Deuxième édition pour la "Fabrique du livre jeunesse". Ce dispositif, proposé dans le cadre de l'été culturel, invite 20 auteurs illustrateurs jeunesse du Grand Est à partager, avec les jeunes, leur expérience de création à travers des ateliers ludiques et créatifs. Il est financé par la DRAC Grand Est et la Région Grand Est et son organisation a été, à nouveau, confiée à l'association Interbibly. Rencontre avec Caroline Oudart, sa directrice.
Du 12 juillet au 28 août 2021
Avec La "Fabrique du livre jeunesse", 20 médiathèques, associées à des centres de loisirs et des centres sociaux, en liaison avec les librairies de proximité du Grand Est, ont concocté un programme permettant, à tous les publics, notamment les enfants, de faire découvrir la richesse de la littérature jeunesse, de valoriser les artistes auteurs et de mieux faire connaître les créateurs de proximité.
Entretien avec Caroline Oudart
Directrice d'interbibly et chargée de mission vie littéraire & lecture publique
Cette deuxième édition a-t-elle été plus facile à organiser ?
Caroline Oudart : il est vrai que l'édition 2020 a été montée en 3 semaines ! Nous venions de sortir du confinement et il s'agissait, alors que les bibliothèques, qui avaient été fermées complètement réouvraient, de proposer à la fois de l’activité aux auteurs et au public, notamment aux familles qui partaient assez peu en vacances, et d'accompagner les bibliothèques dans leur reprise.
Toutes les remontées que nous avons eu sur cette opération étaient positives. Elle a été vécue, pour chacun, comme une bouffée d’oxygène sur l’été. Et durant l’année, les demandes pour sa reconduction ont été nombreuses, aussi bien venant des structures qui avaient participé, que de celles qui n’avaient pas pu déposer de dossier parce ce que les délais étaient trop courts.
Pour cette édition, les demandes ont été deux fois plus nombreuses, du côté des bibliothèques et des auteurs.
Des critères objectifs de sélection ont été établis, pour trouver une forme d’équilibre, comme la répartition territoriale sur l'ensemble des départements de la région Grand Est, une attention particulière portée aux bibliothèques/ médiathèques qui avaient un projet déjà défini avec un auteur, ou la participation à l’édition 2020, l'objectif étant de laisser la place aux autres.
De plus, l’été culturel, dans le Grand Est, se déploie autour de 7 dispositifs différents et la DRAC a redirigé certaines demandes vers le dispositif des jeunes ESTivants où dans les dispositifs "livres" comme le "Livres invisibles" ou "Partir en livres".
Nous avons procédé de la même façon pour les auteurs, un équilibre territorial a été recherché et nous avons pris en compte les compatibilités de calendriers, leur mobilité géographique…. Et puis nous ne sommes pas dans le même cas de figure que l’année dernière, l'activité des auteurs est heureusement plus importante.
Y a-t-il un profil type de la bibliothèque-médiathèque qui participe au dispositif ?
Caroline Oudart : en 2020, les bibliothèques participantes étaient surtout situées en milieu rural, au sein du réseau des bibliothèques départementales. L'opportunité de prendre part à un tel dispositif, financé par la DRAC Grand Est, tandis qu'Interbibly gérait toute la partie administrative, ainsi que l'organisation de la rencontre est un soutien inestimable pour ces très petites communes. Elles pouvaient se concentrer sur l'accueil du public et de l'auteur.
Dans ces villages, où il n’y a aucun centre d'accueil ou d'animations pour le jeune public, La Fabrique du livre jeunesse a pu quelquefois être la seule proposition de l'été. L’organisation était très ouverte. Certaines bibliothèques ont développé un projet sur une semaine complète, avec les mêmes enfants, qui ont ainsi travaillé 7 ou 8 fois avec l’auteur. Ce travail suivi, exceptionnel, a ouvert les possibilités et les auteurs ont souligné le confort que représentait cette possibilité, très riche sur le plan du rendu et des échanges… Un luxe qu’ils n’avaient pas eu depuis longtemps. Dans d'autres lieux, on pouvait avoir 8 groupes différents ou 8 centres aérés différents.
