Restituer les biens culturels acquis durant la colonisation aux pays demandeurs est une question d'intérêt majeur pour de nombreux pays européens. Afin d'y parvenir, connaître la provenance des objets, depuis leur création jusqu'à leur entrée dans les collections des institutions culturelles, universitaires et/ou de recherche est une étape essentielle. Or ces parcours d'acquisition restent encore aujourd'hui insuffisamment documentés et souvent constitués d'informations très parcellaires.
Un fonds pour développer la recherche de provenance
Engagées jusqu'ici séparément sur la question des restitutions, la France et l'Allemagne ont décidé de réunir leurs données et de créer un fonds commun pour favoriser la recherche de provenance des biens culturels originaires d'Afrique sub-saharienne. Pendant trois ans, ce fonds a vocation à soutenir des projets de recherche portés par des consortiums regroupant des entités françaises, allemandes et africaines afin d'étudier et de documenter comment sont entrés les objets d'art originaires des pays africains sub-sahariens dans les collections françaises et allemandes.
Le contexte
Le 23 janvier 2023, à l'occasion du 60ème anniversaire du Traité de l’Élysée, est annoncé la création d'un Fonds franco-allemand de recherche de provenance de biens culturels provenant d'Afrique subsaharienne.
Le 9 octobre 2023, les ministres de la Culture française et allemande annoncent la mise en place du fonds franco-allemand de recherche de provenance des biens culturels d'Afrique sub-saharienne.
Pour la partie française, le ministère de la Culture assure la mise en œuvre et le suivi du fonds. Ce fonds s'inscrit dans le cadre de la politique portée par le ministère de la Culture visant à développer une nouvelle coopération patrimoniale avec les pays du continent africain.
Un fonds expérimental pendant trois ans reposant sur 3 piliers
Pour soutenir les projets de recherche de provenance, le fonds franco-allemand repose sur trois piliers :
- un financement franco-allemand à parité
Pendant trois ans, les gouvernements français et allemand abondent, à part égale, le fonds à raison de 360 000 euros par an chacun.
- le centre Marc Bloch : la structure porteuse
Centre franco-allemand de recherche en sciences sociales basé à Berlin, le centre Marc Bloch se caractérise par son interdisciplinarité. Il constitue un relais de premier plan pour la mise en réseau des structures, universités et autres centres de recherche des deux pays. Il accueille, dans son équipe, la cheffe de projet scientifique en charge de la mise en œuvre concrète du fonds franco-allemand ; il s'occupe spécifiquement de toutes les questions administratives liées à la gestion du fonds ; il propose à l'approbation des ministères allemand et français la liste des membres du conseil scientifique.
- un comité scientifique de haut niveau
Le conseil scientifique, dont la nomination est prévue en novembre 2023, est composé d'experts de France, d'Allemagne et d'Afrique sub-saharienne. Il aura en charge de définir le programme du fonds, le processus d'évaluation des projets et la sélection finale. Ces projets de recherche seront sélectionnés via des appels à projet publics et évalués selon leur qualité et leur intérêt scientifique ainsi que leur degré d'innovation dans le domaine de la recherche de provenance.
Un fonds pour impulser une démarche européenne
La question de la restitution des oeuvres concerne la France et l'Allemagne mais aussi les partenaires européens. Des pays comme les Pays-Bas ou la Belgique ont déjà engagé leurs propres politiques et des restitutions dans ce domaine.
Au terme de cette expérimentation, les gouvernements français et allemand présenteront les résultats obtenus devant les instances européennes afin d'inspirer de nouvelles actions à l'échelle du continent. Une mise en réseau renforcée, des échanges de connaissances et un partage global des données disponibles pourraient être les objectifs proposés.
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