À l’occasion des Jeux Paralympiques, la DRAC Île-de-France a lancé Handesign, un programme de création de résidences pour des designers au sein de club et de fédérations sportives dans le cadre de l’Olympiade Culturelle. Ce projet s’attache aux équipements et matériels dédiés à la pratique de disciplines parasportives. Il s'intègre dans le programme "Culture et Santé", piloté par la DRAC et l'Agence régionale de la santé, particulièrement actif en Île-de-France.
Pour son déploiement, Handesign a obtenu le soutien du Comité paralympique et sportif français (CPSF), membre fondateur de Paris 2024 et qui représente 43 fédérations sportives proposant une offre sportive adaptée aux personnes en situation de handicap.
L’objectif de ce programme est à la fois de soutenir la création dans le champ du design, de favoriser le rapprochement entre le monde du design et le parasport, et plus largement, de favoriser la création en design inclusif et la participation des personnes en situation de handicap.
Un mois après la révélation des équipes de designers, lors de la rencontre professionnelle "Créer pour, créer avec : sport, culture, handicap et inclusion", les designers ont eu le temps d’observer, d'échanger et de développer les grandes lignes de leur projet.
Laureline De Leeuw en résidence au club Les Archers des Trois Lys à Paris 12e
Basé à Paris, son studio est multidisciplinaire, de l’objet au graphisme. Laureline de Leeuw questionne les processus de production et d’impression.
En immersion depuis la mi-avril 2024 au club des Archers des Trois Lys, lieu où l’inclusivité s’entend comme "ensemble sans distinction" (c’est-à-dire que les sportifs porteurs ou non d’un handicap partagent le même temps de séance), Laureline De Leeuw a testé quelques propositions afin de favoriser l’inclusivité tout en permettant à chacun de se dépasser, de se perfectionner. La compensation, les difficultés motrices, d’équilibre ou de stabilité sont aussi une piste de collaboration entre la designer et les sportifs.
© Laureline De Leeuw
A travers ces questionnements, Laureline De Leeuw échange, dessine et expérimente des nouveaux blasons en fonction des problématiques de chacun. Le blason anglais de tir à l’arc, repère de 5 couleurs sur la cible qui sert à compter les scores aux points d’impact des flèches, n’a pas évolué depuis le XVe siècle. Laureline de Leeuw veut aujourd’hui questionner la notion de "visée" par le graphisme. L’enjeu ? Valoriser le sentiment de réussite tout en s’adaptant aux difficultés motrices et cognitives des participants.
© Laureline De Leeuw
Eva Hardy et Célia Guye du Studio Stimuli en résidence au Stade nautique olympique d’Île-de-France - Fédération française de canoë-kayak et sports de pagaie (FFCK) à Vaires-sur-Marne (Seine-et-Marne)
Studio Stimuli, c’est un binôme de designeuses engagées dans le care design (design intervenant dans les milieux du soin). Elles mènent ainsi divers projets de création d’objets du quotidien et d’installations artistiques et culturelles, prenant place dans les établissements médico-sociaux (centres de rééducation, EHPAD, USLD, unités Alzheimer, etc.).
À cette occasion, Studio Stimuli s’intéresse à la pratique du paracanoë, et plus particulièrement au besoin de l’équipe de France qui se présentera aux Jeux Paralympiques 2024.
© Studio Stimuli
Lors des phases d’observation au Stade Nautique Olympique de Vaires-sur-Marne, où se tiendront les Jeux Olympiques et les Jeux Paralympiques, le duo de designeuses a pu rencontrer les différents acteurs du paracanoë et établir un état des lieux de la pratique des sports de pagaies par les personnes en situation de handicap (moteur, psychique, mental, sensoriel). A travers les différentes phases d’observation, elles ont mené une enquête auprès d’une vingtaine de pratiquants (comprenant des athlètes de haut niveau, tout comme des pratiquants "loisirs"), dont plusieurs points d’attention sont ressortis :
- difficulté d’accessibilité aux pontons ;
- Espace de préparation physique quasi-inexistant ou inadaptable pour les sportifs en situation de handicap ;
- Pas de stockage ou d’outil de rangement pour les dispositifs médicaux sur le ponton ;
- Difficulté de transporter le matériel entre l’espace de stockage et le ponton.
