D’une ampleur inédite, réunissant les étudiants des écoles nationales supérieures d’architecture et de paysage qui se sont vu confier la réalisation de 20 pavillons éphémères dans le cadre de Paris 2024, le projet Archi-Folies 2024 n’a pas son pareil pour fédérer et galvaniser les équipes. Chaque temps fort du projet l’a montré : au moment du lancement du projet, les étudiants étaient déjà dans les starting blocks, si désireux d’entrer dans le vif du sujet qu’ils ont pu montrer leurs premières maquettes dès l’été dernier. L’atelier collaboratif organisé le 9 février n’a pas failli à la règle : alors que ces derniers mois, les échanges se sont intensifiés avec les fédérations sportives partenaires, ce sont des projets en phase de réalisation que les étudiants ont présentés.
Après Paris-Malaquais en juillet dernier, c’est à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-Belleville que les acteurs du projet Archi-Folies sont cette fois réunis. Un projet porté par le ministère de la Culture et accueilli à l’Établissement public du parc et de la grande Halle de la Villette qui « a eu l’excellente idée de faire travailler ensemble les écoles d’architecture », rappelle François Brouat, directeur de l’ENSA Paris-Belleville, qui plaide pour d’autres initiatives de ce type à l’avenir. Il n’est pas le seul : Hélène Fernandez, directrice adjointe au directeur général des patrimoines et de l’architecture, chargée de l’architecture, au ministère de la Culture, se dit « émerveillée » chaque fois qu’elle découvre les projets. Ceux-ci sont « emblématiques de l’évolution des études d’architecture qui sont de plus en plus inscrites dans les problématiques contemporaines, ajoute-t-elle. Le projet Archi-Folies est pionnier tant sur le plan de la réalisation que sur celui de la coopération. Il pose une question – comment travailler ensemble ? – qui est appelée à devenir centrale dans les études d’architecture ».
Une prochaine journée de rencontres, dédiée à la préparation du démontage et de la relocalisation des pavillons, aura lieu le 21 mai, soit deux mois avant le début des Jeux Olympiques et Paralympiques. Mais pour l’heure, s’il faut retenir une date, c’est celle du 8 mars, « jour de remise des premiers livrables », précise Maxime Bonnevie, directeur général des Grands Ateliers, lieu de formation, d’expérimentation et de recherche en architecture situé à Villefontaine dans l’Isère, qui accompagne le projet, avant de donner la parole pour trois minutes aux écoles afin qu’elles présentent leur projet. Au terme de ces prises de paroles, nous avons distingué quatre enjeux.
Enjeu n°1 : l’état d’avancement des projets
L’état d’avancement des projets est particulièrement satisfaisant, même s’il présente certaines disparités. L’ENSA de la Réunion, qui pilote le pavillon de la Fédération de surf, remporte la palme de l’avancement, puisque la structure « est quasiment prête à être envoyée ». L’ENSA de Bretagne a déjà « transmis au bureau d’études structure » afin que celui-ci effectue les calculs permettant de dimensionner les éléments structurels du bâtiment, les éléments du pavillon de la Fédération française de tir à l’arc qu’elle est chargée de concevoir. Enfin, le pavillon de la Fédération française de gymnastique confiée à l’ENSA de Saint-Étienne est « en cours de réalisation ».
Enjeu n°2 : les échanges avec les fédérations sportives ont été substantiels
L’ENSA Bordeaux a eu des réunions « tous les mois » avec la Fédération française de pentathlon moderne, l’ENSA de Paris-La Villette « échange depuis le début » avec la Fédération française de lutte, et des danseurs de breakdance sont même venus à l’ENSA de Lyon qui pilote le pavillon de la Fédération française de danse. « Cela nous a permis d’avoir un autre point de vue sur la discipline. Nous avons notamment compris que le sol était très important, d’où le soin apporté à cette question », témoignent les étudiants lyonnais. Les échanges ont notamment été particulièrement nourris s’agissant des animations que les fédérations souhaitent présenter à l’intérieur des pavillons, un paramètre dont leurs concepteurs ont naturellement tenu compte. Entre autres projets, la Fédération de tir à l’arc entend se servir de son pavillon comme d’un pas de tir pour initier le public à son sport, et la Fédération française d’escalade que pilote l’ENSA de Paris-Est, a placé la pratique de ce sport « au cœur même de la construction du pavillon ».
