Sur proposition de la Commission régionale du patrimoine et de l'architecture du Grand Est, le préfet du Grand Est a étendu aux peintures intérieures l'inscription au titre des monuments historiques de la synagogue de Guebwiller, dont les façades et toitures étaient déjà inscrites depuis 1984, et a également inscrit l'ancienne maison du rabbin contigüe. Un vœu de classement a aussi été émis pour les peintures. Il sera proposé à la Commission nationale du patrimoine et de l'architecture.
Présentation des édifices
La Synagogue et la maison du rabbin
Guebwiller (Haut-Rhin)
Architecte : Auguste HARTMANN (1820-1900)
Dates de construction : 1869, 1957
Propriétaire : Consistoire du Haut-Rhin (synagogue), Habitats de Haute-Alsace (ancienne maison du rabbin)
Protection au titre des monuments historiques : les façades et toitures de la synagogue de Guebwiller ont été inscrites par arrêté le 16 juillet 1984. Extension de protection de la synagogue et inscription au titre des monuments historiques de la maison du rabbin le 21 février 2025
Historique des édifices
La communauté juive de Guebwiller est l’une des plus anciennes d’Alsace : les archives municipales mentionnent l’existence d’une synagogue en 1333. En 1349, la communauté est décimée, accusée d’être à l’origine de la peste. Il faut attendre la fin du XVIIIe siècle pour voir la communauté peu à peu se reconstituer et rassembler quelques sept familles. La synagogue, alors devenue trop petite, est remplacée en 1869 par une autre, construite par Auguste Hartmann (1820-1900), architecte des monuments historiques du Haut-Rhin. Saccagée par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, la synagogue est restaurée en 1957. A partir des années 2000, un certain nombre de travaux d’entretien sont entrepris pour la maintenir en l’état alors qu’elle n’est plus fréquentée par la communauté pour la prière depuis la fin des années 1980.
Dans l’enclos de la synagogue, et sans doute à la même époque que celle-ci, a été construite la maison du rabbin ; outre les minimes modifications cadastrales de la bâtisse – une ancienne maison nommée « Maison des bergers » se trouve à l’emplacement-même de la maison du rabbin, sur le plan napoléonien de 1825 –, les archives témoignent indirectement de l’existence d’une maison pour l’officiant : elles font mention en effet d’un désaccord de nomination d’un rabbin entre la ville et la communauté juive en 1869. Aujourd’hui, propriété d’un bailleur social, le bâtiment recevra prochainement ses premiers locataires.
Description de la synagogue
La synagogue est de style néo-byzantin. Constituée d’une nef intérieure, de deux bas-côtés avec tribunes et d’un plafond à caissons de bois, elle est orientée vers le sud-est en direction de Jérusalem. L’édifice est en briques et grès avec enduit rose, couvert d’une charpente en bois, avec tuiles mécaniques. Les façades nord et sud ne présentent aucun décor si ce n’est une série de pilastres qui rythment la façade côté est. Le vaisseau central présente douze baies de chaque côté et six pour chacun des collatéraux. Une cour secondaire, autrefois l’entrée de la synagogue côté Impasse de la Synagogue, donne sur l’ancienne maison du rabbin.
L’espace intérieur de la synagogue est immaculé : un badigeon blanc a recouvert tout ou partie des peintures d’origine, aux motifs floraux, découvertes fortuitement.
Son organisation spatiale est « classique » : une estrade (bimah) située dans l’axe central, derrière une balustrade, avec l’arche sainte (aron kodesh) dans le prolongement, surmontée des Tables de la loi. Un oculus central orné d’un vitrail avec une étoile à huit branches couronne le tout. La tribune des femmes surplombe de part et d’autre le vaisseau central, rythmé par d’élégantes et fines colonnes de fonte à chapiteaux cubiques de style orientalisant sur dés de grès.
Une importante restauration a été menée en mars 2020. Ainsi l’ensemble des extérieurs, parvis compris avec un portail restauré et une clôture nouvelle, a été repris au profit d’un embellissement de l’édifice. Les pierres de taille, les enduits à la chaux, la zinguerie, les vitraux, ainsi que la cour ont bénéficié d’une restauration à cette époque.
Description de la maison du rabbin
De plan rectangulaire, la maison est située en fond de parcelle, côté est. Elle est orientée nord-sud, perpendiculaire à la synagogue. Simple et sans décor, elle possède toutefois côté sud une entrée double assez originale avec des encadrements en grès et une corniche avec une console moulurée, ainsi qu’un seuil avec un emmarchement.
Après le portail, dans le prolongement de cette entrée double, un garage, avec une porte sur volet roulant, a été construit dans la deuxième moitié du XXe siècle.
L’élévation de la maison est de trois niveaux : cave, rez-de-chaussée et étage. Seuls des volets à l’étage et au niveau de la cave, côté sud, existent encore aujourd’hui. Son mur pignon à l’ouest est aveugle ou quasi. Deux baies, l’une petite et une autre de cave, percent le mur relativement massif. Les intérieurs ne possèdent aucun élément remarquable, si ce ne sont conservés au sous-sol un bain rituel (mikvé) et un bassin dont l’usage n’est pas connu à ce jour.
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