Lancé en septembre 2024, "Mille cent jours" fédère dès son ouverture onze équipes artistiques et culturelles. Ce dispositif innovant propose des résidences artistiques de trois ans dans les établissements scolaires franciliens, de la maternelle au lycée. Artistes, élèves et enseignants y collaborent autour de projets de création en lien avec les territoires, explorant ensemble de nouvelles formes d’apprentissage et d’expression. Au cours de la même année, neuf projets sont initiés au sein d’établissements scolaires. En 2025, deux projets supplémentaires viennent compléter cette dynamique. Ainsi, ce sont aujourd’hui onze établissements qui bénéficient de la présence d’un partenaire culturel ou artistique, engagé dans des disciplines variées mais animé par une même ambition : faire de l’école un espace de création partagée.
Le dispositif offre à des artistes - danseurs, comédiens, marionnettistes, plasticiens, archéologues - l’occasion de travailler et de créer au sein d’un établissement scolaire. Bien plus que de simples interventions, ces résidences s’inscrivent dans la vie éducative. Elles tissent des liens de confiance, éveillent la curiosité et invitent chacun à participer à un processus de création exigeant et ouvert. Pour la DRAC Île-de-France, il s’agit d’offrir aux élèves une rencontre authentique avec l’art et la culture tout en accompagnant les enseignants vers une éducation culturelle durable, ancrée dans le réel.
Organisé un an après le lancement du dispositif "Mille cent jours", le séminaire du 12 novembre 2025 a réuni artistes, enseignants, responsables d’établissements et partenaires culturels autour d’un premier bilan d’étape. Cette journée d’échanges a permis de partager les expériences menées dans les onze établissements engagés, d’interroger les pratiques collaboratives entre art et école, et de réfléchir aux enjeux pédagogiques, citoyens et territoriaux portés par ces résidences artistiques.
Un dispositif ancré dans la durée
Issu du programme des Résidences territoriales et culturelles en milieu scolaire, "Mille cent jours" se distingue par sa durée et sa dimension inédite. Trois années, le temps nécessaire pour qu’un projet s’épanouisse, s’enracine et laisse une empreinte durable dans la vie de l’école. Chaque résidence prévoit au moins 180 heures d’interventions par an et l’implication de plusieurs classes. Ce cadre favorise un dialogue constant entre artistes et enseignants : les projets ne sont pas seulement vécus, mais pensés, partagés et transmis. Les artistes deviennent de véritables partenaires de formation, tandis que l’école leur offre un terrain d’expérimentation vivant, nourri d’imaginaires et d’expériences.
Une école, un laboratoire de création partagée
En plaçant la création au cœur du quotidien scolaire, le programme fait émerger de nouvelles manières d’apprendre, de collaborer et de regarder le monde. Les élèves deviennent acteurs de leur découverte, affinent leur sens critique et expérimentent la force du collectif. Expositions, spectacles, films ou créations numériques : les formes se multiplient, offrant à chacun la possibilité de partager le fruit d’un travail commun.
À Bazainville (Yvelines), l’artiste Katerini Antonakaki, invitée par l’association Marionnettes en Seine, conduit avec la compagnie "pEtites perceptiOns" le projet "Venus Song". L’association articule son action autour de deux axes complémentaires : la Biennale internationale "Mars à l’Ouest" et le programme d’innovations artistiques "Les Constellations". Dans ce cadre, la résidence "Mille cent jours" relie théâtre d’objets et archéologie autour de trois notions : la Trace, la Ligne et les Nœuds. Inspirés par la découverte de la statuette paléolithique Vénus de Renancourt, les élèves explorent la mémoire des formes et la transmission des gestes, dans un dialogue sensible entre passé et création contemporaine. Ce travail collectif débouche sur la présentation du projet lors de la prochaine édition du festival "Mars à l’Ouest" en 2026, prolongeant le lien entre école et scène artistique régionale.
À Paris, la compagnie "Ex-Voto à la Lune", dirigée par Émilie-Anna Maillet, explore depuis novembre 2024 avec les lycéens du lycée Voltaire les relations entre théâtre, arts numériques et création immersive. Le premier volet, "To Like or Not", a plongé les élèves au cœur du processus : participation aux répétitions, découverte des coulisses filmées, immersion en réalité virtuelle et ateliers d’expression dramatique. Certains ont même joué sur scène, masqués en loups, ou interagi depuis le public lors de la représentation finale au Théâtre des Abbesses. Entre virtuel et réel, cette expérience a suscité une réflexion sensible sur l’identité et la construction de soi à l’ère des réseaux sociaux. Dans la continuité, la compagnie initie un nouveau projet autour du "Jeu de l’amour et du hasard" de Marivaux, abordant avec les lycéens le mythe de Narcisse, les thèmes de l’amour et de sa mise en mots, l’image de soi à l’ère du selfie et la question de l’altérité.
Une ambition culturelle et citoyenne
En plaçant la création au cœur du quotidien scolaire, "Mille cent jours" s’inscrit dans les droits culturels, qui reconnaissent à chacun la capacité de participer à la vie artistique. Le dispositif irrigue des territoires parfois éloignés des grandes institutions et renforce la coopération entre structures culturelles, écoles et collectivités. Pour la DRAC Île-de-France, l’enjeu est double : offrir aux artistes la possibilité de créer au contact du réel et aux élèves celle de vivre des expériences sensibles qui nourrissent leurs apprentissages. Avec "Mille cent jours ", la culture ne se contente plus d’entrer à l’école : elle y demeure, s’y déploie et transforme durablement la manière d’apprendre et de vivre ensemble.
Télécharger le dépliant des résidences scolaires franciliennes
Partager la page



