L'EAC sur tous les temps de la vie
Pour 55 % de leur temps, les jeunes vivent en dehors de l'école. C'est pourquoi la prise en compte de l'éducation artistique et culturelle sur tous les temps de la vie est essentielle.
Des temps et des lieux multiples pour l'EAC
Le ministère de la Culture défend une vision ambitieuse de l’EAC. L’émancipation par les arts et la culture suppose en effet que tous les enfants et adolescents, quelle que soit leur situation, puissent profiter d’offres de qualité sur tous leurs temps de vie, et ceci dès la naissance.
Ainsi, l'éveil artistique et culturel du jeune enfant, les pratiques des enfants et des jeunes dans le cadre périscolaire, extra-scolaire et familial ou encore le rôle de l'éducation artistique et culturelle dans l'articulation des différents temps de vie des enfants et des jeunes, doivent être au cœur des préoccupations des politiques à destination de la jeunesse, en étant particulièrement orientées en direction des publics les plus fragiles et des territoires prioritaires (quartiers politique de la ville, zones rurales, territoires d’Outre-mer).
La continuité des temps, de la petite enfance à l'âge adulte
Généraliser l’éducation artistique et culturelle des enfants et des jeunes en France signifie le développement de politiques émancipatrices permettant d’accompagner ces derniers vers l’autonomie de leur pratique culturelle.
Ce parcours est ponctué par les actions fortes, de la naissance jusqu’à l’âge adulte, que sont les actions d’éveil artistique dès la petite enfance, les actions en direction des enfants et des jeunes d’âge scolaire, l’inscription individuelle au Pass Culture à l’âge de 18 ans, les actions proposées dans l’enseignement supérieur.
La petite enfance
Depuis la signature conjointe avec le ministère des Solidarités et de la Santé du protocole en faveur de l’éveil artistique et culturel des jeunes enfants (de la naissance à 6 ans) et de leur famille, le ministère de la Culture mène une politique de contractualisation avec les collectivités territoriales entre les DRAC et les Caisses d’allocations familiales (CAF) sur les territoires, dans le but de faciliter l’accès de tous les enfants dès leur naissance et de leur famille à l’offre d’éveil artistique et culturel.
Les DRAC contribuent également, en partenariat avec les services déconcentrés du ministère de la Santé et des Solidarités, à la formation des professionnels de la petite enfance, dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie de lutte contre la pauvreté.
Avec le dispositif « Premières pages », le ministère promeut l’accès au livre et à la lecture dès la naissance et dans un souci d’accompagnement à la parentalité.
L'âge scolaire et la complémentarité des temps scolaires et périscolaires
Au-delà de l’objectif présidentiel de généraliser à tous les enfants l’accès à l’éducation artistique et culturelle en temps scolaire, la nécessité de prendre en compte la continuité de l’EAC du temps scolaire au temps hors scolaire structure l’engagement du ministère de la Culture notamment dans le partenariat avec les collectivités territoriales.
L’ambition de la généralisation signifie aussi l’intention de privilégier les territoires les plus éloignés de l’offre culturelle. L’offre périscolaire vient compléter cette attention particulière sous cet angle particulier de la continuité de l’EAC sur tous les temps de la vie.
Les temps de loisirs extra-scolaires
56 % des enfants âgés de 3 à 10 ans pratiquent chaque semaine au moins une activité encadrée dans un club, une association, une maison de quartier. 15 % d’entre eux ont une pratique artistique encadrée ; 30 à 40 % des 11-17 ans ont une forme de pratique artistique régulière. (Rapport TLT 2018 du Haut conseil de l’enfance et de la famille).
Au-delà de leur effort budgétaire dédié à l’EAC, l’ensemble des structures culturelles développent désormais une offre en faveur du public « jeunes », qu’elles relèvent de la création artistique (spectacle vivant et arts plastiques), des patrimoines (monuments nationaux, archives, musées, archéologie, architecture), de l’enseignement artistique (conservatoires), de la lecture publique, des médias et de l’audio-visuel public (bibliothèques, médiathèques, leurs sites web, leurs chaînes youtube…). Cette offre prend différentes formes : visites adaptées, ateliers, ressources numériques ou programmes dédiés.
Le ministère de la Culture développe également des dispositifs nationaux et des chantiers sectoriels (parmi lesquels « C’est mon patrimoine ! », « Un été culturel », « Partir en livres », …). L’offre s’adresse au public jeune et aux familles dans leurs temps de loisirs partagés ou non.
L'adolescence et le temps des jeunes adultes
Le pass culture
Il couronne le parcours EAC dans la mesure où il est censé reconnaître l’autonomie des pratiques culturelles chez de jeunes adultes devenus soucieux du destin de leur sensibilité, de leur conscience, de leurs goûts et de leurs choix.
Les jeunes adultes et notamment les étudiants
Faire vivre l’art et la culture à l’université, c’est poursuivre le projet d’une éducation artistique et culturelle commencée dès l’école.