Fort de ces observations et de ces problématiques soulevées, Studio Stimuli souhaite aujourd’hui créer un dispositif qui facilitera le transport et la sécurité des équipements sportifs et des dispositifs médicaux, permettant ainsi une pratique sereine et focalisée sur la performance sportive.
Clémentine Bonneau et Lucie Gigan du Collectif Fair Play, en résidence au Club Novosports à Nanterre (Hauts-de-Seine)
Le Collectif Fair Play lie design et sport pour s’ancrer au cœur de thématiques contemporaines engagées que ce soit au niveau environnemental ou social.
© Collectif Fair Play
Dans le cadre de leur résidence-mission au sein de Novosports, les designeuses travaillent sur le développement d’équipements pour faciliter la pratique du Baskin en collectif avec des personnes qui présentent des handicaps physiques ou mentaux. Pour que ce sport soit encore plus inclusif, elles ont choisi d’orienter leur travail sur trois axes :
- Le développement et l’adaptation des marquages au sol, pour qu’ils soient visibles et sensoriels afin de mieux cerner et s’orienter sur le terrain ;
- La création de maillots et chasubles, pour pouvoir être enfilés et adaptés aux morphologies et aux motricités de chaque personne ;
- L’élaboration de drapeaux pour visualiser plus facilement les différents camps.
© Collectif Fair Play
Afin de faire mieux connaitre la pratique du Baskin auprès des spectateurs et des futurs pratiquants, Collectif Fair Play a décidé de créer une boîte à outils de médiation pour expliquer les règles et pratiques de ce sport. Cette boîte contiendra une maquette d’un terrain de Baskin, qui pourra être utilisé comme outil stratégique pour les joueurs et entraîneurs lors des matchs.
Sophie Cure, en résidence au club Upsilon Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine)
Designeuse graphique et artiste plasticienne, elle développe depuis 2012 une pratique du design graphique transdisciplinaire.
En résidence dans un club de football-fauteuil, Sophie Cure a pu assister à un stage immersif avec les différentes équipes du club. Face à ses premières observations, la designeuse a mené un premier atelier collaboratif : liste de mots-matières. Protocole qu’elle utilise à chaque début de projet, sur la représentation graphique des différents types de lancer et sur les premières pistes à développer.
© Sophie Cure
Forte de ces observations, la designeuse graphique a choisi d’orienter ses recherches sur trois axes :
- Balisage et marquage : le terrain, et notamment la surface de réparation a besoin d’un marquage adapté. L’enjeu est de trouver une solution permettant de mesurer et tracer plus rapidement. L’amélioration des piquets de but est une piste à développer car le tracé permettant de lire si le but est valide ou non n’est pas très visibles ;
- Maillots : travailler sur un système de maillot amovible, qui peut facilement s’enlever, s’accrocher par-dessus la sangle des fauteuils électriques pour identifier le joueur pendant le jeu ;
- Tactique de jeu : certains joueurs ont des empêchements moteurs assez importants et ne peuvent que très peu bouger la main ou le bras par exemple. L’enjeu est de trouver un système permettant de développer un moyen de communication qui pourrait s’accrocher sur les fauteuils et permettrait aux joueurs de communiquer une tactique pendant le jeu sans être vu par l’équipe adverse.
Enfin, dans le but de valoriser ce sport, les performances des équipes, le faire connaître et améliorer sa compréhension, a émergé l’idée de créer un objet éditorial en référence au très populaire "album Panini".
