1.1213 - Les Lierres
La Fourragère, 12e arrondissement
références documentaires : Patrimoine XXe, architecture domestique
n° répertoire édition X : 1213, p 29. 2005
Label Patrimoine du XXe siècle, 2006
Conception & rédaction T. Durousseau arch., 2007
désignation : HLM Les Lierres
42 avenue du 24 avril 1915, quartier La Fourragère 13012
Lambert 3 : latitude 3.09174 ; longitude 433069
Accès : bus n° 7 Canebière - Les Trois Lucs
propriétaire : OPAC Sud, 80 rue Albe, 13004, 04 91 12 71 00
programme : 312 logements locatifs sociaux, financements HLM B, stationnement collectif, pas d'équipements publics.
Maître d'ouvrage : Office Public départemental d'Habitations à Loyer Modéré des Bouches-du-Rhône.
Ensemble de 5 immeubles barres, équerres B à J et tour A. Proximité des équipements de quartier.
dates, auteurs : Études à partir de 1958. Achèvement de travaux 1967. Réhabilitation 1982, 86.
P. Averous, M. Scialom, architectes, R. Perrachon, collaborateur.
Polychromie, F. Martinelli, peintre.
Entreprises, Chantiers et bétons de la Méditerranée, EGCB.
site : Chemin de Saint-Julien, entre le canal et le bassin de Saint-Barnabé. Altitude entre 118,00 et 133,00 m. Habitation en ordre discontinu, Secteur G du Plan d'Urbanisme Directeur de 1949.
plan de masse : Plan centré sur la tour de R+16 entourée de groupes de bâtiments de R+4 et 5 en aile de moulin, parking collectif, espaces extérieurs aménagés.
bâti : Structure béton poteau-dalle, apparente en façade. Tour très plastique, trace d'éléments de façade légère. Bon état général. Coloration disparue.
sources : AD : 2071 W 19 (52.307), 165 W 332, 7 ETP 264-268, 77 J 499-502, 590-599
Revue Prado n° 1, 1965 et 3, 1967
Guide d'architecture, Marseille, 1945-1993 : M. H. Biget, J. Sbriglio, Parenthèses, 1993
Contexte :
La parcelle est située sur le chemin de Saint-Julien, en face de la station de traitement de l'eau de Saint-Barnabé et proche du lotissement de la Rosière et de l'église des Augustins.
Ancienne bastide Dumont, propriété de la Générale Foncière où était alors prévu un lotissement dans une partie du parc avec bassins, tennis et allées boisées.
Le terrain qui penche vers le sud entre les côtes d'altitudes 118 et 133 est traversé en point bas par la dérivation des Trois Lucs du canal de Marseille.
Les premières études remontent à 1958 et montrent des bâtiments dont les distributions en duplex à demi niveaux évoquent la Cité Radieuse.
Description :
La première tranche de travaux est réalisée par la Société des Chantiers et Bétons de la Méditerranée à partir de 1959. Les bâtiments C, D, et E ont évolué vers une composition en avant-corps ouvert vers l'ouest.
Les immeubles sont peu épais, inférieurs à 10 m, la structure en poteaux de 0,30 x 0,30 m avec un entraxe de 3,10 m. Ils se répartissent sur quatre files : deux à l'intérieur et deux en périphérie. En façade, la grille poteaux et planchers (refends, membrure) définit un cloisonnement des panneaux de façade qui ménagent les baies des fenêtres et des loggias.
La distribution des immeubles de quatre étages se fait par un escalier ouvert à volée droite à raison de deux logements par étage, de type 3 ou 4 pièces.
Chaque logement possède un séjour traversant, avec loggia sur une face et avec un rangement limité à 2,10 m de haut, surmonté par une imposte vitrée de l'autre. Le cloisonnement séparatif est réalisé par le doublement des cloisons divisoires en plâtre.
La coloration initiale de ces immeubles linéaires est déterminée par le gris de la structure, les panneaux ocre clair, et les persiennes bleu foncé.
