Cette étude, conduite par le Service du livre et de la lecture de la DGMIC avec l’appui d’un groupe de travail issu du Comité de suivi de l’édition scientifique, s’est déroulée en deux temps :
- une pré-enquête conduite début 2018 par le ministère de la Culture (phase 1, 259 répondants) ;
- et une étude approfondie, confiée après appel d’offres à IDATE DigiWorld, en collaboration avec le cabinet Hexacom, conduite entre juin et octobre 2019 (phase 2, 167 répondants à l’enquête quantitative et 28 entretiens qualitatifs).
Conduite sur 5 domaines des sciences humaines et sociales (histoire, géographie, littératures, économie & gestion, environnement), l’étude dresse une cartographie robuste de la population des revues françaises de recherche dans ces domaines et propose une analyse détaillée des évolutions récentes de leurs conditions d’activité.
Elle confirme la grande diversité de ce secteur éditorial, qu’il s’agisse du type d’éditeur qui publie ces revues (public, privé, associatif, sociétés savantes) de leur mode de diffusion (papier, numérique, mixte) ou de tarification (accès intégralement payant, accès mixte, accès ouvert immédiat).
Pour nombre de revues, l’étude illustre la fragilité des équilibres économiques. Si la diffusion numérique accroît très sensiblement leur audience, elle ne compense pas la baisse régulière des abonnements institutionnels qui constituent la majeure partie de leurs recettes. Pour l'heure, aucun modèle économique alternatif soutenable ne s'est imposé.
Une partie substantielle des tâches liées à la publication d’une revue ne fait l’objet d’aucune rémunération spécifique : les auteurs ne perçoivent aucune rémunération pour leurs articles, pas plus que les experts participant à l’évaluation scientifique des articles, les membres du comité de rédaction ou encore, pour une revue sur deux, les personnes assurant le secrétariat de rédaction.
L’étude montre que les responsables de revues ont rarement une vue complète de coûts et des recettes liés à l’activité de leur revue. Parfois en raison d’un manque de fluidité dans la relation avec leur éditeur, parfois en raison de la prise en charge directe par les universités ou les laboratoires de recherche auxquels elles sont adossées de ressources humaines (secrétariat de rédaction) ou matérielles (locaux), qui apparaissent donc comme des coûts cachés.
On relève par ailleurs un manque de formalisme juridique certain, qu’il s’agisse des relations avec les auteurs (6 revues sur 10 déclarent ne jamais ou presque jamais signer de contrats avec les auteurs) – fonctionnement coutumier dont s’accommodent nombre de revues aussi bien que leurs auteurs – mais aussi parfois avec leurs éditeurs.
Enfin, les responsables de revues interrogés lors de la phase d’entretiens n’ont pas tous une vision précise de l’accès ouvert et de ses enjeux. Si la plupart d’entre eux mettent en avant l’intérêt, en tant que chercheurs, d’une diffusion gratuite et rapide des travaux de recherche scientifique, ils sont également nombreux à souligner les risques que ce mouvement d’ouverture des données pourrait avoir sur la pérennité des revues, qu’il s’agisse du retrait des éditeurs (du fait de la baisse des recettes) ou de celui d’une dépendance trop étroite vis-à-vis de l’institution de rattachement qui prendrait en charge les coûts de fonctionnement.
Ces diverses inquiétudes soulignent a contrario le rôle essentiel et unanimement reconnu des revues scientifiques et de l’évaluation par les pairs comme une intermédiation indispensable entre les producteurs et les utilisateurs de la recherche.
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