La politique culturelle universitaire présente une double spécificité : elle repose sur la participation directe de la communauté universitaire dans l’animation culturelle et la création artistique et sur une articulation étroite avec les domaines de la formation et de la recherche.
Une majorité d’universités s’est dotée d’un service culturel en mesure de développer une politique ambitieuse ; certaines ont créé les lieux permettant d’accueillir et de promouvoir des manifestations culturelles et artistiques et de susciter la création au sein de l’établissement.
Le partenariat avec les institutions artistiques et culturelles locales, les directions régionales des affaires culturelles, les collectivités territoriales, figure en bonne place dans leur politique culturelle.
En près de trente ans, l’université est devenue un lieu de production, de création et de diffusion artistiques et culturelles reconnu.
La politique culturelle universitaire s'inscrit dans les missions assignées par la loi aux universités (code de l’éducation, article L.123-6) et concourt à la politique de développement culturel territorial mise en œuvre par le ministère de la culture en partenariat avec les collectivités territoriales. Quant au ministère de la Culture, il s’appuie sur la convention « Université, lieu de culture » signée le 12 juillet 2013 avec le ministère en charge de l’Enseignement supérieur et la Conférence des présidents d’université.
De plus, au-delà de l’université, le ministère de la Culture mène une politique d’action culturelle en direction des élèves des écoles supérieures qui relèvent de sa tutelle.
Les élèves de l’enseignement supérieur culture sont à la fois bénéficiaires et acteurs de l’EAC grâce notamment à la mise en œuvre dans les écoles d’architectures demodules de formation à la médiation et au projet de création avec les publics. Les écoles nationales d’architecture, de leur côté, forment leurs élèves à la transmission en matière d'éducation architecturale et culturelle ( Code de l’éducation - Article L752-2 Modifié par LOI n°2020-105 du 10 février 2020 - art. 24 ).
Pour exemple : L’École nationale supérieure d'architecture de Saint-Étienne a proposé ainsi une résidence d’architecte, en partenariat avec le collège des Bruneaux et le site Le Corbusier de Firminy (prix 2019 de l’Audace artistique).
De même, depuis quatre ans, L’École nationale supérieure d'architecture de Clermont-Ferrand (ENSACF) mène un enseignement optionnel « sensibilis’action » en master, qui génère des partenariats avec les établissements scolaires et de loisirs du quartier et forme annuellement des étudiants en capacité d’opérer dans le champ de la transmission de l’architecture auprès du jeune public.
Les autres établissements de l’enseignement supérieur peuvent eux aussi, en application du code de l’éducation, former leurs élèves à la transmission. De nombreux établissements proposent désormais des projets de création appelant à la participation des publics et notamment des publics spécifiques en milieu pénitentiaire ou hospitalier.
Des objectifs structurants
Créativité et responsabilité de la jeunesse
Le ministère de la Culture :
- développe, à partir de la préadolescence, une politique fortement axée sur les usages numériques créatifs, l’appréhension des outils de création et l’intégration de méthodes ludiques : il identifie à cet effet les structures d’accompagnement existantes et soutient des projets innovants ;
- valorise et accompagne les pratiques des amateurs en favorisant notamment la prise en charge par les jeunes de lieux pour leurs pratiques ou l’ouverture des lieux culturels pendant les vacances scolaires ;
- soutient les projets menés par des opérateurs culturels à destination des publics jeunes mettant en place des processus originaux combinant accès à la culture et pratiques de création, notamment avec les outils numériques ;
- renforce les actions d’éducation à l’image et à l’information destinées à développer les capacités d’autonomie et de critique des jeunes, face à l’abondance d’images et d’écrans ;
- promeut la réflexion sur les modalités d’insertion de jeunes dans les comités d’usagers et les instances de gouvernance des institutions culturelles, à partir de lieux expérimentaux.
La création : pour et par la jeunesse
Fort d’une belle dynamique et de nombreuses initiatives innovantes, le secteur de la création jeune public reste encore trop souvent marginalisé, quel que soit le champ disciplinaire envisagé. Il constitue pourtant un socle précieux pour le développement des pratiques artistiques et culturelles des enfants et des jeunes. Cette prise en compte de tous les enfants et de tous les jeunes doit également se traduire par la reconnaissance, la qualification et la valorisation de la créativité et de l’innovation artistique portées par la jeunesse, en soutenant les pratiques en amateurs et en accompagnant la jeune création.
Les pratiques artistiques et culturelles des amateurs concernent aujourd’hui près de 12 millions de nos concitoyens. Organisées dans le cadre associatif, elles sont accompagnées par les lieux de création, de diffusion et d’enseignement artistique (théâtres, conservatoires…).
Quelques forts leviers d’actions soutenus par le ministère de la culture :
- plusieurs associations nationales (Concerts de Poches, les Jeunesses Musicales France ou encore les Centres musicaux ruraux…) ;
- des dispositifs d’ampleur nationale tels que Démos et Orchestres à l’école.
