Jeudi 8 février 24
La première journée a été ouverte par une intervention à double-voix d'Angèle de Lambertie, directrice du développement de Césure et Aurore Rapin, directrice adjointe de Yes We Camp qui ont présenté les modalités de collaboration entre les structures Plateau Urbain et Yes We Camp dans l’élaboration et la programmation du tiers-lieu. Occasion de questionner les modèles économiques de structures associatives qui, à la faveur de vacances immobilières réemploient des lieux afin de déployer de nouveaux usages pour la communauté locale et servir la création.
Après une visite des lieux et de ses offres programmatiques, Ophélie Deyrolle, directrice générale de l’Association Nationale des Tiers-Lieux, a présenté ces encore nouveaux modèles que sont les tiers-lieux. Modèles nouveaux, entités plurielles, les tiers-lieux offrent une réponse locale par une réappropriation du commun. Ils rencontrent cependant des obstacles structurels sur le plan économique et méritent, avec les pouvoirs publics, d’être consolidés pour s’assurer de la pérennité du dispositif.
La fin de matinée a été clôturée par Alexandra Cohen, co-fondatrice de la coopérative d’urbanisme culturel Cuesta, qui a présenté les projets portés par cette société aux missions d’intérêt général en matière d’urbanisme culturel. Cuesta soutient des projets de démarches artistiques contextuelles dans les territoires, en se rattachant à la notion d’art utile, qui considère les démarches artistiques comme moyen de répondre à une commande publique d’aménagement de l’espace public.
En début d’après-midi, les auditrices et auditeurs ont été accueillis par Jérôme Poggy et son équipe dans sa galerie située dans le Marais. Après avoir visité l’exposition actuelle sur le travail de Babi Badalov et Nikita Kadan, le groupe a bénéficié d'une intervention conjointe de Jérôme Poggy et Thomas Conchou, directeur artistique du centre d’art La Ferme du Buisson, sur le rôle des galeristes et sur le programme des Nouveaux Commanditaires. En présentant sa vision de la galerie, Jérôme Poggy a insisté sur l’ambivalence de la galerie, lieu de passage entre l’espace public et l’espace intime (privé). Les deux intervenants ont ensuite présenté le programme des Nouveaux Commanditaires, inscrit dans une politique culturelle de la demande et de la commande plutôt que de l’offre, inspiré par l’idée de partir d’un besoin exprimé par un groupe de commanditaires pour créer une œuvre d’intérêt général.
Le groupe a ensuite rejoint le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, à l’invitation de Marion Bunan, secrétaire générale du musée et auditrice de la session, pour visiter l’exposition consacrée au bédéiste Joan Sfar, puis entendre chacun des 8 groupes de travail présenter un point d’étape de leurs travaux. Un temps là aussi stimulant qui préfigure déjà de la qualité des rapports qui seront restitués en octobre lors du 9 ème module de cette Session.
Vendredi 9 février 24
Cette deuxième journée, au Hangar Y à Meudon, a été ouverte par le Président de la Fondation Art Explora, Frédéric Jousset, qui est revenu sur son engagement pour le secteur culturel et notamment les industries culturelles et créatives, à travers les projets portés par Art Explora et son fonds d’investissement ArtNova. Active sur les sujets de mobilité, de numérique, de création et de démocratisation culturelle, la fondation travaille en collaboration avec de nombreuses institutions culturelles pour déployer l’art où il n’est pas, à l’instar du nouveau projet d’odyssée culturelle autour de la Méditerranée avec la construction d’un voilier itinérant, musée flottant.
Jean-Michel Crovesi a ensuite présenté le projet du Hangar Y, pari réussi de rénovation d’un ancien bâtiment dédié à la construction de ballons dirigeables, devenu lieu d’exposition et d’accueil évènementiel à Meudon, avec un parc à sculptures présentant les œuvres d’artistes contemporains reconnus.
Après la visite du Hangar Y et de l’exposition actuelle Prendre le Soleil avec Aurélie Baron, directrice artistique et co-commissaire, Jean-Paul Cluzel, ancien président de Radio France et de la RMNGP, ancien président de l’IFCIC, est intervenu sur le sujet de la place nouvelle des fondations privées dans le secteur culturel, en revenant tout d’abord sur les ambitions et les avancées de la loi Aillagon puis sur un comparatif entre le rôle des fondations privées françaises et américaines, pour interroger les spécificités du modèle français.
L’après-midi a débuté avec l’intervention de Lucie Marinier, professeure et titulaire de la chaire d’ingénierie de la culture et de la création au CNAM, qui a présenté les résultats du rapport "Culture et Création en mutation" (https://cultureetcreationenmutations.fr/). Commandé dans le cadre du Plan France 2030, le rapport met en lumière une crise d’attractivité touchant certains métiers du secteur culturel devenant de moins en moins attractifs. Sur la base de données récoltées sur les musées, les arts visuels, les arts appliqués, le design et les métiers d’art, le rapport se concentre sur des secteurs qui travaillent de plus en plus ensemble. A partir de divers constats, le rapport propose 180 préconisations tant sur la structuration des secteurs ou la formation initiale et continue que sur l’implémentation de la dimension écologique dans les métiers culturels.
A sa suite, Raphaël Quinteau, chargé d’études à La Fabrique Écologique, auteur du rapport « Publicité, communication et transition écologique, comment agir au niveau territorial ? » est intervenu sur la publicité dans l’espace public, entre potentiel créatif et pollution. En montrant comment l’espace urbain devient un décor dans lequel les marques se mettent en scène, Raphaël Quinteau a évoqué l’évolution technologique connue par les dispositifs publicitaires qui deviennent personnalisés en fonction des usagers de l’espace public sur lequel ils sont installés. Il a par ailleurs mis en exergue sur les dommages de la publicité en termes de pollution et de consommation de ressources tout en mentionnant certains mouvements de dépublicitarisation avec des campagnes de publicités plus subtiles et fusionnées avec l’espace urbain.
Enfin, la journée s’est clôturée avec l’intervention de Julie Gonce Mayeux, directrice associée d’Havas Paris, qui a présenté les enjeux d’un label proposé de responsabilité culturelle des entreprises. Comment penser un nouveau label, sur le modèle de la responsabilité sociale des entreprises (RSE) pour engager les entreprises dans leur responsabilité à investir dans la culture, que ce soit pour développer l’expérience culturelle au sein même des entreprises ou en partenariat avec d’autres institutions culturelles ?
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