Pourquoi avoir choisi de rejoindre ce programme ?
L’appel à projets élaboré pour les résidences « Jeunes ESTivants » correspondait à mon parcours et à mon travail. Je suis directrice artistique de la compagnie Yugen et diplômée de l’enseignement supérieur culture depuis moins de cinq ans. Depuis le début de l’année, je me suis consacrée à l’écriture d’un projet en privilégiant une écriture contemporaine. L’appel à projets ciblait les territoires ruraux ; or, c’est précisément un des objectifs de notre diffusion : porter un projet théâtral auprès d’un public n’étant pas forcément initié en proposant des spectacles dans des lieux non dédiés comme des crèches, écoles maternelles, salles polyvalentes, mairies... Je suis persuadée que c’est en proposant des spectacles de qualité dès le plus jeune âge que nous pourrons susciter un véritable intérêt pour l’univers de la culture auprès de ces futurs adultes et de leur famille. Après un petit travail d’adaptation et d’amélioration du plan de feu élaboré en résidence, une diffusion du spectacle dans les théâtres est prévue.
Quel était votre projet ?
Avec l’aide d’Alice Hard, ma partenaire de travail pour cette résidence, nous avons créé un seul-en-scène jeune public (à partir de trois ans) mêlant marionnettes, contes et magie, intitulé « Hethel et la rencontre du petit peuple de la forêt » à l’occasion de cette résidence marquée par la co-construction de créations partagées, des actions de médiation et la valorisation des territoires ruraux.
C’est l’histoire d’une jeune sorcière qui tente de concocter une potion pour retrouver sa maman disparue. Pour l’aider dans sa quête, elle demandera conseils au public, à son compagnon-corbeau, Bran, et partira à la rencontre du petit peuple de la forêt. Il s’agit d’un spectacle poétique, participatif, sensoriel, qui aborde avec délicatesse des thèmes parfois difficiles à décliner au sein des familles comme le deuil, l’anxiété, la résilience, donnant des outils et des possibilités de sujets et d’échanges avec les adultes, favorisant l’établissement d’un sentiment de confiance.
Au cours de son périple l’héroïne apprend aussi d’autres notions comme la persévérance, l’entraide, la nécessité de prendre soin de la faune et de la flore…
L’originalité de notre projet réside aussi dans le partage de ce spectacle flexible, facilement transportable avec des comédiennes de différentes régions : Bretagne, Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire.
Quels premiers enseignements tirez-vous de cette expérience ?
Pour une compagnie émergente comme la nôtre, la résidence a donné l’occasion de montrer notre univers et de faire connaître notre ligne artistique, non seulement auprès du milieu rural mais également de rayonner jusqu’à la ville de Troyes. Philippe et Brigitte ont été d’une aide précieuse puisqu’ils nous ont mis en relation avec une journaliste qui a écrit d’excellents articles sur le projet, la résidence, les médiations et le spectacle.
C’est une expérience très positive qui m’a notamment permis de consolider mon expérience dans la création de spectacle, que je réalise pour la première fois de bout en bout : écriture, décors, mise en scène, ambiance musicale et sonore, initiation à la régie lumière… j’ai pu également bénéficier d’une transmission de savoir-faire, notamment pour la création et la gestion d’ateliers.
En termes de création spectacle pure, nous avons pu confronter la théorie à la pratique, remanier le texte au plateau, sélectionner les tours de magie pertinents par rapport à l’histoire, travailler le jeu d’acteur, améliorer les décors et les costumes… Les échanges, bords-plateau, médiations avec le public ont favorisé la création d’une pièce correspondant aux attentes de notre cible, tout en gardant les valeurs importantes du spectacle que je souhaitais véhiculer et qui en font sa richesse.
La compagnie a également développé de nouveaux contacts, intégré des réseaux supplémentaires, rencontré des personnes souhaitant s’impliquer bénévolement dans les projets de la compagnie. Par exemple, Christian Brendel et Maria-Pascaline Naudin, directeurs du Théâtre Le Quai à Troyes, nous ont mis en contact avec Philippe et Brigitte Ménétrier qui ont accepté de construire ensemble ce projet de résidence. Francine Avisse, animatrice adjointe de direction de la FDMJC-MPT Aube, a été d’une aide appréciable pour l’organisation des temps forts et des ateliers au cours de la résidence. Le soutien de telles personnes relais, avec une véritable expertise de leur public et de leur métier, est un véritable atout dans le bon déroulement de ce genre d’initiatives, en particulier en milieu rural.
L’impact auprès du public est le véritable cadeau de cette résidence. Nous avons eu la sensation d’avoir une véritable empreinte positive auprès des enfants et des adultes, que ce soit au travers des médiations ou des restitutions du spectacle. Nos objectifs de départ : dynamiser la vie culturelle locale, favoriser l’accès à la culture en ruralité, créer du lien social, sensibiliser à l’écologie à la solidarité et à la découverte de soi, nous semblent donc remplis. Nous avons aussi été sollicitées pour jouer le spectacle dans au moins trois lieux différents dans le Grand Est pour la saison 2026.
Cette expérience m’a permis d’approfondir mes connaissances et de consolider mes pratiques dans la gestion d’un spectacle ! C’est une belle première immersion sur le territoire du Grand Est.
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