À l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-Malaquais, l’enseignement « Habiter le monde à venir » invite les étudiants à explorer les controverses, ressources et transformations liées aux enjeux environnementaux. Au Pôle National Supérieur de Danse Rosella Hightower, le module « Le réchauffement climatique et ses conséquences » sensibilise les étudiants aux impacts environnementaux sur leur pratique et sur le secteur du spectacle vivant… Ces initiatives, parmi d’autres, témoignent d’une dynamique à l’œuvre : intégrer la transition écologique au cœur même des enseignements des futurs professionnels de la culture.
C’est dans cette finalité que le Guide d’orientation et d’inspiration pour la transition écologique de la culture structure l’action ministérielle autour de plusieurs leviers, dont la formation constitue un axe majeur. Il fixe un objectif clair : d’ici 2026, la transition écologique devra être pleinement intégrée dans 100 % des référentiels pédagogiques des écoles de l’enseignement supérieur culture. C’est également un axe de la stratégie ministérielle de l’enseignement supérieur culture qui vise notamment à inscrire les transitions écologiques au cœur même des pratiques et des enseignements, tant au niveau de la formation des étudiants que des objectifs des écoles.
Une enquête comme outil de mesure
Pour accompagner au mieux les écoles, une enquête a été lancée en 2024. Son objectif : dresser un état des lieux précis de l’intégration des enjeux environnementaux dans les établissements, en amont de possibles évolutions. Elle est le résultat de plusieurs étapes.
- En juillet 2023, le Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche artistiques et culturels (CNESERAC) a rendu un avis unanime appelant à intégrer de manière systématique les enjeux de transition écologique dans l’enseignement supérieur culture. Cet avis est fondamental : le CNESERAC est l’instance qui assure le dialogue et la représentation des établissements et structures de recherche relevant du ministère de la Culture.
- Le travail s’est alors poursuivi par des échanges avec les différents services concernés du ministère et l’ensemble des établissements concernés.
- Un questionnaire a ensuite été élaboré au sein de la commission d’étude spécialisée « transition écologique » du CNESERAC, permettant de lancer l’enquête.
Elle s’inscrit également dans un paysage plus large d’intégration des enjeux environnementaux dans l’enseignement supérieur. Citons, par exemple, les travaux engagés par le réseau ENSA ECO, qui accompagne depuis plusieurs années l’enseignement de la transition écologique dans les écoles d’architecture, afin de partager bonnes pratiques et leviers d’action.
Une forte participation et une bonne appropriation des outils ministériels
À ce jour, 61 % des établissements sollicités ont répondu au questionnaire en ligne, offrant une base solide et représentative pour évaluer l’intégration des enjeux de la transition écologique dans leurs enseignements. Parmi ces répondants, près de 79 % déclarent connaître le Guide d’orientation et d’inspiration pour la transition écologique de la culture, soulignant une appropriation importante de la stratégie environnementale du ministère. Cette connaissance constitue un socle essentiel pour structurer les enseignements et engager les communautés pédagogiques dans la transition écologique.
Création et transformation des enseignements
Plus de la moitié des écoles a créé au moins un enseignement spécifiquement dédié à la transition écologique. L’ensemble des enseignements couvre ainsi des thématiques variées et essentielles, telles que :
- l’écoconception appliquée à la création (économie circulaire, matériaux biosourcés…) ;
- les enjeux énergétiques et climatiques ;
- l’épuisement des ressources ;
- le vivant et la biodiversité ;
- la sobriété numérique.
Elles intègrent également des dimensions propres au secteur culturel, tels les imaginaires et représentations liés à l’art et à l’écologie, le rôle sociétal de l’artiste, ou encore les questions de mobilité et de diffusion.
Parallèlement, une large part des disciplines existantes a été adaptée pour y intégrer ces enjeux globaux. Plus de la moitié des établissements a ainsi transformé au moins un enseignement, incluant les thématiques majeures déjà évoquées. À l’École supérieure d’art et de design de Toulon, le cours de Sérigraphie a ainsi été adapté avec l’utilisation d’encres biologiques et des principes d’écoconception de la création, en lien avec l’économie circulaire. À l’École supérieure d’art et de design d’Amiens, l’enseignement Design d’interface aborde désormais les enjeux énergétiques et climatiques, l’épuisement des ressources, ainsi que le rôle sociétal de l’artiste, tout en intégrant des approches d’écoconception.
Cette double dynamique, de création et de transformation, témoigne d’une prise de conscience collective et d’un engagement réel des établissements pour intégrer durablement la transition écologique dans leurs cursus. Elle traduit également la volonté de former des futurs professionnels préparés aux défis environnementaux.
Former et évaluer pour réussir la transition écologique
70 % des enseignements liés à la transition écologique, qu’ils soient nouvellement créés ou transformés, sont obligatoires et évalués dans les cursus. Ce double caractère traduit une prise en compte forte et intégrée : la transition écologique est considérée comme une compétence essentielle que tous les futurs professionnels de la culture se doivent de maîtriser, dans leurs pratiques professionnelles, quelle que soit leur discipline.
Recherche et transition écologique : un levier essentiel
Les résultats de l’enquête confirment que la transition écologique constitue un enjeu majeur pour la recherche dans l’enseignement supérieur culture. Sujet que le ministère porte auprès d’un large public dans sa revue Culture et Recherche, notamment dans le numéro de printemps-été 2024 Urgence écologique : la recherche à l’épreuve. Les établissements abordent cette thématique à travers divers dispositifs : projets spécifiques, séminaires, mémoires de recherche et thèses. Le rôle du chercheur, notamment en recherche fondamentale, apparaît central pour approfondir la compréhension des enjeux environnementaux et développer des solutions innovantes adaptées aux défis actuels.
Renforcement des compétences et sensibilisation active
Au-delà des enseignements structurés, la grande majorité des établissements organise des actions de sensibilisation innovantes, telles que des ateliers collaboratifs, des projets participatifs ou des fresques écologiques. Ces dispositifs favorisent une appropriation collective des enjeux par toute la communauté de l’établissement (étudiante, pédagogique, administrative) et participent à ancrer la transition écologique dans la culture des écoles.
Par ailleurs, la formation des enseignants mais aussi celle des comités de direction constitue un enjeu central pour garantir la qualité et la pérennité de ces enseignements.
Ce point d’étape illustre une mobilisation collective et un engagement profond en faveur d’une formation adaptée aux enjeux environnementaux actuels et futurs. L’enquête, dont l’état des lieux sera finalisé à l’automne 2025, montre que ce travail se poursuit, portant une dynamique essentielle pour préparer au mieux les professionnels d’aujourd’hui et de demain aux défis de la transition écologique.
Partager la page