Avoir un coordinateur sur une telle manifestation, c'est un atout, c’est facilitant. Le bénéfice est vraiment important et permet de s'adresser également à des territoires plus isolés, où l'on accompagne un peu plus les auteurs. Cette année, plusieurs bibliothèques départementales pilotent des projets, en Alsace, dans les vosges, la Marne, ou l'Aube. Dans le Bas-Rhin et le Haut-Rhin, la bibliothèque d’alsace a ainsi conçu une "mini" tournée sur plusieurs lieux.
Quel est le rôle d'Interbibly ?
Caroline Oudart : Interbibly coordonne, administrativement, techniquement, mais le projet est co-construit entièrement par le lieu et l’auteur, qui définissent les âges, les types de contenu, le nombre de groupes, les animations tout public.
Les librairies ne sont pas oubliées. L’idée est que, sur le temps ou l’auteur est présent, il puisse y avoir un moment avec le libraire, de vente et de dédicaces de l’auteur, pour les enfants qui ont participé. La grande inconnue, cette année, est la mise en place du pass sanitaire.
Quelles sont les motivations des artistes ?
Il y a, parmi ces artistes, une grande diversité des techniques proposées et des approches. Les auteurs présents ont tous une expérience dans le domaine de l’animation, il est d'ailleurs rare que des auteurs jeunesse n’aient pas le goût du travail en atelier de pratiques artistiques.
Selon leurs possibilités et leur mobilité, nous leur proposons d'aller à la découverte d’autres territoires, afin de favoriser les rencontres… et certains sont partants! Les auteurs sont demandeurs de ces temps de partage autour de leur technique et de leur univers, de cette rencontre avec leurs jeunes lecteurs : se confronter avec la créativité des enfants, voir comment les enfants s’approprient les techniques proposées.
Du côté des jeunes, avoir l’auteur du livre devant soi, apporte une dimension physique au livre, qui est incarné. Cette rencontre c'est toujours quelque chose de merveilleux, qui reste exceptionnelle.
Comment avez-vous vécu professionnellement la crise sanitaire ?
Caroline Oudart : la crise sanitaire a bouleversé notre façon de travailler, comme tout le monde. La difficulté, pour une organisation professionnelle, est que nous n’avons plus de temps d’échange en présentiel, la première journée professionnelle en présentiel a été organisée en juin 2021. On a utilisé les outils numériques pour continuer à avancer, garder le contact, travailler ensemble. Il s'agissait d'identifier les difficultés des uns et des autres, de proposer des solutions, des temps d’échanges et d’informations professionnelles.
Au final, le fait d’enlever la contrainte du déplacement, du temps de trajet, de son coût, nous a permis d’ouvrir et d’étendre le réseau, d’augmenter le nombre et la répartition des professionnels sur la grande région. Nous avons plutôt été en surcroit d’activités, car nous avons essayé d’adapter nos propositions à la situation, avec par exemple, l’opération "Livre invisibles". Les retours sur cette première opération étaient très positifs, car elle a permis de créer du lien.
Notre seul regret sur La "Fabrique du livre jeunesse" est de ne pas pouvoir être sur place, le programme est trop riche, se déroule dans tant de lieux différents qu’il n’est pas possible pour l’association d’être présente partout. C’est frustrant. Mais, en tant qu'association professionnelle, on est totalement à notre place sur ce type de dispositif. On coordonne, on facilite la mise en réseau, l’interconnaissance des uns et des autres.
Les auteurs illustrateurs participants
Liberty Azenstarck (67)
Csil (08)
Julie Escoriza (67)
Sherley Freudenreich (67)
Anna Griot (67)
Delfine Guy (51)
Johan Heliot (88)
Léonie Koelsch (67)
Noëlle Letzelter (67)
Anne Mahler (68)
Karine Maincent (54)
Stéphanie Marchal (51)
Sylvie de Mathuisieulx (67)
Saehan Parc (67)
Adrien Parlange (67)
Olivier Philipponneau (51)
Camille Tisserand (67)
Florence Voegele (67)
Minna Yu (54)
Didier Zanon (54)
En savoir plus et consulter le programme
Le site internet d'Interbibly
Consulter le bilan 2021 de "La Fabrique du livre jeunesse"