Organisé par la Direction régionale des affaires culturelles Centre-Val de Loire en partenariat avec le service des musées de France (SMF), le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), l’Institut national d’histoire de l’art (INHA) et les musées participants, cette journée d’étude a permis à 36 professionnels un partage d’expériences entre les 65 musées de France en région, les musées normands, en Nouvelle-Aquitaine, etc...

Fermés pour cause de pandémie, les 1220 musées bénéficiant de l’appellation Musée de France (MDF) poursuivent leur mission d’étude-valorisation des collections qu’ils conservent. A l’heure de la mondialisation de l’information et de l’idéal d’accès des citoyens à leur patrimoine, comment est partagé l’inventaire des millions de trésors nationaux ?

Joconde et E-ReColNat : vademecum des bases réglementaires

Après un rappel stratégique par le SMF et le MNHN a été présentée la méthodologie pour gérer la plateforme nationale de ressources : "Joconde" et "Recolnat". Ont été détaillées les modalités d’enrichissement du catalogue collectif des collections des musées de France, liées à l’avancée du 2e récolement décennal (2016-2025) puis la diffusion numérique des collections : bilan en Centre Val de Loire. Depuis 2018, la plateforme ouverte du patrimoine "POP" constitue la nouvelle interface des bases patrimoniales (Mérimée, Palissy, Mémoire, Enluminures et Autor, Joconde et Muséofile, MNR Rose Valland). Elle permet une géolocalisation et un export facilité pour les musées producteurs.

Des millions de biens en cours de récolement mais un faible taux de notices en ligne

La dématérialisation complète la rencontre physico-sensorielle avec les biens culturels, elle ne s’y substitue pas. Néanmoins l’insuffisance de versement des notices sur les bases nationales est constatée au regard d’autres pays, notamment anglo-saxons. Inscrite dans le projet scientifique et culturel (PSC) dont doit se doter chaque musée de France, la dématérialisation des instruments de recherche repose sur une obligation tant éthique (démocratisation) que juridique (inaliénabilité et imprescriptibilité des trésors nationaux). Malgré le soutien des pouvoirs publics, les gestionnaires muséaux peinent à mobiliser les moyens humains et financiers pour se former, récoler les biens, se doter d’un logiciel inter-opérable avec les bases nationales, partager une charte de saisie. Porté par l’État et les collectivités locales, la stratégie numérique doit être renforcée afin d’améliorer la recherche sur les collections et sa diffusion aujourd’hui mondiale, au plus près des attentes sociales.

Deux tables-rondes ont été coordonnées par la DRAC et l’INHA :

- Quelle complémentarité entre les bases nationales e-ReColNat, Joconde et les portails régionaux ? a permis de constater la nécessaire amélioration de l’inter-opérabilité entre les bases réglementaires et documentaires, notamment celles coordonnées par les associations "Musées en Centre-Val de Loire Association des professionnels des musées (M.C.V.L.)" et "Alienor.org, Conseil des musées" ou l’EPCC normand "La Fabrique de patrimoines". Cette mutualisation d’expertise scientifique et technique doit permettre d’élaborer des outils communs d’étude, de gestion et de mise en valeur des collections françaises ;

- Du musée invisible au musée visible : retour d’expérience entre producteurs et utilisateurs a partagé un diagnostic régional avec plusieurs professionnels (Bourges, Orléans, La Châtre, Le Grand Pressigny).

GLOCAL : du temple des muses au musée protéiforme

Le débat a rendu possible l’émergence de pistes concrètes d’action, du local à l’international :

- harmoniser la numérisation du patrimoine européen Europeana (logiciels inter-opérables, moissonnage coopératif) ;

- soutenir le plan de formation des professionnels de la conservation / documentation / médiation (une seule saisie mais une multi-diffusion des notices) ;

- lutter contre le trafic d’oeuvres d’art par les alertes en ligne (signalement des œuvres manquantes ou volées) ;

- encourager la recherche (ex : révision des attributions), notamment participative (science ouverte) ;

- renforcer l’accès à la culture en privilégiant la libre réutilisation des données, l’éditorialisation destinée aux publics priorisés dans le PSC de chaque musée de France ;

- sensibiliser les acteurs dans les territoires (élus, professionnels du tourisme, acteurs sociaux).

Ces propositions rejoignent les 4 axes définis par la mission Musées du XXI e siècle lancée par le ministère de la culture et de la communication le 17 mai 2016 :

• le musée éthique et citoyen ;

• le musée protéiforme ;

• le musée inclusif et collaboratif ;

• le musée comme écosystème professionnel créatif.

En s’appuyant sur cette volonté ambitieuse, 6 réunions thématiques seront coordonnées par la DRAC Centre-Val de Loire à partir de 2021, prolongeant ainsi le séminaire régional Quelle stratégie muséale en Centre Val de Loire ? initié en 2019.

Remerciements à tous les participants incluant Laurent Manoeuvre, Sophie Daenens, Angelina Meslem, Catherine Giraudon (SMF), François Dusoulier (MNHN), Antoine Courtin (INHA), Mireille Bienvenu (Châteaudun), Elise Fin-Osinski (La Fabrique des patrimoines), Mathilde Rétif (MCVL), Florence Margo-Schwoebel (Bourges), Dominique Plancher (Orléans), Vanessa Weinling (La Châtre), Laure-Anne Millet-Richard (Le Grand Pressigny).