La deuxième tranche de 1961 modifie le plan de masse qui se centre sur la tour. Les aménagements extérieurs semblent avoir fait l'objet d'une définition soignée (sols, plantation, mobilier urbain). L'entreprise EGCB réalise cette nouvelle tranche terminée en 1966.
Autour de la tour, se distribuent en aile de moulin les équerres des bâtiments dont les branches nord-sud se déboîtent en blocs élémentaires pour éviter l'effet d'alignement des barres. Ces équerres dessinent quatre quadrants autour de l'immeuble haut, comme autant d'espaces secondaires.
De même structure que la première tranche, on retrouve au rez-de-chaussée des buanderies communes et des locaux pour l'assistance sociale. Un projet de centre commercial sera imaginé plus tard, sans aboutir. C'est la tour qui retient toute l'attention. Placée au centre de la composition, elle réalise une forme de signal qui se démarque du principe de répétition habituel pour ce type d'immeuble.
Généralement, les tours sont conçues selon le principe décrit par L. Sullivan en 1896 dans "Les immeubles d'affaire considérés sous l'angle artistique" : au-delà du premier étage, on doit trouver un nombre indéfini d'étages dont chaque pièce est semblable aux autres, de même que chaque étage, à la façon des cellules d'un rayon de miel.
Si, dans les étages, la distribution des appartements est constante, déterminée par une ossature très ordonnée, les variations de la position des séchoirs sur les balcons, celle des loggias et des balcons suffit à établir une combinaison de figures changeantes formant un motif développé sur six étages.
La tour présente, d'un côté, l'image complexe de cette combinatoire maintenant l'échelle domestique par les éléments qui la compose (allèges, fenêtres, claires voies). Sur l'autre côté, l'échelle générale est, à l'inverse, amplifiée par la condensation des percements, et la façade semble réitérer un graphisme d'ordre colossal à la manière d'un totem. Nous sommes en présence d'une tour d'un faible élancement, 16 étages seulement. Cette écriture sort le bâtiment des alternatives de dominantes horizontales ou verticales pour restituer un réseau d'ajours de la paroi en béton brouillant la lecture des proportions du solide. La paroi mince et ajourée associe la façade à une organisation nattée, une texture armurée donnant une apparence non constructive du mur, celle d'une enveloppe.
On ne peut s'empêcher de rapprocher la tour des Lierres des logements d'Ivry-sur-Seine conçus par l'Atelier de Montrouge (J. Renaudie, P. Riboulet, G. Thurnauer, J.L. Veret) sans qu'il y ait une filiation puisque les deux réalisations sont contemporaines. Cependant, les immeubles de l'EDF jouent quant à eux sur une expression de déboîtement purement volumétrique et ne sont limités qu'à 5 ou 6 étages. De plus, on notera que le projet des Lierres a utilisé des éléments de façades légères, pans de verre, panneaux sandwichs dont l'avenir sera compromis par les crises énergétiques, et également par les réhabilitations qui suivront.
Un dernier point reste à signaler ici, celui de la mise en couleur de l'ensemble. L'artiste Françoise Martinelli applique avec discernement les principes de la polychromie moderne : couleurs sur les parois planes des bâtiments linéaires (gris, bleu, blanc) et monochromie sur la tour (beige) figurent un véritable objet sculptural.
Auteurs :
Pierre Averous, Maurice Scialom
Pierre Averous, né en 1927 à Marseille, et Maurice Scialom, d'un an son cadet, sont diplômés en 1953. Ce dernier collaborera avec A. Devin pour Campagne Larousse en 1958.
À partir de 1957, l'association de P. Averous et M. Scialom donnera un certain nombre de réalisations comme :
Saint-Barthélémy, Picon-Busserine, 1962, avec Bondon et Madeline,
Les Cèdres, 1965,
Val Pin et L'Américaine, 1968,
Massalia Jaurès, 1969,
Les Néreides,1971.
Par la Suite P. Averous sera un membre fondateur de l'Atelier Delta avec Y. Bonnel, L. Dallest et R. Perrachon.
Fichiers associés :
- Carte du 12e arrondissement de Marseille
- Notice monographique documentée
© Thierry Durousseau, 2004-2005
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