L’église Saint-Martin, datée des XVe-XVIIe siècles, propriété de la commune de Doux (102 habitants), dans le département des Ardennes, présente un risque d’effondrement partiel sur le domaine public et sur l'édifice lui-même par déversement de son clocher.
La mobilisation de l’État en faveur du patrimoine rural
Compte tenu des menaces qui pèsent sur la conservation de l’édifice et de son intérêt historique, la ministre de la Culture a décidé, le 2 septembre 2024, de placer l’église sous le régime de l’instance de classement au titre des monuments historiques.
Ce régime confère à l’édifice tous les effets du classement pendant un an. Il permet à l’État de prendre les dispositions nécessaires pour assurer la mise en œuvre des travaux de consolidation d’urgence et d’étudier les solutions d’une sauvegarde pérenne.
Cette décision s’inscrit dans la mobilisation de l’État en faveur du patrimoine religieux des petites communes, qui ne disposent pas des ressources nécessaires à l'entretien de leurs édifices. L'église Saint-Martin souffre, depuis de nombreuses années, de problèmes structurels et d’un défaut d’entretien.
Des travaux d’urgence et de mise en sécurité mis en œuvre par la DRAC Grand Est
Entre juillet 2024 et avril 2025, des mouvements de structure et l’altération des maçonneries des contreforts ont été constatés, mouvements s’accélérant depuis décembre 2024. L’édifice est en état de péril. Les abords du monument sont interdits au public depuis le 21 janvier 2025.
Les désordres de l’édifice
- déversement du clocher vers la nef et le chœur ;
- couverture avec de nombreux manques d’ardoises, pièces de bois de la charpente du clocher fracturées, déboitées ou pourries par l’humidité ;
- désordres sur les voûtes et arcs correspondant à d‘importantes infiltrations d’eaux pluviales ;
- maçonneries fissurées à plusieurs endroits, dues à de nombreuses infiltrations et aux poussées de la charpente sur les arcs et voûtes ;
- maçonneries en craie des contreforts gorgées d’eau et éclatant sous l’effet du gel et du dégel.
Le chantier préparatoire
L’ordre du jour de la réunion de préparation du chantier, coordonnée par la DRAC Grand Est, qui assure la maîtrise d'ouvrage, portait sur la mise au point du calendrier des interventions et la présentation de ses différentes phases :
- installations de chantier et sécurisation du site ;
- mise en sécurité par étaiements de l’édifice ;
- montage de l’échafaudage ;
- mise en place de la grue ;
- intervention de sécurisation en charpente.
L’emplacement de l’église, accessible par un étroit chemin communal en terre, bordée par un cimetière et un talus arboré dominant un ruisseau, rend l’intervention délicate.
Les travaux
Lors de cette phase d'urgence, d'une durée estimée à 6 mois :
- le clocher sera déposé par grutage, restauré en atelier, puis reposé par grutage ;
- les maçonneries sous-jacentes seront reprises pour assurer la stabilité structurelle de l’assise du clocher et du portail d’entrée adjacent ;
- les décors peints intérieurs seront protégés provisoirement.
Durée estimée des travaux : 6 mois (et 4 mois de tranche optionnelle n°2)
Montant des travaux prévisionnel : 1 415 941€ TTC
Financement : 100% État (Ministère de la Culture / Direction régionale des affaires culturelles Grand Est)
Propriété : Commune de Doux
Maitrise d’ouvrage : DRAC Grand Est (à titre exceptionnel dans le cadre des dispositions de l'article L621-11 du Code du patrimoine)
Maîtrise d’œuvre : Eugène architectes (Charlotte Hubert Architecte en chef des monuments historiques)
CSPS : SOCOTEC
Les entreprises :
Entreprise MDB - Métiers du Bois (14760 Breteville-sur-Odon)
Entreprise Léon Noël (51730 Saint-Brice-Courcelles)
Entreprise Atelier ARCOA (92800 Puteaux)
Entreprise Coanus Couverture (51520 Saint-Martin-sur-le-Pré)
L’intérêt patrimonial de l’édifice
L’édifice, construit à partir du XVe siècle, a été remanié au XVIIIe siècle et conserve sa structure architecturale médiévale, le chœur et les travées adjacentes sont les parties les mieux préservées.
Parmi les éléments remarquables :
- la silhouette de l’église avec son fin clocher élancé déporté sur l’unique collatéral et avec ses toitures en croupe originellement en ardoise de Rimogne ;
- un portail en pierre sculpté de style Renaissance ;
- un ensemble de chapiteaux en pierre du XVe ou XVIe siècles avec des représentations de flore, de faune ou de figures humaines ;
- un ensemble de décors peints de faux-marbre et faux-drapé recouvrant partiellement le chœur et une partie du collatéral.
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