De l’invention de la perspective aux visions symboliques
L’exposition L'horizon sans fin s’ouvre sur les débuts de la perspective linéaire au XVe siècle, une révolution qui bouleverse la manière dont l’espace est perçu et représenté. Plusieurs œuvres majeures illustrent cette nouvelle construction du regard. Parmi elles, Le Mariage de la Vierge du Pérugin témoigne d’une rigueur mathématique et d’une harmonie géométrique typiques de la Renaissance italienne.
Dans un registre narratif et symbolique, La Conversion de saint Clément de Bernardino Fungai montre comment la perspective est utilisée pour structurer des espaces complexes, peuplés de détails et de récits enchâssés. De même, La Vierge et l’Enfant entre deux anges de Hans Memling, avec son paysage flamand minutieusement peint en arrière-plan, révèle l’importance du décor naturel comme espace spirituel.
L’exposition présente également L’Artiste dessinant une femme allongée, une estampe fascinante d’Albrecht Dürer qui interroge justement le processus de construction du regard : une perspective artificielle, guidée par des outils optiques, y est mise en scène comme un acte de médiation entre le réel et sa représentation.
Paysages rares, puissants et poétiques
Parmi les trésors de cette exposition figure un ensemble rare de gravures d’Hercule Seghers, artiste hollandais du XVIIe siècle dont l’œuvre reste mystérieuse et précieuse – une dizaine d’œuvres seulement lui sont aujourd’hui attribuées. Trois d’entre elles sont exposées à Caen : Paysage à la branche de sapin, Vallée de la rivière, et Plaine entourée de montagnes boisées. Ces paysages étranges, à la fois réalistes et imaginaires, aux textures presque abstraites, montrent l’audace expérimentale d’un artiste méconnu mais fondamental.
L’exposition se poursuit avec trois toiles saisissantes de Gustave Courbet : La Mer, La Vague, et Vague du Léman, où l’artiste capture la matière et la puissance du mouvement naturel avec une force brute et sensible. Un tableau rare d’Édouard Manet, L’Évasion de Rochefort, inscrit un événement historique dans un paysage dramatique et suggestif, entre nuit et mer.
En contrepoint, le visiteur peut contempler un paysage photographique monumental de Gerhard Richter, Atmosphère du matin, où la lumière d’un coucher de soleil embrase l’horizon d’une douceur irréelle. Entre abstraction et figuration, cette œuvre pose la question : qu’est-ce que voir un paysage aujourd’hui ?
Des horizons contemporains
L’exposition se déploie également dans la seconde partie du musée, où sont rassemblées des œuvres contemporaines qui repoussent les limites traditionnelles du paysage. Parmi elles, Le Paysage de Polder avec un train à l’horizon de Piet Mondrian, encore figuratif mais déjà structuré par des lignes fortes et des blocs de couleurs, préfigure les recherches géométriques de l’artiste.
Anna-Eva Bergman est également à l’honneur avec plusieurs œuvres extraordinaires, dans lesquelles les paysages se transforment en rythmes métalliques, en horizons minéraux, en lumières cosmiques. Entre spiritualité et abstraction, elle propose un autre rapport à la nature, épuré et contemplatif.
Une Nuit des musées pour élargir tous les horizons
Cette exposition exceptionnelle s’inscrit dans le cadre de la Nuit européenne des musées, événement festif qui permet aux publics de découvrir gratuitement les musées en nocturne, dans une atmosphère conviviale et souvent insolite. En Normandie, cette Nuit met en lumière une programmation déjà foisonnante, et révèle la richesse du patrimoine muséal régional.
Pour découvrir toutes les animations prévues le 18 mai, retrouvez le programme complet sur le site de la DRAC :
Une nuit dans les musées normands
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