts Graphiques
Agnès VALLET est diplômée du Master professionnel de Conservation-Restauration des Biens Culturels de Paris I Panthéon-Sorbonne dans la spécialité Arts Graphiques depuis 2003.
Elle a à son actif plusieurs bilans sanitaires et chantiers des collections et gère actuellement l’étude du chantier des collections du Musée du Papier Peint de Rixheim, en collaboration avec Françoise AUGER-FEIGE, préventiste.
Élisabeth Dandel – responsable de la saisie informatisée
Créatrice et gérante de Art2 Conseil, agence de valorisation des patrimoines culturels accompagnant l’organisation du récolement des collections. Elle assure depuis 17 ans des missions de valorisation des patrimoines : recensement, récolement, étude, inventaire, diagnostic.
Corinne Touller - coordinatrice de la numérisation (société Arkhénûm)
Titulaire d’un DEA d’histoire archéologie, et d’un DUT informatique communication, elle intègre Arkhênum en 2005, en tant que chef de projet.
Corinne a notamment mis en place et coordonné durant 10 ans l’important projet réalisé pour HTH (Holding Textile Hermès) pour la numérisation et l’indexation de son fonds patrimonial textile et graphique.
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