Les Métamorphoses d'Ovide : Livre 1
A travers les légendes traditionnelles grecques et romaines, Ovide raconte en quinze chants ou livres (représentant plus de douze mille vers), un ensemble de récits concis sur les métamorphoses des dieux, des déesses, de héros ou de simples mortels. Voici les récits du premier livre (Origine du monde. L'homme. Les quatre âges du monde. Les Géants. Lycaon. Le déluge. Deucalion et Pyrrha. Python. Daphné. Io, Argus, Syrinx et Pan) illustrés à travers les collections des musées de France en ligne sur Joconde.
Quatre récits ont inspiré les artistes.
- Daphné, nymphe, fille du fleuve Pénée, poursuivie par Apollon, et transformée en laurier (vers 452-567).
- Io, nymphe, fille du fleuve Inachus, métamorphosée en génisse (vers 568-747).
- Argus, gardien de la génisse Io, endormi par Mercure avec
- l'histoire de la nymphe Syrinx et Pan, qui permet à Mercure de tuer Argus (vers 670-747).
Daphné
"L'objet du premier amour de Phoebus [Apollon] fut Daphné, fille du fleuve Pénée ; cet amour ne naquit pas de l'aveugle hasard, mais de l'implacable colère de Cupidon.
... du carquois contenant ses flèches, il [Cupidon] tira deux traits, destinés à deux besognes tout opposées : l'un met en fuite, l'autre fait naître l'amour.
... une atteignit la nymphe fille du Péné ; mais du premier, il blessa Apollon, traversant ses os jusqu'aux moelles. Aussitôt, l'un aime ; l'autre fuit le nom d'amante ...
A bout de forces, elle [Daphné] a pâli et, succombant à la fatigue de cette fuite rapide, tournant les yeux vers les eaux du Pénée : "Secoures-moi, mon père, dit-elle, si vous, les fleuves, vous avez un pouvoir divin, et fais-moi perdre, en la transformant, cette apparence qui m'a valu de trop plaire !".
[Daphné se transforme en laurier]
... Alors le dieu : "Eh bien! puisque tu ne peux être mon épouse, tu seras du moins, dit-il, mon arbre. Toujours c'est de toi que ma chevelure, de toi que ma cithare, ô laurier, de toi que mon carquois s'orneront..."
Io
"L'Inachus [fleuve d'Argolide], seul, manque, et, caché au fond de son antre, grossit de ses larmes son flot ; il pleure, au comble de la misère, sa fille Io, qu'il considère comme perdue...
Comme elle [Io] revenait des bords du fleuve son père, Jupiter l'avait vu et : "O vierge digne de Jupiter, et qui feras le bonheur de celui - quel sera-t-il ? - que tu admettras à ta couche, viens goûter l'ombre des hautes forêts", ...
Elle fuyait en effet. Déjà elle avait laissé derrière elle les pâturages de Lerne et les champs plantés d'arbres de Lyrcéion, quand le dieu, recouvrant au loin la terre d'une épaisse nuée, l'obscurcit, arrêta la fuite de la nymphe, et lui ravit son honneur. Cependant, Junon, du ciel, jeta les yeux au milieu d'Argos ...
Jupiter avait deviné l'arrivée de son épouse et transformé la fille de l'Inachus en une génisse aux flancs luisants.
[Jupiter est obligé d'offrir la génisse à sa femme qui la confie à la garde du fils d'Arestor, Argus. Jupiter envoi Mercure tuer Argus].
Une fois la déesse Junon apaisée, Io reprend son apparence première, redevient ce qu'elle était."
Mercure et Argus ; Syrinx et Pan
[Junon confie Io, transformée en génisse à la garde du fils d'Arestor, Argus].
"Argus avait la tête ceinte de cent yeux ; aussi deux par deux, tour à tour, se livraient-ils au repos, pendant que tous les autres, vigilants, restaient en faction.
[Jupiter envoie Mercure tuer Argus.]
En un instant, celui-ci a attaché à ses pieds ses ailes, saisi dans sa main puissante la baguette qui dispense le sommeil et mis son couvre-chef. Ces dispositions prises, le fils de Jupiter, du haut du ciel paternel, bondit sur la terre ...
"Eh! toi, qui que tu sois, tu pourrais t'asseoir avec moi sur ce rocher" dit Argus ...
[Mercure, avec un pipeau essaye sans succès d'endormir Argus, aussi il raconte l'histoire de la nymphe Syrinx]
" ... il était une naïade, la plus connue de toutes ; les nymphes l'appelaient, Syrinx. Plus d'une fois elle avait déjoué les poursuites des satyres eux-mêmes et des dieux de toute sorte ...
Comme elle revenait des hauteurs du Lycée, Pan la voit, ..., il lui adresse ces paroles ... il restait à Mercure à rapporter ces paroles, à raconter la fuite de la nymphe, ... elle avait prié les nymphes des eaux, ses sœurs, de la métamorphoser ; et comment Pan, qui se croyait déjà maître de Syrinx ..., il n'avait plus tenu que des roseaux palustres ...". Et c'est ainsi que, grâce aux roseaux inégaux assemblés entre eux et retenus par de la cire, il avait conservé le nom de la jeune fille.
Comme il [Mercure] s'apprêtait à ce récit, il vit que tous les yeux d'Argus avaient succombé au sommeil, fermant les paupières... Sans plus attendre, de son glaive recourbé, il frappe la tête inclinée d'Argus ...
La fille de Saturne [Junon] recueille les yeux et les place sur les plumes de son oiseau [le paon], dont elle couvre la queue d'une constellation de pierreries."
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