Le service régional de l’archéologie (DRAC Grand Est, site de Strasbourg) a prescrit plusieurs opérations archéologiques (diagnostics et fouilles) dans le cadre des travaux d’extension du tramway de Strasbourg vers le quartier de Koenigshoffen. L’une des fouilles, s’étendant sur une superficie de 4 200 m², se trouve à l’entrée du quartier, en bordure de la route des Romains. Elle a été menée à bien, de mars à juin 2018, par la société Antéa Archéologie, sous la responsabilité scientifique d’Axelle Murer.
La legio VIII Augusta (VIIIe légion Auguste) et Koenigshoffen
Koenigshoffen est l’ancien vicus canabarum, agglomération civile antique qui s’est développée, dès le début du Ier siècle apr. J.-C., à l’ouest du camp légionnaire de Strasbourg-Argentorate, le long de l’actuelle route des Romains. Cette zone est extrêmement dense en vestiges archéologiques (habitat et vestiges funéraires) datés du Ier au IVe siècle, bien attestés par des découvertes anciennes réalisées notamment depuis la fin du XIXe siècle, puis par les opérations d’archéologie préventive menées depuis les dernières décennies du XXe siècle.
La fouille est par ailleurs située dans l’emprise potentielle de « l’allée des tombeaux », c’est-à-dire d’alignements de monuments funéraires et de mausolées du Ier au début du IIe siècle, implantés de part et d’autre de la voie. Cette nécropole a notamment accueilli les sépultures de soldats de la IIe légion, arrivée au début du Ier siècle sur le site de Strasbourg, avant d’être remplacée par la VIIIe légion Auguste à la fin du Ier siècle.
Parmi les très nombreux vestiges antiques mis au jour (bâtiments, caves, fosses, latrines, fours de potier, vaisselle, etc.), deux stèles funéraires romaines ont été mises au jour. Cela porte à onze le nombre de stèles de légionnaires ou de vétérans découvertes à Koengishoffen. Jusqu’alors, toutes les stèles connues étaient en calcaire et se référaient à des soldats de la IIe légion. Celles récemment mises au jour sont en grès et sont de plus les premières mentionnant la VIIIe légion.
En attendant que les études soient menées dans les délais impartis par l’État (deux ans), les inscriptions permettent d’évoquer les deux personnes défuntes : l’un, Caius Caprius, mort à 42 ans après 22 ans de service comme architecte de la VIIIe légion, était originaire de Toulouse ; l’autre, Caius Claudius Secundus, vétéran de la VIIIe légion dans laquelle il a servi 25 ans, venait de Vienne (Isère). Son monument fut élevé par son héritier selon les termes du testament et de l’inscription.
Le mobilier de cette opération d’archéologie est confié pour étude par l’État à la société Antéa Archéologie. Le prélèvement des stèles, mené à bien le mercredi 27 juin 2018, a été rendu possible par une action conjointe des services de l’État et du Musée archéologique de Strasbourg, visant à assurer le dépôt temporaire dans un lieu de conservation proche du musée pressenti pour les accueillir. La première stèle dégagée étant fissurée, des précautions de manipulation et de transport ont visé à limiter au maximum les risques d’altération de ces vestiges somme toute fragiles.
Maîtrise d’ouvrage : Compagnie des Transports Strasbourgeois (CTS)
Propriétaire du terrain : Ville de Strasbourg
Prescription et suivi scientifique et technique : SRA (DRAC Grand Est, site de Strasbourg)
Opérateur de fouille : Antéa Archéologie
Texte : Axelle Davadie et Maxime Werlé (SRA)
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