Cette prise en main de la Culture par les jeunes doit être reliée à des actions pérennes de démocratisation de la Culture, en temps scolaires ou menées tout au long de l’année par les associations ou les structures publiques investies dans le développement culturel et l’éducation artistique.
Assurer l'inclusion de tous : les jeunes en situation spécifique
Chaque enfant ou jeune, de la naissance à 25 ans, doit pouvoir accéder et participer pleinement à la vie artistique et culturelle dans le respect de ses droits culturels, quelle que soit sa situation ou son lieu de vie.
Afin de garantir un bénéfice équitable des actions d’éducation artistique et culturelle, une attention particulière est portée aux enfants et jeunes en situation spécifique ou de fragilité (enfants et adolescents malades, en situation de handicap, relevant de l’action de l’aide sociale à l’enfance, jeunes sous main de justice, etc.), ou habitants des territoires prioritaires.
Le ministère de la Culture travaille à lever les freins qui peuvent générer des situations spécifiques, en affirmant l’enjeu propre de la culture en matière tant d’émancipation que de construction du lien social.
Ces actions mobilisent naturellement les partenaires de longue date des politiques de démocratisation culturelle, notamment en direction de la jeunesse, que sont les fédérations d’éducation populaire ou les principales associations de solidarité.
Le ministère de la Culture renforce ainsi ses actions à destination des jeunes dont la situation requiert un accompagnement particulier, qu’ils soient hospitalisés, en situation de handicap, placés sous main de justice ou habitant des territoires déficitaires (quartier politique de la ville, zones rurales isolées, territoires ultramarins), ou encore en situation d’exclusion ou spécifique (migrants, gens du voyage).
Dynamiser des relations intergénérationnelles
Dans un objectif de favoriser la cohésion sociale, le ministère de la Culture est attentif à la mise en place de projets d’EAC qui comportent un volet d’action intergénérationnelle.
Les actions intergénérationnelles permettent tant un partage culturel qu’un accompagnement des enfants et des jeunes dans la création de leur culture, de leur goût et de leur pratique en autonomie.
Proposer également aux enfants et aux jeunes d’affirmer leur rôle de « passeurs de culture » auprès de leurs pairs mais aussi auprès des adultes qui les entourent est essentiel. Chaque enfant peut alors être acteur de sa culture et partager sa pratique en accord avec ses droits d’enfants mais aussi ses droits culturels.
Une attention particulière aux parents permet en effet d’atteindre plus aisément l’objectif d’émancipation culturelle des enfants et des jeunes. Les exemples parentaux imprègnent l’enfant, qui éprouve ainsi une familiarité avec certaines activités ou certains lieux culturels. Il reçoit des valeurs dans l’usage social du temps libre. Les lieux, les usages et les comportements culturels de la famille font alors partie du champ des possibles de l’enfant.
Le ministère de la Culture développe ainsi une offre qui s’adresse au public jeune et aux familles dans leurs temps de loisirs éventuellement partagés. Une offre territorialisée et aussi des dispositifs nationaux pour des chantiers sectoriels comme « C’est mon patrimoine ! » ou « Premières pages ».
Enfin, pendant les temps de vacances, le partenariat entre le ministère de la Culture et l’Union nationale des associations de tourisme de plein air, fédérations de tourisme social et solidaire, permet de développer la culture et les pratiques culturelles des familles pendant les vacances. Cette fédération accueille 4,88 millions de vacanciers par an et regroupe 1576 établissements.
Favoriser une culture commune de l'EAC
Tous ces efforts seront consolidés à moyen terme par le renforcement de la qualification des acteurs de l’EAC que sont tant les professionnels de l’enfance et de l’éducation que les artistes et les acteurs culturels. C’est pourquoi le ministère de la Culture met en place des formations conjointes à l’ensemble des acteurs, afin d’instaurer un réel langage commun et de susciter l’envie d’agir ensemble, en développant notamment des partenariats avec les Écoles supérieures du professorat.
Un nouvel Institut national de l’Éducation artistique et culturelle (INSEAC) a ouvert ses portes à Guingamp en 2021. Il coordonne une part des nombreuses initiatives existantes, les valorise et aide à les développer. Etablissement spécifique du CNAM, il est soutenu par les ministères de l’Education nationale, de la Jeunesse et des sports, de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’innovation, de la Culture, par les collectivités de son territoire d’implantation.
Pour sa part, le Haut Conseil de l’éducation artistique et culturelle (HCEAC) a officiellement lancé, en décembre 2021, le label « 100 % EAC » qui a vocation à distinguer les collectivités engagées dans un projet visant le bénéfice d’une éducation artistique et culturelle de qualité pour 100 % des jeunes de leur territoire, de la petite enfance à l’université, dans l’esprit de la Charte pour l’éducation artistique et culturelle élaborée en 2016 par le HCEAC.
(Photographie : Philippe Stirnweiss pour Strasbourg eurométropole)
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