Elle est apparue comme « une évidence », au plus fort de la crise sanitaire. Destinée à renouer le fil qui relie les artistes au public, « Plaine d’artistes » – une manifestation entièrement gratuite conçue par l’établissement public du Parc et de la Grande Halle de La Villette, qui ouvre « l’été culturel » du ministère de la Culture – dévoile, entre le 2 juillet et le 2 août, ce que le public ne voit jamais : les coulisses de la création. On pourra ainsi assister – entre autres choses – aux répétitions des spectacles de créateurs que l’on ne présente plus, comme Bartabas, Angelin Preljocaj et Mourad Merzouki, mais aussi aux productions de près de 300 artistes prometteurs. Entretien avec Didier Fusilier, président de l'établissement public de La Villette.
En quoi consiste « Plaine d’artistes » ?
Nous avons voulu initier un programme de répétitions sur l’ensemble du parc de La Villette mais aussi auprès de nos partenaires, le Théâtre Paris-Villette, la Grande Halle, le Hall de la chanson et la Philharmonie de Paris. Autrement dit, montrer les coulisses de la création, toutes choses que l’on ne fait pas d’habitude. Notre deuxième ambition était d’offrir au public des éclats d’émerveillement, libre à lui de picorer à sa guise des impressions artistiques – et de rester cinq minutes ou une heure.
Notre ambition est d'offrir au public des éclats d’émerveillement, libre à lui de rester cinq minutes ou une heure
« Côté coulisses », « Les moyens du bord » et « Côté jardin » : la programmation se décline en trois mouvements…
« Côté coulisses » donne la possibilité, à travers une promenade dans le parc au gré de ses envies, d’assister au travail artistique de chorégraphes tels que Angelin Preljocaj, Mourad Merzouki, Marion Motin, ou encore Bartabas, d’entendre Norah Krief lire quelques lettres tirées du livre de Frédéric Worms, Pour un humanisme vital, ou de voir de la « nouvelle magie » avec Thierry Collet… Des formes artistiques très différentes les unes des autres. Il faut savoir que nous allons recevoir près de 300 artistes !
« Les moyens du bord » est une opération initiée par le Centre Pompidou avec le directeur du musée national d’art moderne, Bernard Blistène, qui permet de découvrir le travail de neuf plasticiens qui vont investir la Grande Halle pendant un mois pour y monter leur œuvre en temps réel.
« Côté jardin », enfin, est un parcours sonore proposé par l’Ircam avec une installation immersive étonnante dans un des grands jardins du parc, le jardin de la Treille, mais aussi, un peu partout, toute une série de perceptions artistiques pour le grand public.
L’opération était-elle prévue de longue date ou est-elle née de la crise sanitaire que nous traversons ?
Du fait de la crise sanitaire, nous avons dû annuler beaucoup de spectacles. Nous avons donc imaginé cette forme d’action artistique un peu spéciale, que nous avons proposé à la plupart des artistes que nous devions programmer. Tous ont accepté, ce dont nous sommes particulièrement heureux.
C’est une opération qui donne aussi l’occasion d’une fusion avec les techniciens, les agents d’accueil. À travers elle, c’est tout notre réseau d’activité que nous essayons de redynamiser. Cette formule répond naturellement aux conditions sanitaires de distanciation, on n’assiste pas à un spectacle abouti mais à autre chose - des bribes, des fragments, des reprises.
L’objectif principal de « Plaine d’artistes » est que le public, pour une large part populaire que nous accueillons, découvre des formes artistiques et entre dans des endroits où il ne va d’habitude jamais.
Une opération intéressante également pour les artistes...
Prenons l’exemple de ce qui se passe dans les jardins entre 22h et minuit : un immense artiste, Christian Boltanski, et trois grands vidéastes, vont projeter leurs images sur les arbres du parc en pleine nuit. Que le travail de ces artistes puisse s’ouvrir largement, notamment auprès d'un public peu habitué à la création artistique, est en soit un événement. Nous expérimentons ainsi de nouvelles formes d’approche, une manière de faire se rencontrer artistes et public différemment, sous le signe de l’intime.
Partager la page