Les 15 ABF du Grand Est
Nommés par le ministre chargé de la Culture, les Architectes des bâtiments de France (ABF) sont des architectes, spécialisés dans le domaine du patrimoine et de la conservation architecturale. Après le concours d''Architecte et Urbaniste de l'Etat (AUE), ils suivent encore une formation spécifique d'un an avant de prendre leur poste.
Au sein de la DRAC Grand Est, les ABF interviennent dans les 10 Unités départementales de l'architecture et du patrimoine (UDAP), une dans chaque département de la région. Ces services de 5 à 12 personnes sont composés d'ingénieurs du patrimoine, de techniciens des bâtiments de France et d'adjoints administratifs, soit au total 78 agents à la DRAC Grand Est.
Les missions des ABF
En veillant au respect du patrimoine, des paysages, de la qualité des constructions et de la création architecturale, les ABF jouent un rôle important sur le territoire. Ils sont, au quotidien, les interlocuteurs des élus et des services chargés de l’urbanisme, des particuliers qui prévoient des travaux sur un bâtiment situé dans un secteur protégé et des professionnels du bâtiment, des architectes et des acteurs publics locaux.
Avec leurs équipes, les ABF œuvrent pour que les travaux de réhabilitation et les constructions neuves s’inscrivent en cohérence avec leur environnement, tout en offrant confort et qualité de vie conformes aux attentes contemporaines.
Dialogue et conseils : accompagner les propriétaires
Les projets soumis aux ABF sont rarement refusés. La décision se prend dans le dialogue. C'est pourquoi il est conseillé de préparer son projet en amont.
Le projet peut faire l’objet de conseils, avant le dépôt du dossier, dans les UDAP, sur le terrain ou lors de permanences des UDAP en mairies.
Quelques exemples de projets réussis, grâce à un dialogue constructif
Les architectes accompagnent les projets qui leur sont soumis à chaque étape. L’enjeu est de permettre le développement de nouvelles activités, d'améliorer la qualité architecturale, tout en assurant la conservation de certains éléments architecturaux et la préservation du patrimoine.
À Charleville-Mézières (Ardennes), l'accompagnement de l'ABF sur la réalisation, en cours, de logements dans l'ancien Hôtel Dieu, dont l'architecture a été très modifiée au cours du temps, permet d'enrichir le projet, pour une intégration réussie dans un Site patrimonial remarquable.
À Langres (Haute-Marne), les échanges, dès l'avant-projet ont permis, dans des délais très contraints, la transformation d'un bâtiment militaire prestigieux, l’ancien Mess des officiers, en un hôtel-restaurant.
À Ligny-en-Barrois (Meuse), les échanges en avant-projet et pendant les travaux, avec le propriétaire d'une maison, dont le rez-de-chaussée avait été transformé en commerce, ont permis de rendre son unité à l'immeuble et de participer à la remise en valeur de la rue.
À Metz (Moselle), sur un projet de construction contemporaine en centre ancien, il s'agissait, pour l'ABF, de renforcer l’intégration du projet dans son environnement.
À Ernolsheim-Bruche (Bas-Rhin) l'ABF a cherché à faciliter la restauration d'une maison de journalier agricole alsacienne, un projet qui a su mobiliser toutes les ressources humaines locales...
En savoir plus
Travaux en cours
Soumis aux règles du Plan de sauvegarde et de mise en valeur de Charleville-Mézières (PSMV), ce projet concerne la réalisation de logements collectifs dans l’ancien l’Hôtel-Dieu de Saint-Louis, édifié à la fin du XIXe siècle.
Organisé autour d’un cloître, l’édifice présente un corps central accueillant une chapelle et trois ailes en retour. Non protégé au titre des monuments historiques, il a été transformé aux fils des siècles, pour s’adapter aux besoins de fonctionnement, il a notamment accueilli un hôpital jusque dans les années 2000. L’édifice a été fortement dénaturé au fil du temps, avec, par exemple, l’ajout d’une galerie couverte en structure légère apposée au-dessus du péristyle. Les colonnes doriques qui le supportent sont quant à elles masquées par un placage en briquettes. L’apothicairerie, ses lambris et ses pots ont été démontés et sont visibles au musée de l’Ardennes.
Le projet prévoit de retrouver les dispositions d’origine de cet élément majeur du patrimoine local, avec la dépose de la galerie couverte, le dégagement des colonnes et la reprise intégrale de la toiture en ardoises naturelles. Les recherches historiques ont permis d’enrichir le projet afin de révéler l’état d’origine de l’édifice dans le traitement paysager. Le projet d’ajout de logements neufs, sur l’est de la parcelle, anciennement occupée par le cimetière de l’hôtel Dieu, a reçu un avis négatif de l’ABF, après des échanges, c’est sur finalement cette partie que va être créée une zone de stationnement arborée.
Les vitraux de la chapelle, intacts, seront exposés et mis en valeur dans une salle commune dédiée dans l’édifice, tandis que le cloître sera ouvert au public durant le festival mondial des théâtres de marionnettes et accueillera des représentations.
Projet déposé fin 2023, achevé en septembre 2024
Ce projet, accompagné par l'ancien chef étoilé du lac d'Annecy, Laurent Petit qui souhaitait faire bénéficier de son expérience un jeune chef talentueux et sa compagne concerne l’aménagement, en hôtel restaurant haut de gamme, d’un bâtiment militaire prestigieux, l’ancien Mess des officiers, situé à l’entrée de Langres, sur une terrasse dominant le paysage Langrois.
