Déposés pour des raisons sanitaire et de conservation, ces éléments provenant de la cathédrale de Reims reflètent, avec les nombreux moulages également conservés, l’histoire des restaurations du monument depuis le XVIIe siècle.
Il est accessible aux chercheurs, qui disposent également d’un inventaire numérisé, pour le tout public, il peut également être accessible lors des Journées européennes du patrimoine.
Depuis le premier trimestre 2015, le dépôt lapidaire de la cathédrale de Reims est désormais situé dans des locaux aménagés sur le site Chanzy, à Châlons-en-Champagne.
Constitué de plus de 900 éléments sculptés (300 palettes comprenant chacune en moyenne trois éléments sculptés), ce dépôt reflète l'histoire des restaurations de la cathédrale de Reims depuis le XVIIe siècle ainsi que l'histoire de la déontologie de la restauration de la cathédrale, en particulier depuis les grands chantiers des années 1990.
Un dépôt qui reflète l'histoire de la restauration de la cathédrale de Reims
Les archives des monuments historiques consacrées aux chantiers de la cathédrale depuis 1988 témoignent du souci constant de disposer d’un lieu de dépôt. Ce souci est parfois à l'origine des choix de restauration. En effet, la dépose des parties altérées des façades mais aussi la fabrication de moulages posent de façon récurrente la question de la conservation de ces éléments, originaux et moules.
Le site de Chanzy, à Châlons-en-Champagne, est rapidement choisi et les palettes constituées après les restaurations des années 1990 et début 2000, en grande partie conservées dans une zone de stockage en location à Reims, sont déménagées, peu avant 2004, dans des hangars libérés par l’armée. Après quelques années, les conditions de conservation dans ces espaces non fermés se détériorant, il est décidé, en 2012, d'aménager des alvéoles situées à proximité.
Un chantier des collections de plusieurs mois
En 2014, un véritable chantier des collections est mis en œuvre, grâce à deux stagiaires spécialisées dans le patrimoine, un travail coordonné par la Conservation régionale des monuments historiques, de la DRAC Champagne-Ardenne.
Les alvéoles ont été équipées de racks sur toute la longueur des parois ainsi qu'en leur centre, après coulage d'une chape de béton à l'emplacement des poteaux. Un non-tissé, installé sous la charpente, isole des poussières et des scrupules. Enfin, l'éclairage et la fermeture des portes sont assurés.
A partir de l’inventaire papier disponible, l’évaluation systématique de l’ensemble des palettes a été réalisé : repérage des palettes, leur contenu, évaluation des dimensions, plan des racks et de leur capacité de stockage.
Plutôt qu’un classement par époque de datation et lieu d'origine sur la cathédrale, c’est le format (dimensions) / lieu d'origine, plus réaliste, qui a été choisi, l'informatique permettant une recherche multiple. Un répertoire des inventaires, destiné à recevoir la localisation de chaque élément, tandis que chaque palette était étiquetée (localisation actuelle et localisation future, numéro(s) d'inventaire…).
Conservateurs-restaurateurs, spécialiste en histoire de l'art...
Avant le déplacement, un nettoyage de toutes les palettes a été réalisé, ceci afin d’éviter de transporter détritus et poussière et pour stopper tout risque d’altération de frottement ou d'infestation. Pour ne pas altérer l'épiderme des pierres et préserver les éléments mobiles le travail est confié à des conservateurs-restaurateurs. Un test, effectué par les restaurateurs, sur un moulage de silicone de plus de vingt ans a permis de vérifier sa parfaite conservation.
Parallèlement, des spécialistes en histoire de l'art médiéval ont étudié la pertinence du dépôt. Seule la conservation de quelques éléments a été remise en cause, tandis que certains, provenant d'autres édifices de Reims, seront restitués à cette dernière (moins de 2 % des éléments).
Une fois l’ensemble des palettes installées dans le nouveau local sécurisé, un récolement systématique de l'ensemble des éléments des palettes a été réalisé à partir de l'inventaire.
Un site ouvert aux chercheurs, historiens...
Désormais accessible aux chercheurs, étudiants, professeurs, historiens… spécialistes de la cathédrale gothique de Reims et d'archéologie médiévale en général, ce dépôt lapidaire, équipé d’un inventaire numérisé, pourrait également devenir un laboratoire d'étude des moulages et des moules sur plusieurs décennies.
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