Historique de l’orgue
L’orgue de chœur de la cathédrale de Reims (1839-42) est l’œuvre de John Abbey a qui l'on doit également le grand orgue, sur lequel il travaillait à la même époque. Le buffet, dessiné par l’architecte Arveuf, a été réalisé par le menuisier parisien Gabriel Ventadour.
L’orgue échappe à l’incendie du 19 septembre 1914. Il sera démonté par la suite, ainsi qu’en attestent des étiquettes collées à l’intérieur du buffet mentionnant une « évacuation des objets d’Art de décembre 1917 ». La partie instrumentale sera reconstruite par la manufacture Mutin et inaugurée le 16 octobre 1921.
Le facteur Erwin Muller effectue un relevage en 1957, qui semble être la dernière intervention significative jusqu’à aujourd’hui.
Rencontre avec Pierre-Adrien Plet
Laurent Plet, facteur d'orgues, présente le détail de cette opération de relevage
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur l'histoire de cet instrument et ses caractéristiques ?
La partie mécanique de l’orgue date de 1920, la partie buffet, la plus ancienne, des années 1840. L'instrument a connu plusieurs modifications, a été rehaussé, prolongé en hauteur et toute la partie intérieure a été refaite à neuf après la Première Guerre mondiale. A cette époque, un nouvel instrument a été greffé sur cette coque extérieure, mais il n'est pas en adéquation avec l’ancien buffet et rien n’est d’équerre. L'instrument est un peu enterré, les tuyaux sont 1 mètre plus bas que prévu, le son est coincé en dessous et sort mal.
Les orgues de chœur, instrument du quotidien, qui vivent à l'ombre du grand, sont souvent les parents pauvres. Néanmoins, si cet instrument est effectivement hétéroclite et hétérogène, son buffet est lui superbe. Très élégant, très élancé, les sculptures notamment sont magnifiques. Il a été dessiné par Arveuf. Malheureusement la tourelle centrale s'affaisse de longue date.
Des mesures de confortation de la tourelle centrale ont dues être installées ?
Des câbles prennent une partie du poids des tuyaux de façade depuis 2010 et, par précaution, une solution de confortation de la tourelle centrale, a également été mise en place à l'occasion de cette intervention.
Il ne s'agit pas de la redresser, mais de limiter toute progression éventuelle d’affaissement. Ainsi, à partir du triforium, deux câbles de rappel ont été placés de part et d'autre du culot de la tourelle. Un dispositif de tension par système à vis, avec ressorts, permet d'ajuster la longueur des câbles en fonction des variations de la température.
Quelle a été l'intervention sur la console ?
Le clavier a été déposé et restauré en atelier. Le principal problème mécanique concerne les touches qui se gauchissent (déformation), à cause du bois utilisé à l’origine. Il s’agit de tulipier, un bois qui travaille un peu bizarrement, d’où cet aspect assez irrégulier des touches qui ont, pour certaines, extrêmement vrillé au fil des années.
Il a fallu poser des coins en bois pour les redresser et l’arrière des touches a été fendu pour rendre le clavier du haut plus facilement démontable au cas où il serait nécessaire d’intervenir à nouveau dans des opérations de maintenance futures. Les touches, devenues presque marron avec l’usure du plaquage en plastique, ont été reblanchies par ponçage, puis repolies. Une barre de buttée a été ajoutée, différents éléments ont été repris pour fiabiliser la mécanique et les garnitures ont été remplacées.
L’intervention la plus importante sur cette console a été réalisée sur les deux barres d’équerre. Elles ont été mises sur des axes, par l’arrière, de façon à ce que, rendues mobiles, elles suivent les mouvements de l’hygrométrie. Cet instrument est en effet très sensible aux variations hydrométriques, et il était à chaque fois nécessaire de reprendre tous les réglages, depuis les claviers, à chaque saison. Pour réadapter l’instrument à cette modification mécanique, les réglages de fond ont été repris complètement.
Et sur le buffet, comment avez-vous procédé?
L’orgue était très empoussiéré. Aucune intervention n’avait été réalisée à l’intérieur de l’instrument depuis 1956. Les aspirateurs ont travaillé en continu, à plein régime, pendant plusieurs jours ! L'ensemble de la statuaire a été dépoussiéré.
La tuyauterie et les sommiers ont également été révisés ?
Concernant la tuyauterie, exceptés les tuyaux de la façade qui ont été nettoyés sur place, ceux de la partie arrière ont été déposés et révisés en atelier. Il s'agit des tuyaux à anche qui ont une partie mécanique assez fine. Chacun a été entièrement démonté, repris et réajusté en atelier y compris pour la partie sonore. Il ont été passés sur un mannequin, c'est à dire un orgue d’essai, pour vérifier le son, puis débosselés, remis au rond et remontés. On compte plusieurs centaines de jeux sur cet instrument.
L'étape un peu délicate concernait les sommiers, car nous ne savions pas quel était leur état. Leur étanchéité a été vérifiée, c'est ce qu'on appelle l'enchappage, des soupapes ont été dégauchies et des tubes de postage réparés.
Enfin, concernant la partie d’alimentation, le trajet de l'air sous pression a été testé sur tout son trajet, afin de supprimer toutes les fuites. Elles ont été bouchées avec des pièces de peau collées sur les anciennes. Les réglages mécaniques ont été repris et les tuyaux remis en place.
Détail de l’intervention sur l'orgue de chœur de la cathédrale de Reims
- dépose de l’ensemble de la tuyauterie, et nettoyage des tuyaux et des organes internes de l’orgue ;
- remise en état du système de commande pneumatique de la pédale ;
- vérification des tubes de postage et réglage de l’enchappage des sommiers ;
- remontage ;
- travaux sonores : égalisation de l’harmonie et accord général.
Travaux complémentaires :
- amélioration du Plein-Jeu du clavier de Récit ;
- consolidation de la tourelle centrale du buffet.
Calendrier
Janvier - juin 2022
Montant des travaux
55 000 €
Financement
100% État / DRAC Grand Est
Maîtrise d'ouvrage
DRAC Grand Est
Maîtrise d'œuvre
Eric Brottier
Entreprise
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Restauration de l'orgue de tribune de la cathédrale de Reims (ezlocation://288157)
Inventaire national des orgues
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