Moderniser et enrichir la langue française
Pour demeurer vivante, une langue doit être en mesure d’exprimer le monde moderne dans toute sa diversité et sa complexité. Vivante, la langue française l’est assurément, loin d’être figée dans la pratique quotidienne, elle évolue au fil des changements de la société française. Elle est même foisonnante dans les domaines scientifiques et techniques où, face à la tentation de l’emprunt aux langues étrangères, la vigilance est indispensable pour accompagner la création de termes français.
1972 – 2022 : 50 ans de politique d’enrichissement du vocabulaire scientifique et technique français
En 2022, nous avons célébré à la fois le cinquantième anniversaire du dispositif interministériel dont la mission est « de favoriser l’enrichissement de la langue française, de développer son utilisation, notamment dans la vie économique, les travaux scientifiques et les activités techniques et juridiques », et les soixante ans d’une volonté politique : en 1962, le Général de Gaulle requérait déjà la substitution dans le vocabulaire militaire de tous les termes empruntés à l’anglais par des termes français.
Cette entreprise collective, reposant largement sur le bénévolat de plusieurs centaines de spécialistes successifs issus des secteurs de l’entreprise, de la recherche et de l’université, a permis de doter la langue française de plusieurs milliers de termes dont un certain nombre appartiennent désormais au langage courant comme base de données, covoiturage ou infox.
10 termes clés de l’année 2023
- La crêpe stellaire, au lieu de stellar pancake, qui n’est pas une crêpe de la Chandeleur en perdition dans l’espace.
- L’hameçonnage par texto, au lieu de smishing : désormais, les courriels n’ont plus le monopole des messages frauduleux.
- L’habitat participatif, au lieu de cohousing, car bien vivre ensemble peut commencer dès la conception de l’habitat collectif.
- La finance verte, au lieu de green finance, la protection de l’environnement n’allant pas sans mettre la main à la poche.
- L’ennui professionnel, au lieu de bore-out, parce que l’épuisement n’est pas la seule cause du mal-être au travail.
- L’infodémie, au lieu d’infodemic, parce que, à l’époque des réseaux sociaux, les informations vraies comme fausses se propagent aussi rapidement qu’un virus.
- L’accaparement des mers, au lieu de ocean grab(bing), qui pénalise la pêche artisanale et les personnes qui en vivent.
- La chimiobiologie, au lieu de chemobiology ou chémobiologie : le Prix Nobel de chimie 2022 récompensait des travaux dans ce domaine.
- Le dialogueur pédagogique, pour utiliser l’intelligence artificielle à bon escient.
- Le parasport, parce que les Jeux paralympiques nous promettent eux aussi de remarquables performances.
10 termes clés de l’année 2022
- L’accès ouvert, au lieu de open access, qui permet au plus grand nombre de consulter des travaux de recherche.
- L’alerte malveillante, au lieu de swatting, parce que même les services d’urgence et de secours peuvent être les cibles de personnes mal intentionnées.
- L’application phare, au lieu de killer app : une innovation dont le rayonnement est immédiat.
- Le break, au lieu de breakdance ou breaking, une danse qui recevra ses premiers titres olympiques à Paris en 2024.
- Le confinement quantique, parce que ce domaine de recherche ouvre des portes inattendues.
- Le jeu vidéo de compétition, au lieu de e-sport : aujourd’hui, le jeu vidéo passe de la chambre aux enceintes des championnats internationaux.
- La licorne, au lieu de unicorn, parce que la valeur financière d’une entreprise peut parfois faire rêver.
- Le monovoiturage ou voiturage en solo, pour pouvoir lui préférer le covoiturage chaque fois que cela est possible.
- L’approche une seule santé ou de santé globale, au lieu de one health, parce qu’il devient difficile d’ignorer les liens étroits existant entre les santés des humains, des animaux et des végétaux.
- Le tournant décisif, au lieu de game changer, le terme d’une époque qui n’est pas avare de changements radicaux dans tous les domaines.
10 termes clés de l’année 2021
- La badgeothèque, au lieu de backpack,qui permet de conserver les attestations numériques de nos savoir-être et savoir-faire.
- Le biomimétisme, au lieu de biomimicry, pour le distinguer une fois pour toutes de la biomimétique (biomimetics).
- La compression côtière, au lieu de coastal squeeze, parce que l’érosion marine menace de plus en plus les littoraux.
- L’effacement ou culture de l’effacement, au lieu de cancel culture,pour mieux comprendre cette pratique venue d’Amérique du Nord.
- L’électromobilité, au lieu de e-mobility, car se prépare une révolution électrique des transports individuels et collectifs.
- La faille non corrigée, au lieu de zero-day vulnerability : nos logiciels et nos systèmes informatiques sont loin d’être infaillibles...
- Le haineur et la haineuse, au lieu de hater,qui sont toujours prêts à souffler sur les braises dans les réseaux sociaux.
- L’hydrogène d’origine renouvelable, au lieu de green hydrogen : un des 33 termes fondamentaux de l’hydrogène, essentiel pour réussir la transition énergétique.
- La manipulation psychosociale, au lieu de social engineering, parce que nous pouvons un jour ou l’autre être victime d’une manipulation pour nous extorquer données ou argent.
- Le va-et-vient public-privé, au lieu de revolving door, pour parler des cadres qui font la navette entre la haute administration et les grandes entreprises sans jamais avoir le tournis...
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