Le prêt, pour une exposition consacrée aux peintres flamands Francken, du panneau peint « Les Trois Marie », conservé dans l’église Saint-Jean-Baptiste de Bar-sur-Seine, a permis de redécouvrir cette œuvre et de lui rendre tout son éclat.
Une œuvre qui pourrait être attribuée à la dynastie de peintres flamands « Les Francken »
La commune de Bar-sur-Seine est propriétaire d’un panneau peint représentant "Les Trois Marie", situé dans le transept sud de l’église Saint-Jean-Baptiste et classé au titre des Monuments historiques par arrêté du 14 mai 1975.
En 2019, la commune reçoit une demande de prêt de la part du musée de Flandre de Cassel (Hauts-de-France), pour une rétrospective consacrée à une dynastie de peintres flamands, les Francken.
Ce panneau peint, qui n’était jusqu’alors pas présenté lors des visites commentées de l’église, serait, d’après les spécialistes, de la main de l’un des membres de cette illustre famille, dont Frans II Francken fait le renom (1581-1642).
Une restauration respectueuse de l’œuvre
Il présente cependant un état de conservation préoccupant et ne peut être exposé en l’état : contraintes du support, panneau désolidarisé de son cadre, couche picturale altérée par la présence d’éléments acides (fientes de pigeon notamment). Revigorée par cette (re)découverte, la commune souhaite néanmoins lancer une première campagne de restauration, afin d’honorer la demande du musée et de mettre en valeur cette œuvre de très belle facture.
La DRAC Grand Est (service de la Conservation régionale des monuments historiques -CRMH) a apporté son soutien scientifique à la commune, qui a consulté plusieurs ateliers de restauration à partir des éléments techniques fournis par la conservatrice des Monuments historiques.
Altération de la couche picturale
Le plus gros du travail devait être réalisé sur la couche picturale, très sale, altérée par endroits, et comportant surtout de nombreux repeints occultant le style de certains détails, primordiaux pour réaliser des hypothèses d’attribution.
Ces mastics et repeints, hérités des restaurations menées par l’atelier Malesset en 1976 et de campagnes antérieures, se sont révélés majoritairement débordants durant l’intervention.
Un travail de réintégration minutieux
Le travail de réintégration, très minutieux, a permis de retrouver une facture parfois plus travaillée, notamment sur les visages.
La perception chromatique du panneau reste altérée, car certains pigments se sont décolorés, à l’instar de la garance (robe de la Vierge) et du bleu de smalt (voile de la Vierge aujourd’hui brun-gris).
La déontologie de la conservation-restauration doit cependant être respectée : il n’est pas ici question de procéder à une retouche colorée, car elle relèverait de l’hypothèse et porterait atteinte à l’authenticité du pigment initial, qui s’en trouverait altérée.
La perspective reste aujourd’hui biaisée : dans la composition initiale, le bleu du manteau de la Vierge et le rouge de sa robe la mettaient en valeur, alors qu’elle semble aujourd’hui effacée derrière les personnages du premier plan.
Photographies infra-rouges et radiographie
La restauration a également été l’occasion, en lien avec le Musée de Flandres et les commissaires de l’exposition, de mener des recherches et des analyses plus approfondies sur cette œuvre.
Des photographies infra-rouges et une radiographie du panneau ont ainsi été réalisées ; l’analyse des résultats et l’observation des dessins sous-jacents pourraient permettre de préciser le nombre de mains et d’en identifier certaines. Les ateliers flamands sont en effet connus pour avoir hérité leurs méthodes d’apprentissage de la tradition médiévale.
La notion de filiation y est très importante et se retrouve dans l’art des Francken, même si chacun des membres s’illustre dans des thématiques et des iconographies différentes.
Pour découvrir les secrets révélés par la restauration, une visite de l'exposition s'impose.
Valorisation de l’œuvre et de la restauration
Après la restauration, la prochaine étape est celle du transport du panneau peint jusqu’au musée de Flandre, à Cassel (Hauts-de-France), puis celle de son installation pour l’exposition. Elle fera l’objet de discussions in situ, entre la conservatrice de la DRAC Grand Est, les conservateurs et les commissaires du musée.
La commune réfléchit, toujours en lien avec la DRAC Grand Est, à une valorisation de l’œuvre et de la restauration dès son retour d’exposition, en juin 2021.
Exposition "La dynastie Francken"
Du 13 février au 13 juin 2021
Musée de Flandre à Cassel
