Découvert en 1994, ce plancher gravé intrigue par la richesse de ses motifs et l'intensité émotionnelle qu'il dégage, offrant au public une plongée unique dans l'univers singulier de l'artiste. Cette exposition exceptionnelle convie les visiteurs à une exploration profonde d'une œuvre rare, incitant à une réflexion sur l'écriture, les affres de l'âme humaine, et la manière dont l'art parvient à sublimer la douleur.
Une invitation à plonger dans l'univers envoûtant de Jean Crampilh-Broucaret et à découvrir l'intensité du Plancher de Jeannot, véritable testament artistique d'une vie tourmentée. Il est toujours rare de rencontrer et contempler une création où l'émotion se fait gravure et où chaque motif murmure une histoire silencieuse, révélant ainsi toute la profondeur de l'œuvre de Jean Crampilh-Broucaret.
Une histoire gravée dans le bois
Après une restauration minutieuse qui honore l'histoire de l'œuvre, le Plancher de Jeannot se dévoile dans toute sa splendeur. Niché au cœur du 14ème arrondissement de Paris, le Musée d’Art et d’Histoire de l’Hôpital Sainte-Anne (MAHHSA) explore avec finesse les liens profonds entre art et psychiatrie, abritant une précieuse collection d'œuvres créées par des patients venus des quatre coins du monde.
Ce lieu unique, où l'âme humaine trouve une expression brute et authentique, propose régulièrement des expositions qui interrogent l'art brut, l'histoire de l'art et les méandres de la psychiatrie, offrant aux visiteurs une réflexion sur la puissance créatrice en marge des conventions.
La restauration : une œuvre sauvegardée et révélée
La décision du GHU Paris d’inscrire le "Plancher de Jeannot" à l’inventaire du Musée d’Art et d’Histoire de l’Hôpital Sainte-Anne marque la fin d’une longue période d’incertitudes juridiques et de négligence, assurant enfin la préservation de cette œuvre singulière.
En partenariat avec le Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF), le musée a entrepris une étude minutieuse de l’état du plancher, première étape vers sa restauration complète. Le processus, essentiel pour la sauvegarde de l’œuvre, s’est articulé en quatre phases distinctes : la dépose des éléments et l’analyse physique et technique du plancher, suivies d’une désinsectisation méticuleuse qui a préservé l’intégrité du bois. Les opérations de restauration, placées sous la supervision scientifique du C2RMF, ont été menées dans leurs ateliers spécialisés. Enfin, une structure adaptée a été conçue pour présenter l’œuvre au public, révélant ainsi ce trésor artistique dans toute sa splendeur.
Un testament artistique révélé : "Le plancher de Jeannot" à Paris
Le "Plancher de Jeannot" tire son nom de son créateur, Jean Crampilh-Broucaret (1939-1972), surnommé "Janot" ou "Jeannot". Né à M., dans les Pyrénées-Atlantiques, au cœur d'une commune rurale béarnaise où ses parents agriculteurs s'étaient établis en 1929, Jean Crampilh a laissé derrière lui une œuvre singulière et poignante. Après la mort de sa mère en 1971, il refuse qu'elle soit inhumée au cimetière du village et obtient l'autorisation de l'enterrer dans la maison familiale. C'est probablement dans les semaines qui suivirent cette perte qu'il entreprit de graver le plancher de sa chambre, tout près de la tombe maternelle.
Lorsque sa sœur Paule (1927-1993) décède en 1993, le plancher est découvert par hasard lors de la mise en vente de la ferme par leur sœur aînée, Simone (1925-2014). En 1994, l'œuvre est démontée et acquise par Guy Roux, neuropsychiatre à Pau, qui s'attache à la faire connaître de la communauté scientifique. Rachetée en 2001 par le laboratoire pharmaceutique Bristol-Myers Squibb (BMS), elle est exposée dans le cadre d'expositions dédiées aux « écrits bruts », notamment à la Collection de l’Art Brut à Lausanne et à la Bibliothèque Nationale de France à Paris.
En 2007, le laboratoire décide de transférer le "Plancher de Jeannot" à l’hôpital Sainte-Anne pour une présentation permanente, rue Cabanis, afin de le rendre accessible au public. Malheureusement, les conditions de conservation et de présentation de l’œuvre se révélèrent désastreuses.
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