Le colloque aura lieu les 23-24-25 octobre 2019, Auditorium Colbert, Institut national du Patrimoine, Paris.
Entrée libre dans la limite des places disponibles.
Après l’inclusion des savoir-faire de la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame de Strasbourg à l’Inventaire national du Patrimoine culturel immatériel en France (2017), la reconnaissance de la démarche de sauvegarde des savoirs, des compétences techniques et des pratiques sociales des ateliers de cathédrales a progressivement fédéré les ateliers de cinq pays européens (Allemagne, Autriche, France, Norvège, Suisse). En mars 2019, ils ont déposé auprès de l’Unesco, pour le Registre des bonnes pratiques de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, une candidature commune : « Les techniques artisanales et les pratiques coutumières des ateliers de cathédrales, ou Bauhütten, en Europe : savoir-faire, transmission, développement des savoirs, innovation ».
Ces dix-huit ateliers se consacrent tous à la préservation de cathédrales et de grands édifices, ainsi qu’à la recherche, à la documentation et à la transmission des savoirs associés. Comme d’autres en Europe, ils forment un réseau transfrontalier et vivant au sein de la plus large association européenne d’architectes et de responsables d’ateliers de cathédrales, le Dombaumeister e.V., fondé en 1988, qui promeut la transmission du travail en atelier et les pratiques qui y sont mises en œuvre.Ces ateliers abritent une communauté de travail, mais aussi une communauté vivante avec ses rituels, ses fêtes et des formes de communication bien établies. Ils conservent les traditions coutumières des ouvriers du bâtiment, ainsi qu’une mine de connaissances intellectuelles et techniques, transmises à la fois oralement, d’artisan à artisan, par l’imitation et l’observation, et par écrit, grâce à de nombreuses archives en particulier.
L’existence de ces chantiers permanents autour des cathédrales a préservé des techniques artisanales, un savoir traditionnel ou nouvellement acquis et des coutumes liées à la construction et à la préservation d’édifices nécessitant un entretien constant. Elle a aussi créé les conditions d’une transmission des techniques, des formes et des thèmes et d’une circulation et d’une émulation des savoirs à grande échelle. Ces deux dernières décennies, les avancées de la recherche en histoire de l’architecture et en histoire et anthropologie des techniques ont fait sensiblement progresser les connaissances sur l’institution des chantiers de cathédrales, sur le fonctionnement des métiers en leur sein et sur la circulation des savoirs et des hommes d’un chantier à l’autre. Les travaux ont cherché aussi à expliciter les causes et les conséquences, au plan politique, culturel, économique, mais aussi administratif et statutaire, de ces transferts techniques et artistiques sur la production architecturale, puis sur l’histoire de la restauration monumentale, à l'échelle européenne. Pour autant, il n’en a été proposé que peu de synthèses à l’échelle européenne, surtout sur le temps long, y compris jusqu’à nos jours, pour en faire émerger les constances et les ruptures, les points de convergence et les spécificités, et ainsi mieux qualifier le contexte d’élaboration de la culture architecturale et technique autour des cathédrales européennes, replacées dans leur contexte.
Les contributeurs de ce colloque européen étudieront durant ces trois jours la spécificité du fonctionnement des chantiers et des métiers impliqués dans la construction des cathédrales hier et dans leur restauration aujourd’hui ; ils mettront en valeur les sources, écrites ou figurées, autorisant la recherche en ces domaines et la façon dont elles ont été exploitées ces toutes dernières décennies ; enfin, ils questionneront les phénomènes de circulation et d’échanges des savoirs et des compétences que l’on connaît depuis le Moyen Âge autour des chantiers des cathédrales et ces pratiques de conservation inscrites dans un processus de transfert durable des connaissances.
Colloque organisé par le département du Pilotage de la recherche (Isabelle Chave) (ministère de la Culture, Direction générale des Patrimoines), le Centre André-Chastel (Dany Sandron) et le labex Écrire une histoire nouvelle de l’Europe (Étienne Faisant).
Avec le soutien de l’Institut national du Patrimoine, de l’Observatoire des patrimoines de Sorbonne Université et de l’Office allemand d’échanges universitaires/Deutscher Akademischer Austauschdienst.
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