Après quoi courons-nous tous les dimanches ? C’est la question qui taraude Miossec dans son titre « Les joggers du dimanche ». Le chanteur breton s’immisce dans la tête des adeptes de la course à pied et se demande ce qui les motive : « Refont-ils toujours le même trajet, avec leurs petites foulées ? Finissent-ils toujours par sprinter ou se laissent-ils relâcher ? Est-ce que ça soulage leur conscience ? Est-ce que ça donne à leur vie un peu de sens ? ».
La 29ème édition de la Semaine de la langue française et de la Francophonie, consacrée cette année à la thématique « Sur le podium », est un bon moment pour se plonger dans le répertoire de la chanson française.
Tout le monde (ou presque) a déjà chantonné le célèbre « À bicyclette » d’Yves Montand. Ces dernières années, un peloton d’une dizaine de chanteurs clament leur passion pour le vélo et le Tour de France. Parmi eux, Sanseverino (ancien coureur amateur) a écrit quatre chansons consacrées à cette thématique. Le guitariste et chanteur Didier Wampas en signe plusieurs lui aussi, dont un hymne à Marco Pantani, coureur adulé puis oublié, mort d’une surdose en 2004 à Rimini, en Italie. Miossec, encore lui, a composé « Le Critérium », sur les équipiers, ces porteurs de bidon trouvant leur bonheur à servir la cause d’un leader.
Des bassins de natation au ring de boxe
D‘autres sports ont aussi droit à leurs chansons. Vincent Delerm se penche sur « La natation synchronisée ». Extrait : « Nos histoires d'amour sont les mêmes, comme si nous avions pratiqué, dans des piscines parallèles, la natation synchronisée ». La boxe anglaise figure parmi les sports les plus invoqués dans la chanson française. Bernard Lavilliers monte sur le ring en 1977 avec un album et un titre baptisés « 15ème round ».
En rythme, il balance : « Frappe du gauche, frappe des mains. Avance toujours, avance, Fais gaffe au contre, serre bien les poings ». Yves Montand fait rimer couplet et crochet dans « Battling Joe », un titre qui lance sa carrière en 1946. Sur scène, Claude Nougaro interprète « 4 boules de cuir » comme un combat, avec sa fougue légendaire. Il y raconte l’histoire d’un jeune boxeur vaincu par le champion Kid Marin : « Enfant je m'endormais sur des KO de rêve. Et c'est moi qu'on soutient et c'est moi qu'on soulève. »
Certains chanteurs ont directement déclaré leur flamme à leur idole. Et les joueurs de football figurent en bonne place dans leur source d’inspiration. Ainsi, Cali se rêve en Eric Cantona dans le titre éponyme, s’imaginant « Marquer ce but contre Sunderland et lever les bras ». L’artiste fait ici référence à un célèbre but inscrit par l’attaquant tricolore en Angleterre.
Julien Doré loue en musique Michel Platini quand la Mano Negra fredonne « Santa Maradona ». Mickey 3D, grand supporteur de Saint-Etienne, met à l’honneur Johnny Rep, mythique attaquant des Verts au début des années 1980.
Les sportives, grandes absentes
En revanche, très peu d’artistes se sont attachés à célébrer les grandes sportives françaises. « Il faut bien reconnaitre que la chanson française est plutôt chiche lorsqu’il s’agit de la célébration du sport au féminin », confirme le journaliste musical Bertrand Dicale, dans son émission « Ces chansons qui font l’actu », sur France Info.
Citons Pierre Bachelet, qui chante en duo avec Florence Arthaud, des paroles qui caractérisent la navigatrice. Le poétique Alain Bashung dit de l’athlète Marie-Josée Pérec, qu’elle a « le miracle facile », dans le titre « Dans la foulée ». « Mais relativisons, la chanson de Bashung fait surtout référence au départ précipité de la championne lors des Jeux Olympiques de Sydney en 2004 », explique Bertrand Dicale dans son émission. Le répertoire musical en la matière reste donc à inventer. Peut-être après les JO de Paris 2024 ?
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