Marie Victoire Jaquotot (Paris, 1772 - Toulouse, 1855)
Marie Victoire Jaquotot est l'élève puis l'épouse d’Etienne-Charles Leguay (1762-1846), qui, après avoir dirigé la production de la manufacture de Dihl à Paris pendant la Révolution française, sera considéré comme le meilleur peintre de figure de la manufacture de Sèvres au début du XIXe siècle.
Elle-même est peintre à Sèvres entre 1801 et 1842. Elle expose ses peintures sur porcelaine au Salon entre 1808 et 1836. Son talent dans la maîtrise des couleurs céramiques, alliant la brillance des teintes et le velouté des carnations fait d’elle une figure phare de la politique d’Alexandre Brongniart en matière de copies peintes sur les grandes plaques que la Manufacture réalise alors grâce à un procédé nouveau. Elle s’illustre particulièrement dans ses copies d’après Raphaël.
En 1816, son talent est récompensé par titre de « premier peintre sur porcelaine du roi », qui lui permet d’ouvrir un atelier privé dans lequel elle enseigne pendant près de vingt ans la peinture sur porcelaine à une trentaine d’élèves, notamment des femmes, parmi lesquelles on trouve Marie-Adélaïde Ducluzeau (1787-1849) qui sera aussi peintre à Sèvres.
En 1829, Alexandre-Théodore Brongniart (1739-1813), administrateur de la Manufacture, vante son talent dans un rapport adressé au vicomte de La Rochefoucault : « Mme Jaquotot, par ses études, par sa manière de sentir la peinture et surtout celle des grands maîtres, par ses travaux assidus et opiniâtres, par ses talents d'exécution qui ont accompagné et suivi ses dispositions naturelles, a produit des copies sur porcelaine d'une perfection telle qu'on n'avait rien à comparer dans ce qui avait été fait avant elle [...]. Mais si l'art de peindre sur porcelaine a fait d'immenses progrès, s'il s'est formé quelques Dames d'un talent distingué, si MM. Robert, Constantin, Béranger, etc. ont produit des peintures remarquables par leur genre de perfection, c'est à l'essor que Mme Jaquotot a donné à la peinture sur porcelaine, aux modèles presqu'inimitables qu'elle a mis sous les yeux du public et des artistes, à sa vérité pour elle-même, qu'on peut attribuer les efforts que les artistes que je viens de nommer et beaucoup d'autres encore ont fait pour produire, chacun dan leur genre, des peintures dignes d'être mises en parallèle de mérite avec celles de Mme Jaquotot. »
Lorsque cette même année 1829, dans Le Journal des Artistes (12 avril 1829), Alexandre Lenoir (1761-1839) publie un article intitulé « Du talent des femmes dans l’art de peindre » il cite à deux reprises le nom de Marie-Victoire Jaquotot.
Marie Victoire Jaquotot obtient de Brongniart le privilège de peindre à domicile, et mène un train de vie brillant, recevant dans son atelier les célébrités les plus en vue de son temps, telles Dominique-Vivant Denon (1747-1825), Georges Cuvier (1769-1832) ou encore Madame Récamier (1777-1849).
Le musée du Louvre conserve l’exceptionnel coffret de la tabatière de Louis XVIII, œuvre la plus prestigieuse sortie des ateliers de Sèvres sous la Restauration. Destiné à contenir la tabatière du roi, il abrite également vingt-quatre miniatures sur porcelaine pouvant être enchâssées sur le couvercle. Les miniatures ont été complétées sous le règne de Charles X (1757-1836), portant le nombre total de miniatures à quarante-huit.
Virginie Desrante
Sélection d'oeuvres de Marie Victoire Jaquotot sur la base Joconde Pop
Sélection d'oeuvres de Marie Victoire Jaquotot sur l'agence photo de la Réunion des Musée Nationaux
Bibliographie
Anne Lajoix, Marie Victoire Jaquotot (1772-1855), peintre sur porcelaine, Paris, Le Trait d'Union - Florence Hatier, 2006
Partager la page