Le Projet CEPIR, un rapport pour cerner l'impact écologique de la réalité virtuelle
Financé par le dispositif "Alternatives Vertes", le Projet CEPIR s'est donné pour mission de quantifier le coût écologique de la réalité virtuelle, un dispositif immersif qui séduit de nombreux secteurs, y compris culturels. Le projet CEPIR alerte sur le coût écologique d'un déploiement massif de cette technologie.
Quantifier le coup écologique des dispositifs immersifs
Quel est l'impact écologique de la réalité virtuelle ? Depuis 2012, une nouvelle technologie qui s’appuie sur des dispositifs immersifs a vu le jour sous le nom de réalité étendue ou XR (de l’anglais « extended reality »). Cette technologie est utilisée dans les jeux vidéo, la médiation culturelle, dans les métavers, dans la médecine : les projets et investissements se multiplient, y compris dans le secteur culturel. Mais cette technologie a un réel impact écologique qui doit questionner son développement.
C’est pour mieux cerner cet impact écologique que le projet CEPIR a mobilisé des acteurs de la transition écologique numérique et des créateurs de réalité étendue. L'objectif était de quantifier le coût écologique de cette technologie et réfléchir à la compatibilité de son déploiement avec la crise écologique.
Le projet a été soutenu par le ministère de la Culture dans le cadre du dispositif « Alternatives Vertes ».
Dispositifs immersifs et écologie : des données lacunaires
Le numérique représente une part importante et croissante des émissions de gaz à effet de serre. La connaissance du coût carbone de la réalité étendue était incomplète : il n’existait en particulier aucune analyse du cycle de vie (ACV) des casques de réalité virtuelle - les terminaux utilisés par cette technologie.
Une analyse du cycle de vie est l'inventaire de toutes les émissions de gaz à effets de serre générées par un produit, de l'extraction des matières premières nécessaires à sa fabrication à celles engendrées par sa fin de vie (destruction, recyclage...).
L’ACV conduite par le projet CEPIR a mis en évidence qu’un tel casque :
- Nécessite 261 kg de matières premières, soit 333 fois son poids final (pour un poids moyen de 841 grammes)
- Génère pour sa fabrication et son transport 71 kilogrammes équivalant Co2, soit ce qu’émet un trajet de 350 kilomètres en voiture
- Exige 100m3 d'eau pour sa fabrication, soit la consommation annuelle moyenne de 2 Français
En France, du fait d’une électricité largement décarbonée et du faible temps d’utilisation des casques, leur utilisation (la consommation électrique…) ne compte que pour 1 à 2% de l’impact carbone.
Il faut noter que des accessoires supplémentaires (caméras à 360°, tapis de course multidirectionnels…) peuvent être nécessaires, ce qui accroit encore l’empreinte écologique de cette technologie.
Conclusion et conseils du projet CEPIR
Le projet CEPIR a mis en évidence que le développement généralisé des dispositifs immersifs n’est pas compatible avec l’exigence de sobriété numérique qu’imposent les enjeux écologiques contemporains. Il dispense ainsi différents conseils :
- en direction des entreprises :
- s’interroger sur l'utilité des services développés, s’assurer qu’ils répondent bien à un besoin réel ;
- s'interroger sur les usages, conserver prioritairement des usages de niche positifs pour la société ou l’environnement ;
- éviter les déplacements carbonés lors du projet ;
- utiliser la calculette carbone, un outil en ligne gratuit développé dans le cadre du projet, qui permet d’évaluer simplement le bilan carbone d’un produit de réalité étendue.
- en direction des utilisateurs :
- ne pas accumuler les équipements (par exemple posséder un casque de réalité virtuelle, mais aussi un ordinateur, un smartphone, une tablette…) ;
- favoriser un usage partagé des casques ;
- allonger au maximum la durée de vie des équipements.
- en direction des fabricants des matériels : veiller à leur réparabilité.
« Alternatives Vertes », un dispositif de soutien à la transition écologique du secteur culturel
« Alternatives Vertes » est un dispositif de soutien en faveur de la transition écologique pour les industries culturelles et créatives (ICC). Ouvert aux structures publiques comme aux structures privées, « Alternatives Vertes » finance des solutions innovantes pour décarboner la filière, des outils pour mesurer son impact écologique, et des projets de sensibilisation et de formation continue à destination des acteurs du secteur. Le dispositif s'inscrit dans le plan d'investissement « France 2030 ».
En 2021, « Alternatives Vertes » a soutenu 35 projets pour un montant total de 9,3 M€. Pour sa deuxième édition lancée en 2024, l'appel à projets est doté de 25 M€.
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