S’adapter au changement climatique est une des priorités portées par le ministère de la Culture, à travers des stratégies variées qui mobilisent des agents de toutes les disciplines, à l'image de celle portée par l'Odéon. Parmi celles-ci, l’archéologie n’est pas en reste. A travers l’Inrap, la connaissance archéologique est diffusée auprès des publics, notamment en matière d’archéologie environnementale. C’est l’objectif de l’Archéocapsule « Des milieux et des humains », qui retrace une histoire de l’adaptation entre la Préhistoire et le Moyen Âge. Ce dispositif d’exposition mobile et léger, interroge nos pratiques et modes de vie actuels à la lumière des stratégies d’adaptation déployée par nos ancêtres face aux modifications de leur environnement.
L’archéologie préventive au service de l’ingénierie environnementale
Dans la continuité du Guide d’orientation et d’inspiration pour la transition écologique de la Culture, le ministère de la Culture propose ainsi des pistes de réflexion pour l’adaptation éclairées par l’Histoire, s’inscrivant dans la dynamique portée par le Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC-3). En effet, l’archéologie préventive est une source d’enseignements précieuse pour l’adaptation d’une France à +4°C. Il s’agit d’un levier concret permettant de proposer des alternatives et des pistes de réflexion face aux risques environnementaux (érosion des côtes, vagues de chaleur, inondations, sismicité, retrait-gonflement des argiles).
C’est par exemple le cas avec la submersion. Les travaux des archéologues ont montré que dans le littoral nord des Pays-Bas, il y a 2800 ans, les fermes des premiers habitants étaient bâties sur des plateformes artificielles, adaptant ainsi leurs constructions à des zones régulièrement soumises aux marées.
Au-delà du dispositif d’exposition, les fouilles sont riches d'enseignements, à l'image de celle menée à Miquelon. Ce village de 600 habitants, situé dans l’archipel nord-américain Saint-Pierre-et-Miquelon, est menacé de submersion à moyen terme par les effets conjugués de la montée des eaux, de l’érosion côtière et des risques climatiques. Dans le cadre d’un projet de relocalisation du village, l’Inrap a prospecté puis établi un diagnostic archéologique permettant de relocaliser l’ancien village, abandonné après les guerres franco-britanniques du XVIIe siècle. Après avoir retrouvé les vestiges de l’ancien village et précisé son implantation, les parcelles concernées par la reconstruction de Miquelon ont été viabilisées et les premiers travaux de construction des maisons ont pu commencer. D’autres diagnostics archéologiques préventifs sont envisagés pour la suite du projet. Ce projet de relocalisation est une démarche inédite de prévention des risques liés au changement climatique et s’insère dans des stratégies d’aménagement du territoire que ce dernier complexifie.
De nouveaux imaginaires inspirés du passé
Submersions, mais aussi évolutions de la biodiversité, techniques agricoles et industrielles : l’exposition Archéocapsule « Des milieux et des humains » revient sur les interactions réciproques entre les humains et leur environnement. En interrogeant la façon dont nos ancêtres ont modifié leurs comportements, l’archéologie préventive ne se contente pas de sauvegarder par l’étude les vestiges du sous-sol : elle rappelle l’influence des comportements humains sur leur environnement et amène à réfléchir à un panel d’actions actualisables dans des stratégies d’adaptation contemporaines.
Jusqu'au 8 octobre 2025, l’accueil de l’Archéocapsule « Des milieux et des humains » dans les locaux du ministère de la Culture à Paris, sur le site des Bons Enfants, au 182 rue Saint-Honoré, a permis d’atteindre un double objectif : informer et inspirer. Les exemples français et néerlandais d’il y a 8000 ou 800 ans pourraient éclairer les nécessaires changements de nos modes de vie, à l’ère de l’Anthropocène.
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