7.Trévol (Allier) : château d’Avrilly et de son domaine
La conservation du château d'Avrilly et de son domaine présente au point de vue de l'histoire et de l'art un intérêt public, en raison du caractère remarquable de l'ensemble formé par le logis, les dépendances, et le parc réaménagé au début du 20e siècle par le paysagiste Achille Duchêne.
- 15e, 17e, 19 et 20e siècles -
inscription au titre des monuments historiques : le 26 avril 2021des parties bâties et non bâties du domaine du château d’Avrilly, délimité par son mur d’enceinte, y compris celui-ci, avec ses grilles et pavillons d'entrée.
© J.RAFLIN DRAC Auvergne-Rhône-Alpes
Situé au Nord de Moulins, le château d’Avrilly constitue un des plus vastes domaines du Bourbonnais, comprenant un parc clos de grilles et de murs, percés au levant et au couchant par des portails accostés de pavillons.
En 1436, les bases du château actuel sont édifiées par Guillot Constans, trésorier du Bourbonnais, qui fut autorisé à édifier un château, maison forte et basse-cour entourée de fossés à toutes sortes de fortifications. Les élévations NE, la tour d’entrée Nord avec l’ancien pont-levis, les douves et plusieurs salles intérieures correspondent à cette campagne du 15ème siècle, où le château comportait échauguettes, bretèche, mâchicoulis, meurtrières et cour intérieure.
En 1629, François Garnier, trésorier de France à Moulins, s’adjuge Avrilly. On lui doit la construction du pavillon-porche en brique et pierre qui permettait d’accéder à l’avant-cour du château par deux ponts de pierre. Garnier fit aussi mettre les décors intérieurs du château au goût du jour, en faisant notamment réaliser des peintures murales dont il subsiste quelques traces.
En 1792, le domaine d’Avrilly se compose d’un château entouré de douves, occupant le centre d’un vaste domaine, qui, outre le pavillon-porche, comprend des jardins, une orangerie (de plan en U et entourée de douves, il n’en subsiste qu’une partie), des communs (au plan en L, aujourd’hui disparus), des terres et des étangs.
Au 19e siècle le domaine passe aux de Tournon auxquels succéderont par alliance les de Chabannes. Trois grandes campagnes de constructions vont alors s’enchaîner, qui donnèrent au domaine son aspect actuel.Entre 1873 et 1875, le château fait l’objet d’une première extension, conduite par l’architecte Jean-Bélisaire Moreau et son fils René. Deux tours en brique et pierre de style néo-gothique sont construites : la tour N-O et la tour S-O, appelée ultérieurement tour du belvédère. Cette dernière est destinée à accueillir un escalier d’honneur, que Moreau construit en bois. Une partie des douves sont comblées, afin de créer un terre-plein Ouest au pied des façades du château. La façade classique du corps central reste inchangée.
En 1901 l’architecte Maugue présente plusieurs projets d’aménagement des grilles et des pavillons d’entrée. Les travaux sont réalisés entre 1908 et 1913. Les pavillons Est de plan carré adoptent une architecture en brique et pierre néo-Louis XIII rappelant le pavillon-porche. Les pavillons Ouest, précédés de douves, adoptent un plan polygonal et une originale toiture à l’impériale.
En 1903, le réaménagement du parc et des pièces d’eau est confié au célèbre paysagiste Achille Duchêne. Le tracé des douves est modifié, des canaux créés, ainsi que des pièces d’eau et un canal. L’orangerie est en partie détruite, un nouveau pont d’accès construit au sud du pavillon-porche. Un mur de clôture est édifié autour du domaine. Un grand parterre ordonnancé à la française est tracé en face de la façade Ouest du château.
En 1905, Maugue se voit confier la restructuration de la tour du belvédère construite par Moreau, ainsi que la petite tour attenante. Il rhabille les façades et surélève les parties hautes en créant une vertigineuse toiture surmontée d’un belvédère.
De 1909 à 1913, Maugue construit d’immenses communs appelés régie, ainsi qu’un chenil. Ces communs sont non seulement exceptionnels par leur taille, mais aussi par leur architecture en brique et pierre. La face Sud est ornée d’un étonnant faux portail à fronton interrompu.
En 1925, le comte de Chabannes commande à l’architecte Mitton et ses fils la quasi réédification du corps central qui n’avait pas encore été touché par les travaux d’embellissement ; transformation de la façade en style gothique tardif, avec exhaussement de la toiture correspondante et réaménagements et décoration des intérieurs.
Aujourd’hui, le château présente une silhouette unique, qu’il doit à la superposition des campagnes de constructions qui s’imbriquent les unes dans les autres. Autour de son corps central, six tours de formes et de tailles différentes s’articulent, couronnées de mâchicoulis, d’échauguette, de lucarnes, de toits pentus, de lanternons et de hautes cheminées. Ses faces Est et Nord affichent une image encore médiévale. Ses faces Ouest et Sud, reconstruites en brique et pierre dans des styles moyenâgeux tardifs et néo-Louis XII, sont conformes aux modèles à la mode dans le Bourbonnais du 19e siècle.
L’intérieur conserve quelques vestiges du château primitif (corridor voûté d’ogives au droit de l’entrée qui était située face au pont-levis, dallages, salles basses voûtées d’ogives, culots sculptés), des traces peintures du 17e siècle, mais surtout des décors correspondant aux aménagements des 19e et 20e siècles. L’élément le plus remarquable en est l’escalier monumental en pierre créé par Maugue. De nombreuses pièces (salons, bibliothèque, salle-à-manger, chambres) ont été aménagées tardivement dans l’esprit du 18e siècle (cheminées en marbre, boiseries, alcôves). Le décor le plus original est celui de la chambre revêtue de tentures japonaises encadrées de bambous.
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