Depuis le XIVe siècle, trois horloges astronomiques se sont succédées à la cathédrale de Strasbourg.
Celle que l'on peut admirer actuellement, dans le bras Sud du transept, est l’œuvre de Tobias et Jacob Stimmer pour le décor du buffet Renaissance, sous la direction de Hans-Thoman Uhlberger, architecte de l’œuvre Notre-Dame (en 1669, les cadrans, au moins, seront repeints, de même que le cadran extérieur qui est un élément renvoyé de l'horloge intérieure).
Entre 1838 et 1843, ce buffet est repris et modifié par Jean-Baptiste Schwilgué, professeur de mathématique à Sélestat, pour y installer une nouvelle mécanique horlogère.
Parti pris d'intervention
L'état de référence retenu pour cette rénovation est celui de 1843, lorsque l'horloge fut livrée par Schwilgué et définitivement réceptionnée.
Il ne s'agit pas ici de restituer des états ou partie d'état antérieurs, mais de rendre la lecture de l’œuvre plus facile, en décrassant les surfaces et en veillant à permettre la conservation des éléments abîmés.
État du buffet avant travaux
Un constat général de l'état du buffet et des pathologies relevées a été dressé par un atelier spécialisé en juin 2017. Plusieurs pathologies ont été relevées : présence d'insectes xylophages, d'efflorescences salines, ainsi que quelques contaminations fongiques. Enfin, certaines zones peintes présentaient des écaillements, l'ensemble étant très encrassé et la statuette au sommet du buffet brisée.
Programme de travaux
Les travaux à entreprendre ont été confiés à une équipe pluridisciplinaire incluant les qualifications particulières en matière de restauration de supports bois, support pierre, peinture et métal. Les restaurateurs engagés sur ce chantier sont tous titulaires d'un diplôme du grade de Master en restauration d’œuvre d'art, ou équivalent, et habilités par le service des Musées de France à restaurer des œuvres de musées de même nature.
Ce chantier a mis à profit l'échafaudage monté dès le début de l'année 2018 pour les travaux de restauration des vitraux (Atelier Parot). Le professionnalisme de l'entreprise Europe échafaudage a permis, dans des délais très contraints, d'assurer les interventions combinées des différents corps de métier.
Les travaux sur le buffet sont menés sous la direction de Louis-Napoléon Panel, conservateur à la Conservation régionale des monuments historiques de la DRAC Grand Est et supervisés par un comité scientifique composé de conservateurs, universitaires, scientifiques, ainsi que l'architecte des bâtiments de France - conservateur de la cathédrale (UDAP 67) et l'architecte en chef (ACMH).
- Travaux d'étude :
- une campagne photographique complète pour réaliser des vues de détail de l'ensemble des éléments du buffet ;
- une campagne d'observation visant à identifier les modifications structurelles opérées sur le buffet, notamment en 1839-1842, lorsque les nouveaux cadrans et automates furent adaptés sur le buffet Renaissance ;
- des études stratigraphiques, pour compléter l'observation archéologique par une enquête physique, rigoureusement localisée, visant à préciser les états successifs du buffet ;
- des prélèvements de peinture pour analyse en laboratoire.
- Travaux d'entretien :
- un dépoussiérage complet du buffet, par aspiration, à la brosse douce ;
- un décrassage complet ;
- la consolidation et le refixage, le cas échéant, des assemblages désolidarisés ;
- le traitement des infestations xylophagiques ;
- le traitement des contaminations fongiques ;
- le traitement des efflorescence salines ;
- la passivation des pièces métalliques corrodées ;
- le remplacement d'une vitre de 42 x 118 cm en partie basse.
Ces travaux s'accompagneront d'une réforme, voire d'une purge des installations électriques présentes dans l'horloge, sous la direction de la DRAC - Unité départementale de l’architecture et du patrimoine du Bas-Rhin (UDAP 67). La sécurité et la sûreté de cet ensemble seront également revus.
- Travaux de conservation :
- consolidation et refixage des zones fragilisées de la couche picturale ;
- comblement et réintégration des lacunes de polychromie ;
- restitution de certaines parties sculptées perdues ;
- consolidation et refixage de la statuette en grès terminant le pinacle sommital, représentant l'architecte Hans Thoman Uhlberger, brisée au niveau des pieds (depuis 1944?) et qui fait actuellement l'objet d'une restabilisation provisoire au fil de cuivre.
Les entreprises
- Support bois et pierre, sculptures : Aubert Gérard, Anne Bendelé-Gérard, Walérian Loyon, Juan Carlos Bermejo et Christophe Masseron du Centre régional de restauration et de conservation des œuvres d’art (CRRCOA, Vesoul) ;
- Couche picturale : Julie Sutter (Horbourg-Whir) ;
- Métaux : Ryma Hatahet (Besançon) ;
- Archéologie du bâti : Ilona Dudzinski (Pulheim, Allemagne).
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