Comment définir le patrimoine culturel immatériel ?
Le patrimoine culturel immatériel (PCI) – également appelé patrimoine vivant – regroupe des pratiques culturelles, des savoirs et des savoir-faire transmis de génération en génération et qui font patrimoine pour celles et ceux qui les font vivre et les transmettent. On parle ici de la culture au sens anthropologique. Il s’agit de savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel, de rituels, de fêtes et carnavals, de musiques et danses traditionnelles, d’expressions orales, de jeux et sports traditionnels, de connaissances concernant la nature et l’univers… Le PCI comprend aussi les objets et lieux qui leur sont associés.
En quoi se distingue-t-il du patrimoine culturel matériel (monuments, collections, etc.) ?
Il est inutile d’opposer les deux, puisque le patrimoine vivant intègre toujours des éléments matériels. Comme le PCI est incarné par des personnes, il est impossible de le sauvegarder sans elles ! Identifier le PCI revient donc à mettre en œuvre une forme de démocratie culturelle. C’est un patrimoine dynamique, vivant, qui n’est pas figé. Chaque personne et chaque nouvelle génération peut y exprimer sa propre créativité et l’adapter au présent. Loin d’un regard « nostalgique » sur le passé, le PCI regorge de solutions pour affronter les enjeux de demain.
Est-ce un patrimoine en danger et donc essentiel à préserver ?
Dans la mesure où les traditions ont longtemps été dévalorisées au profit de la modernité, oui. Or on se rend compte aujourd’hui de l’intérêt communautaire et général à réinventer certaines traditions pour tenter de répondre à certains défis contemporains liés à la vie sociale et plus généralement au vivant. La menace sur le PCI vient souvent d’une rupture de transmission générationnelle, mais on assiste aussi aujourd’hui à une certaine revitalisation, par exemple pour les musiques et danses traditionnelles.
Au même titre que la protection du patrimoine culturel matériel et naturel, la sauvegarde du PCI revêt donc un enjeu significatif. Sa préservation contribue au maintien de la diversité culturelle de la France, qui se renouvelle constamment. C’est aussi un vecteur de cohésion et un levier de développement viable, vivable et équitable pour les territoires. C'est d'ailleurs pour cela que le Patrimoine culturel immatériel, qui est au cœur de la vie locale, fait pleinement partie du Plan culture et ruralité annoncé par la ministre en juillet 2024 et depuis déployé par le ministère. Il s'agit de lui rendre toute la visibilité qu'il mérite et de répondre à une demande croissante de reconnaissance de ces pratiques.
Comment s’organise cette sauvegarde du PCI ?
La France a ratifié en 2006 la Convention de l’Unesco du 17 octobre 2003 pour la sauvegarde du PCI. Cela engage le ministère de la Culture à piloter l’Inventaire national du PCI. Ce sont les communautés faisant vivre ces pratiques culturelles qui doivent faire la démarche volontaire d’inclure leur pratique patrimoniale à l’inventaire.
Cet inventaire est réalisé dans un but de sauvegarde, de connaissance et de reconnaissance du PCI. Lors du processus d’inscription, la communauté patrimoniale pose un diagnostic en identifiant les menaces qui pèsent sur la pratique - par exemple un certain désintérêt de la jeunesse ou encore le manque de valorisation. Puis elle propose des pistes d’amélioration dans le cadre d’un plan de sauvegarde adapté. La collaboration avec des ethnologues et des professionnels du patrimoine est encouragée.
Combien de pratiques sont aujourd’hui inscrites à cet inventaire ?
549 à ce jour ! Une trentaine intègre l’inventaire chaque année. Trente sont également inscrites au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco, dont 14 avec d’autres pays ayant en commun un PCI comme récemment, les gestes verriers ou la culture foraine. Les seize autres sont inscrites par la France seule comme les savoir-faire des couvreurs-zingueurs parisiens et des ornemanistes ou, avant cela, la yole de Martinique (construction et navigation) ou encore le gwoka (musique, chants, danses et pratiques culturelles représentatifs de l’identité guadeloupéenne).
Que peut faire le grand public pour préserver ce PCI ?
Chacun peut s’engager activement dans la pratique de ces traditions et les transmettre à ses enfants ou ses proches, participer à des événements culturels, soutenir les artisans locaux... L'éducation sur ces sujets favorise aussi une prise de conscience collective de l’importance de cette diversité culturelle patrimoniale comme source de créativité collective.
Plus de 540 pratiques relevant d’un ou de plusieurs domaines
- Les fêtes, rituels et carnavals : le carnaval des Deux-Rives à Bordeaux (Gironde), promenade des bœufs gras de Bazas (Gironde), la crémation des Trois Sapins à Than, etc.
- Les traditions et expressions orales : la pratique du conte occitan en Périgord, la pratique théâtrale en occitan à Daglan (Dordogne), Bertsolaritza, le bertsularisme, joute verbale improvisée au Pays Basque, etc.
- Les musiques et danses traditionnelles : le maloya de la Réunion, le Rigodon, les chants polyphoniques de Tende (Alpes-Maritimes), la banda, etc.
- Les jeux et sports traditionnels : la lutte bretonne, les jeux de café et de kermesse, les joutes nautiques provençale, le jeu de quilles de trois en Aquitaine, etc.
- Les savoir-faire liés à l’artisanat : la dentelle au fuseau du Puy-en-Velay, la gravure héraldique, les savoir-faire, connaissances et pratiques liés aux papiers faits main en France
- Les pratiques alimentaires : les savoir-faire de la découpe bouchère à la française, l’apiculture de zone humide en Basse-Loire, la récolte "à l'ancienne", l’entretien des vieux vergers et le pressage des olives en Corse
- Les connaissances concernant la nature et l’univers : les savoirs, savoir-faire et pratiques sociales liés à la pisciculture dans les étangs de la Brenne, les gestes du travail pour la cueillette du tilleul dans les Baronnies provençales, etc.
Plus d’infos : consultez l’inventaire sur la plateforme PCI Lab
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