Dans le respect des règles du secteur sauvegardé, il s’agissait de concilier la conservation des éléments patrimoniaux majeurs avec la création d’une extension et d’un jardin contemporain, dans un délai contraint en 9 mois. Compte tenu des délais et d’un contexte administratif exigeant (PSMV), les contacts ont été pris avec l’ABF, avant l’achat du bien, au stade de la faisabilité. Le projet est lancé fin 2023 et fera l’objet de points réguliers pour aboutir, grâce aux échanges réguliers, à un résultat architectural exemplaire, en entrée de ville, réalisé par l'architecte Florian Buchart.
Réalisation 2022/2023
La rue de Strasbourg, artère centrale de la commune de Ligny-en-Barrois, est constituée d’un alignement d’immeubles de ville, bordé d’arbres de part et d’autre de la rue.
La plupart des immeubles, en pierre de taille, présente un même modèle composé d’un rez-de-chaussée, d’un premier étage et d’un étage d’attique (dernier étage plus étroit que l'étage inférieur). Certains de ces immeubles ont été modifiés au cours du XXe siècle afin d’intégrer un commerce au rez-de-chaussée.
À l’occasion de l’achat de l’immeuble, le nouveau propriétaire a souhaité supprimer la cellule commerciale, inutilisée depuis de nombreuses années. Considérant la qualité plus que médiocre de la devanture, l’ABF a émis avis favorable sur le principe. Un travail d’échange avec le propriétaire, en avant-projet mais également en cours de chantier, s'est engagé. Il s’agissait de restituer un rez-de-chaussée dont la répartition des ouvertures, leur proportion, leurs dessins et leurs matériaux restent en cohérence avec les modèles d'immeubles de ville de la rue. Une opération qualitative qui concourt à la remise en valeur de la rue de Strasbourg.
Permis de construire instruit en 2024 - Travaux à venir
C’est la pierre de Jaumont et les enduits au sable de Moselle, utilisés depuis l’Antiquité qui donnent une tonalité ocre-beige caractéristique à la ville de Metz. Le boulevard Maginot longe le faubourg d’Outre-Seille qui offre un front urbain constitué d’immeubles recomposés aux XVIIIe et XIXe siècles, avec leurs façades régulières rythmées par les travées de baies.
Quelques dents creuses, reliquats d’anciens jardins ou d’emplacements d’anciennes dépendances subsistent, laissant parfois la possibilité de nouvelles constructions. C’est dans l'un de ces espaces que ce projet est élaboré, suivant les règles du règlement du Site patrimonial remarquable (volumétrie, hauteur…), tout en adoptant une écriture contemporaine.
La première version du projet, avant la prise de contact avec l’ABF, prévoyait des baies de tailles différentes, non alignées verticalement, et une façade habillée avec une vêture en zinc gris anthracite. Après des échanges entre l'ABF et l’architecte maitre d’œuvre, les enjeux d’insertion urbaine ont pu être partagés afin de renforcer l’intégration de ce projet dans la continuité du front bâti ancien environnant, sans renier l’aspect contemporain du projet : une composition de façade plus régulière, des volets en métal perforé de teinte « champagne » et une façade habillée de plaques de pierre locale (pierre de Jaumont) avec une pose contemporaine.
Inauguration en juin 2022
Le carreau de mine Wendel, en activité de 1854 à 1991, constitue l’un des principaux sites de la mémoire industrielle du bassin houiller en Moselle. Plusieurs bâtiments de ce site sont protégés au titre des monuments historiques. La création du restaurant « L’atelier 1904 » complète l’offre touristique du site « Explor Wendel », dont l’élément majeur est le musée « Les mineurs Wendel ».
L’atelier « 1904 » est l’un des plus anciens bâtiments du carreau de mine. Il est représentatif d’un bâti industriel traditionnel constitué de maçonneries en grès et d’une charpente métallique.
Les échanges d’avant-projet entre l'ABF et les architectes ont porté sur l’association d’ajouts contemporains (verrière sur le pignon Est, dispositifs singuliers d’éclairage zénithal), à la restitution d’éléments patrimoniaux caractéristiques de l’architecture industrielle en Lorraine-Est : encadrement des baies en grès, volume de la toiture, châssis de fenêtre en acier. Les menuiseries ont fait l’objet de la production de prototypes adaptés à l’édifice, validés conjointement sur le chantier.
Projet débuté en 2024 (en cours)
Située en abords du Château d’Urendorf, édifice protégé au titre des monuments historiques, cette maison alsacienne (datée de 1530) et la grange qui l’accompagne (datée de 1792-1793) étaient en très mauvais état.
Le défi de la restauration était particulièrement important puisqu’il a été nécessaire de démonter intégralement la maison et de remettre à neuf de ses fondations et soubassements.
Les propriétaires ont su mobiliser les ressources et compétences nécessaires à la réussite du projet, avec le soutien de la commune, de l’association pour la sauvegarde de la maison alsacienne et de nombreuses entreprises spécialisées.
Le projet a été confié à un architecte du patrimoine, qui a pu échanger en amont avec l’ABF pour valider les orientations retenues. Dans un esprit de conservation quasi identique à l’aspect d’origine de la maison et de la grange sur leurs parties visibles, la réhabilitation a été réalisée en utilisant des techniques et matériaux traditionnels et de réemploi : remplissage en torchis, isolation en chaux-chanvre, enduit à la chaux, tuiles bieberschwanz récupérées, ainsi que menuiseries en bois, neuves et de récupération.
Le communiqué de presse Architectes des bâtiments de France en Grand Est
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