C’est l’un de ces milliers d’édifices religieux qui se trouvent aujourd’hui, selon un recensement récent, dans un état préoccupant. La Collégiale de Semur-en-Auxois (Côte-d’Or), un chef d’œuvre du gothique bourguignon situé dans une commune de 4 200 habitants, a accueilli, vendredi 15 septembre, le Président de la République, qui y a annoncé, à l’occasion d’un déplacement avec la ministre de la Culture, un plan d’action en faveur du patrimoine religieux dans les communes de moins de 10 000 habitants.
Accompagner les petites communes
Un patrimoine à la fois d’une richesse et d’une diversité incomparables – on compte plus de 50 000 édifices sur l’ensemble du territoire – et d’une fragilité accrue – entre 2 500 à 3 000 édifices sont dans un état qui fait craindre pour leur sauvegarde. Un patrimoine, surtout, dont l’entretien et la conservation incombent pour une très large part aux communes, souvent trop petites pour supporter seules la charge des travaux. « Cela nourrit un sentiment d'indignation chez beaucoup de nos élus et nos habitants parce qu'il y a un attachement à ce patrimoine, que l'on soit croyant ou pas », a analysé le Président de la République.
Face à cette situation, le Président de la République, qui a rappelé l’effort important et constant du secteur public en direction du patrimoine, a annoncé une « mobilisation forte » des services de l’État (ministère de l’Intérieur et des Outre-mer et ministère de la Culture) pour venir en aide aux propriétaires d’édifices religieux dans les petites communes. « Le plan que nous lançons vise à débloquer toutes les contraintes et à convertir en énergie positive l’émotion populaire », a-t-il souligné.
Les cinq volets du plan d’action
Le plan d’action proposé par le Président de la République comprend plusieurs volets, dont un volet faisant appel, sur le modèle de l’élan de générosité après l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, à une collecte organisée par la Fondation du patrimoine auprès de tous les Français, particuliers et entreprises :
- Lancement d’une campagne de protection au titre des monuments historiques d'édifices cultuels publics ou privés, en mettant l'accent sur ceux situés dans les petites communes et construits aux XIXe et XXe siècles. Cette protection rendra ces monuments éligibles à des subventions du ministère de la Culture, qui prendra ainsi sa part dans le financement des travaux de restauration.
- Mobilisation par les Préfets des crédits de soutien à l'investissement local (notamment ceux de la dotation d'équipement des territoires ruraux et de la dotation de soutien à l'investissement local) en faveur de la rénovation du patrimoine religieux propriété des collectivités dans les communes rurales.
- Lancement ce jour d’une collecte nationale avec la Fondation du patrimoine, sur le modèle de celle réalisée pour la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris. S’appuyant sur l’attachement des Français au patrimoine religieux de leurs villages, cette collecte permettra de lever des dons pour financer les travaux de restauration et de sécurité incendie des édifices religieux des communes de moins de 10 000 habitants en métropole et moins de 20 000 en Outre-mer. Pour les dons jusqu'à 1 000 euros par an, l'État décide d'accorder exceptionnellement une déduction fiscale relevée à 75% jusqu'à fin 2025.
- Les initiatives d’« usages compatibles » seront particulièrement valorisées à l'instar des projets lauréats du prix Sésame de la Fondation du patrimoine (activités culturelles, sociales, etc. dans le respect de l’histoire des édifices et compatibles avec l’activité cultuelle).
- En réponse aux communes qui manquent de moyens mais parfois aussi de forces vives pour lancer les chantiers, 10% du montant de la collecte seront dédiés au soutien aux études et à l'ingénierie. Et, dans le cadre du programme “Villages d'avenir”, l'Agence nationale de la cohésion des territoires met des chefs de projets à disposition des communes rurales pour les soutenir davantage dans la conduite de leurs projets.
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