Les Journées européennes du patrimoine, qui se sont déroulées le week end des 15 et 16 septembre ont permis aux visiteurs de découvrir le travail mené par l'association des Amis de l'abbaye de l’Étanche qui anime l'abbaye et œuvre pour sa restauration.
Christine Hellin, présidente de l'association revient sur les actions menées en faveur de la restauration de l'édifice (propriété du Conservatoire d'Espaces naturels de Lorraine), qui est l'un des 50 sites du Grand Est figurant sur la liste "Patrimoine en Péril".
La DRAC Grand Est accompagne la restauration de l'abbaye de l’Étanche à hauteur de 111 458 € en 2017 et 2018 (Clos et couvert de la chapelle et soutien au chantier de jeunes bénévoles).
Entretien avec Christine Hellin, présidente de l’association les Amis de l’abbaye Notre dame de l’Étanche
Pouvez-vous nous retracer l’histoire, les spécificités de cet édifice?
L'abbaye, qui possède des éléments remarquables, a connu une histoire mouvementée et a malheureusement subi plusieurs destructions, notamment pendant la guerre de trente ans puis la Première Guerre mondiale.
Fondée en 1140 par l’abbé Philippe de Belval, à la demande de l’évêque de Verdun, rattachée à l’ordre des Prémontrés, l’abbaye fut dotée par plusieurs riches seigneurs et se vit céder, en 1157, le prieuré de Benoîte-Vaux, avant de voir sa fondation confirmée par une bulle du pape Alexandre III et d’être « doublée » par un couvent de femmes à proximité.
L’abbaye, après une ambitieuse campagne de travaux au début du XVIIe siècle est ravagée par des soldats suédois et croates en 1632 et 1636, remise en état avant d’être reconstruite au XVIIIe siècle pour un meilleur confort. La chapelle et le bâtiment conventuel sont issus de cette campagne.
Enfin, après la suppression des ordres religieux en 1790 et le départ du dernier abbé, Joseph Prélat un an plus tard, l’abbaye, revendue, devient une exploitation agricole au XIXe siècle, transformant l’emplacement de l’ancien cloître en cour de ferme.
Le site, investi et fortifié par l’armée allemande en 1914, est ravagé par les combats de reconquête du Saillant en 1918 et perd ses toitures avant de retrouver sa fonction de ferme en 1922, avec des adaptations du bâtiment, jusqu’à la cessation de l’activité agricole dans les années 80.
Les bâtiments cessent ensuite d’être entretenus par les propriétaires, entraînant une importante dégradation jusqu’au rachat de l’édifice en 2015.
Quel est le rôle de votre association ?
L'association est récente, puisqu’elle a été créée en 2016. Elle a pour objectif de sauvegarder et de protéger au mieux l’abbaye, propriété depuis 2015 de l’EPFL (Établissement Public Foncier de Lorraine) et du CEN (Conservatoire d’Espaces Naturels de Lorraine) par bail emphythéotique. Elle bénéficie de l’investissement sans faille de 600 adhérents, dont une trentaine de bénévoles actifs.
A l’automne 2017 ont été mis en place les premiers chantiers de nettoyage de l’abbaye, opération qui se poursuit alors que des travaux ont été menés, notamment le bâchage d’urgence de la toiture de la chapelle (cette première phase essentielle visant à préserver les voûtes). D’autres travaux devraient permettre ultérieurement la restauration définitive des voûtes, la mise en place d’une véritable toiture avec une charpente. La sécurisation et le renforcement des murs du bâtiment conventuel seront entrepris après étude.
Nous avons rejoint récemment l’Union « Remparts », ce qui nous a permis d’accueillir des jeunes bénévoles issus de toute la France en août dernier, ils ont participé avec enthousiasme à la réfection du mur d’enceinte.
Pouvez-vous évoquer les actions de promotion et de valorisation de l’édifice menées où à venir ?
Nous essayons de toucher tous les publics grâce à des actions variées , relayées par la presse, qui se déroulent sur le site ou à l'extérieur. En juin dernier nous avons par exemple organisé une animation nocturne à l'abbaye autour des fées, des sorcières et des elfes, avec des conteurs, des musiciens...
Nous sommes en train de faire un appel à mécénat pour remplacer les corniches de l'abbaye et les noms des donateurs seront gravés.
La sélection parmi les projets de la mission Bern concourt à la médiatisation de nos actions, nous avons bénéficié récemment de plusieurs reportages...
Lors des journées européennes du patrimoine, le 15 septembre dernier, de nombreux visiteurs sur le site, très intéressés par les démonstrations proposées : taille de pierre sur le mur d'enceinte, découverte du mortier de chaux, mosaïque... La présence d'un camp de poilus de la Première Guerre mondiale a également été appréciée. Cette journée a permis de récolter des dons pour la restauration des corniches. Un point d'accueil avait également été mis en place à la Maison de la Presse de Saint-Mihiel.
Photos : DRAC Grand Est
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