Enjeu n°3 : le bois est le matériau qui a remporté tous les suffrages
L’ENSA Nancy, associée à la Fédération française d’Aviron, a mené un projet de recherche en stratoconception – un procédé d’assemblage de couches à partir de plaques découpées en 3D – pour son projet qui « file l’allégorie de la rame et de l’arborescence », l’ENSA Bordeaux a noué un partenariat avec l’école supérieure du bois de Nantes, celle de Paris-Est associée à la Fédération française d’escalade a conçu « une structure en matériau bois biosourcé et a bénéficié de l’encadrement d’un artisan charpentier ». L’ENSA Grenoble associée à la Fédération française Canoé-Kayak a saisi l’opportunité qui lui était offerte d’aller aux Grands Ateliers pour fabriquer une première série de prototypes et a bénéficié d’un achat de la structure à prix coutant, projet lui-même couplé à une réflexion sur la façon dont le béton se réinvente à la faveur de la transition environnementale.
Enjeu n°4 : l’enjeu écologique est au cœur de tous les projets
L’objectif de l’ENSA Lille, associée à la Fédération française de basketball, était « d’avoir un pavillon le plus bas carbone possible ». Le bois utilisé par l’ENSA Lyon pour le pavillon de la Fédération française de la danse vient des « scieries du Rhône » (il est donc biosourcé) et « un système d’assemblage va permettre de conserver le bois ». L’ENSA Marseille, associée à la Fédération française de la voile, fait une large place au réemploi pour son projet qui reprend le principe du voilier et du mât. Même chose pour celle de Montpellier associée à la Fédération française de roller skate qui construit un pavillon en éléments d’échafaudages et privilégie le circuit court : les éléments d’échafaudages seront ceux disponibles à Paris. L’ENSA Toulouse associée à la Fédération française de Rugby a pour objectif de « faire le plus d’effet avec le minimum de matière ».
Outre le bois, le pavillon de la Fédération française d’athlétisme, conçu par l’ENSA de Paris-Belleville, comportera « des éléments en carbone récupérés d’un avion, l’Airbus A320 ». La paille est « l’élément structurel » du pavillon de la Fédération française d’équitation que pilote l’ENSA de Versailles. L’école spéciale d’architecture, à qui a été confié la réalisation du pavillon de la Fédération française de badminton, a pour objectif de « réutiliser au maximum les matériaux ». Enfin, le pavillon de la Fédération française d’escrime, conçu par l’ENSA de Paris-Malaquais, avec ses deux espaces – « l’un d’eux est public, l’autre plus confidentiel » dans une sorte de réversibilité – « a été conçu avec des matériaux issus de la filière de réemploi, notamment via une opération de collecte de matériel d’escrime non utilisé ».
Avec le projet Archi-Folies, l’architecture sera présente à Paris 2024
Répartis autour de la Grande Halle qui accueillera notamment les célébrations des médaillés (les concerts, l’ensemble des espaces de réception ainsi que le centre des médias), les pavillons promettent déjà d’être de magnifiques vitrines du club France, lieu unique dans son format et son envergure, avec 900 athlètes et 700 000 visiteurs attendus.
Avec ses 2000 étudiants réunis autour d’un réseau d’innovation pédagogique unique, le projet Archi-Folies est un navire prêt à tout affronter. « Après ceux de 1924 qui prévoyaient déjà un programme d’équipements à construire, l’architecture sera de nouveau présente lors des Jeux Olympiques et paralympiques de Paris 2024 ! », conclut Hélène Fernandez.
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