Suzelle Hamman, Léo Dumont-Deslaurier et Lucie Dumont-Deslaurier, en résidence au Lycée EREA Toulouse-Lautrec à Vaucresson (Val-de-Marne)
Suzelle Hamman et Léo Dumont-Deslaurier sont deux jeunes designers diplômés de l’École nationale supérieure de création industrielle - Les Ateliers. Leur travail vise à créer des outils pour faciliter des pratiques domestiques ou collectives plus souhaitables écologiquement et socialement. Leur approche implique une collaboration étroite avec les futurs utilisateurs pour comprendre leurs envies et contraintes, et s'intégrer ainsi au mieux à leurs quotidiens. Pour ce projet, ils s’associent à Lucie Dumont-Deslaurier, qui leur apporte son regard de psychomotricienne et d’éducatrice sportive.
Toulouse-Lautrec est un établissement scolaire spécialisé dans l’accueil de personnes en situation de handicap moteur, de la primaire au BTS, dont le maître-mot est l’autonomisation de l’élève. Dans le cadre de sa résidence, l’équipe formée par Suzelle, Lucie et Léo a réalisé de nombreuses journées d’immersion afin de comprendre l’écosystème de l’établissement et d’en déchiffrer le fonctionnement et ses spécificités, mais également de découvrir plus d’une vingtaine de sports enseignés. Ces journées d’observation leur ont permis de créer des ateliers d’idéation avec les encadrants sportifs et les ergothérapeutes leur permettant de préciser un grand nombre de besoins et de développer des pistes de projet :
© EREA Leo-Dumont-Deslaurier
- Conception ou amélioration d’objets : support de balle de boccia, flotteur support de tête, raquettes de tennis de table et aide au tir à la sarbacane ;
- Conception d’outils pensés pour les enseignants leur permettant de mieux appréhender les besoins spécifiques des élèves ;
- Conception de modules de gymkhana dans le but de proposer de nouvelles techniques pour varier les expériences de jeu ;
- Création d’une bibliothèque choisie de blocs techniques (accroche, perche, pince, etc.).
Clarisse Coureau et Jeanne Mollier, en résidence avec l’EHPAD Cousin de Méricourt et l’association de boxe adaptée - Deuxième Souffle à Cachan (Val-de-Marne)
Clarisse Coureau et Jeanne Mollier, toutes deux étudiantes en Master Design Objet à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, elles ont pour volonté de concevoir des projets qui accompagnent la société vers un futur en cohésion avec son milieu tout en créant des dispositifs inclusifs.
"Deuxième Souffle à Cachan (Val-de-Marne)" © Clarisse Coureau
Depuis la mi-avril 2024, le binôme est en immersion dans l’EHPAD de Cousin de Méricourt, mais suit également l’équipe de Deuxième Souffle (atelier de boxe adaptée) dans différents établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes de la ville de Paris et en Île-de-France pour des ateliers de boxe adaptée. De ces observations, émergent trois pistes de projet :
- Révision des mouvements : développement de fiches graphique et ludique permettant aux résidents de mémoriser, mieux visualiser et comprendre les mouvements ;
- Adaptation du mobilier : création d’un système pour que le fauteuil roulant soit stabilisé lors du cours de boxe, adaptation des gants pour que les résidents puissent les enfiler plus facilement ;
- Valorisation de la pratique par des dispositifs de médiation pour impliquer les femmes et les familles dans la pratique.
Tout au long de l’été, les designers vont concevoir, tester des prototypes lors des différents entraînements dans leur structure d’accueil. Les réalisations en sortie de résidence seront présentées à la mi-septembre à la JAD – Jardin des métiers d’Art et du Design de Sèvres (92).
Revivre la journée du 25 avril au Théâtre du Rond-Point
"Créer pour, créer avec : sport, culture, handicap et inclusion" #1
"Créer pour, créer avec : sport, culture, handicap et inclusion" #2
"Créer pour, créer avec : sport, culture, handicap et inclusion" #3
Retour sur la rencontre du 25 avril au théâtre du Rond-Point
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