Les grands chantiers
Redonner à la langue française sa place dans le monde, c’est l’objectif du Président de la République dans son plan d’action « Une ambition pour la langue française et le plurilinguisme », lancé le 20 mars 2018. Il mise sur l’apprentissage, la communication et la création.
Une ambition politique pour la langue française et le plurilinguisme
Quatre ans plus tard, les avancées sont nombreuses, portées par une dynamique interministérielle et partenariale inédite. Le plan d’action suit trois axes : apprendre, communiquer et créer en français.
Apprendre
- Soutenir les systèmes éducatifs des pays francophones d’Afrique (financements, expertise, ressources, formation).
- Renforcer la place de la langue française apprise comme langue étrangère (avec 587 établissements bilingues labellisés « LabelFrancEducation »).
- Participer davantage à la formation des talents dans le monde (réseau d’enseignement français à l’étranger en développement, avec 567 établissements et 390 000 élèves ; universités franco-étrangères ; augmentation du flux d’étudiants internationaux en France ; label « Qualité FLE » des centres de langue ; Maison des étudiants de la Francophonie à la Cité internationale universitaire).
Communiquer
- Conforter la place du français sur la toile (Dictionnaire des francophones ; travaux France-Québec pour la « découvrabilité » des contenus en ligne ; Bibliothèque francophone numérique).
- Promouvoir les médias francophones et lutter contre la désinformation.
- Encourager l’usage du français et le plurilinguisme dans la vie économique et diplomatique (en particulier lors de la Présidence française du Conseil de l’Union européenne).
Créer
- Soutenir la création francophone : Afrique Créative, Fonds Jeune création francophone, projets de l’Institut français (livre, traduction et écritures dramatiques), pôles nationaux de référence pour la création francophone en France.
- Décloisonner les espaces culturels des pays francophones et favoriser la mobilité des talents (Saison Africa2020 ; à Tunis, États généraux du livre en langue française et Congrès mondial des écrivains de langue française, Grand prix national de la traduction).
- Rénover le château de Villers-Cotterêts et ouvrir la Cité internationale de la langue française.
Un projet présidentiel au château de Villers-Cotterêts
Après une longue campagne de restauration, le château royal de Villers-Cotterêts devient la Cité internationale de la langue française. Un lieu culturel et de vie entièrement dédié à la langue française et aux cultures francophones.
De l’ordonnance de Villers-Cotterêts en 1539 à la future Cité, le château symbolise la dimension éminemment politique qui préside aux destinées de la langue française. Lancé en 2018, le projet a été conduit par le Centre des monuments nationaux qui a assuré la restauration et préparé la programmation, avec le ministère de la Culture.
Rendre sensible et intelligible au grand public ce qui fait la langue française, telle est la finalité de ce projet totalement inédit. Il incarne une politique renouvelée du français et du plurilinguisme, inscrite dans le plan présidentiel pour la langue française et le plurilinguisme présenté en 2018 en réponse aux attentes des francophones d’aujourd’hui et de demain.
Appelée à refléter les réalités du français comme langue de partage, de création, d’innovation et de cohésion dans un cadre national et international, mais aussi territorial, la Cité ouvrira ses portes le 19 octobre 2023. Elle sera un lieu pluridisciplinaire de découverte et de rencontre (parcours de visite permanent, expositions temporaires, spectacles, conférences), d’apprentissage (formation au français, laboratoire d’innovation pédagogique) et de travail (résidences d’artistes, de chercheurs et d’entrepreneurs).
Pour aller plus loin :
Consacré à l'aventure du français, le parcours permanent offrira une immersion au cœur de la langue. Entretien croisé avec Barbara Cassins et Xavier North, membres du commissariat scientifique.
Barbara Cassin est philosophe et philologue, membre de l'Académie française. Xavier North est inspecteur général honoraire des affaires culturelles, ancien délégué général à la langue française et aux langues de France.
En quoi consistera le parcours de visite permanent ?
X. N. | Le parcours a été conçu pour rendre sensible un savoir sur la langue française, tout en proposant des moments d’émerveillement, de découverte et d’apprentissage. Le français y sera appréhendé dans sa dimension historique mais aussi dans ses relations avec d’autres langues. Les problématiques du passé y seront toujours mises en relation avec les questions d’aujourd’hui.
B. C. | Ce parcours pose des questions plus qu’il n’apporte des réponses. En matière de politique linguistique, on est toujours sur le fil du rasoir. Les événements, les pratiques langagières, seront présentés dans l’ambivalence de leurs causes et de leurs effets. À commencer par l’ordonnance de Villers-Cotterêts par laquelle François Ier fait échapper toute une nation à l’emprise du latin des clercs : elle permet au justiciable de comprendre ce qui lui arrive. Mais qu’arrive-t-il ensuite à tous ceux qui parlent, non pas latin, mais ces « patois » que la Révolution française veut éradiquer au nom des lumières de la raison ? Aujourd’hui la loi Toubon, qui contraint à l’usage du français, favorise en même temps l’enrichissement terminologique et la traduction. Et la langue de fer qu’est le français colonial peut devenir butin de guerre et langue d’émancipation.
Comment s’articule-t-il avec le projet global de la Cité ?
X. N. | Chaque partie de l’exposition portera un message simple : le français est une « langue monde », travaillée par la diversité. Dans sa matérialité de langue, c’est une invention continue. C’est aussi un sujet éminemment politique : le français a toujours été l’affaire de l’État. Ces trois séquences esquissent le projet culturel que développera la Cité.
B. C. | Une cité internationale de la langue française s’attache au français parlé hors de France et comme langue parmi les autres langues. Avec l’ambition de faire réfléchir : que pensez-vous de ce que vous voyez ?
Partager la page