Les « Rendez-vous de l’histoire » de Blois se sont imposés, en un peu plus d’un quart de siècle, comme l’un des événements incontournables de l’agenda culturel. Un événement salué comme tel par Rima Abdul Malak, ministre de la Culture. « Nous avons besoin d’espaces d’apprentissage et d’échange, de recul et de nuance. Les « Rendez-vous de l’histoire » offrent un tel espace », a-t-elle souligné.
Incontournable, d’abord, par l’intérêt et la rigueur de sa programmation, qui en font un espace d’échanges et de discussion d’une qualité inégalée. Incontournable, l’événement l’est aussi par l’ouverture à d’autres champs du savoir, comme la science politique ou l'économie, mais aussi le livre ou le cinéma, et par la relation durable qu’il a su nouer avec son public. Cette année, pour la 26e édition de l’événement soutenue par la DRAC Centre-Val-de-Loire, qui se tiendra du 4 au 8 octobre, les débats porteront sur un thème prometteur : « Les Vivants et les Morts ».
Une programmation de premier plan
Depuis la première édition de la manifestation, les « Rendez-vous de l’histoire », cette initiative dont l’objectif est de rendre accessible à tous la connaissance et le débat historiques, n’ont jamais rien cédé à la rigueur scientifique de leur approche. Et c’est précisément cette double postulation – rigueur et accessibilité – qui constitue leur spécificité et, pour tout dire, leur identité. C’est pourquoi les différents formats des contributions proposées par l’événement – tables rondes, interventions, master class, cartes blanches, conférences… – promettent d’être, une fois encore, à la mesure des attentes qu’ils suscitent.
D’autant que, cette année, sous la houlette de parrains prestigieux, dont l’historien Michel Pastoureau, président de cette édition qui comprendra aussi des figures majeures comme l’historienne Annette Wieworka, la sociologue Vinciane Despret ou l’archéologue Jean-Paul Demoule, le thème retenu est « les Vivants et les Morts ». Un sujet qui percute nombre de débats publics de notre actualité immédiate : ceux de la fin de vie, de la mémoire, des spoliations de restes humains qui ont pu intervenir par le passé... « Faire l’histoire de notre rapport aux vivants et aux morts, c’est éclairer beaucoup des enjeux qui travaillent notre société », assure la ministre de la Culture. A suivre, donc.
Une ouverture à d’autres champs du savoir
L’ouverture, c’est un autre tropisme fort des organisateurs de l’événement. En présentant un salon du livre conçu avec le soutien du Centre national du livre comprenant 300 auteurs et 250 éditeurs, les « Rendez-vous » ont frappé fort, tant la vitalité du secteur est grande : de l’essai au roman historiques, en passant par la biographie, la BD, les ouvrages pour la jeunesse ou les romans graphiques, tous les genres sont concernés… Ils ont frappé juste, aussi, en choisissant le romancier Pierre Lemaitre, prix Goncourt 2013 pour Au revoir, là-haut, comme président de ce salon. « L'histoire s'impose à moi comme un outil au service du roman et non l'inverse », explique celui qui est passé du roman policier à de vastes fresques sur l’entre-deux-guerres et sur les Trente Glorieuses.
Autre moment fort : les « Rendez-vous » proposent un passionnant cycle de cinéma autour des vivants et des morts. Présidé par l’écrivain et documentariste Jérôme Prieur qui présentera son film, Les Sentinelles de l’oubli sur les monuments aux morts érigés après le Grande Guerre, ce cycle présentera un florilège de films sur la mémoire. « Il s‘agit moins pour moi de raconter l’histoire de ces monuments, dit-il, que d’essayer de comprendre pourquoi on ne les voit pas à force d’être partout. Et pourquoi, quand on y prête attention, ils deviennent littéralement obsédants ».
Une véritable université populaire
Pierre angulaire des « Rendez-vous de l’histoire », la relation que l’événement a su nouer avec un public fidèle est au cœur même de son succès. Et ce public, qui affronte aujourd’hui l’invasion des infox, l’irruption de l’intelligence artificielle et la fragilisation de l’indépendance des médias, peut se ressourcer dans ce que le directeur des Rendez-vous de l’histoire, Francis Chevrier, appelle « notre grande université populaire ». « Donner la parole aux savantes et aux savants tel est foncièrement l’objet de nos Rendez-vous de l’histoire, dit-il. Cette parole qui nous invite au recul et à la réflexion est rendue fort précieuse et nous nous employons, à Blois, à mettre en valeur comme il se doit cette source du savoir où il est bon de pouvoir s’abreuver sans retenue. »
Et s’il y avait, dans cette perspective, ne serait-ce qu’une seule institution culturelle à honorer, c’est bien celle qui garantit la scientificité des sources ! Les Archives de France interviendront cette année à l'occasion de plusieurs rendez-vous, qui interrogeront les différentes institutions qui encadrent nos vies (dont l'état-civil), mais aussi notre mémoire (sélective ?) des morts ou encore les relations intergénérationnelles telles que les dévoilent les successions… Enfin, en cette année olympique, le Service interministériel des archives de France (SIAF) met l'accent sur la Grande Collecte des archives du sport, avec deux interventions attendues. La première, destinée aux enseignants,interrogera la pratique des archives du sport à l'occasion d'un atelier pédagogique qui se tiendra le 6 octobre . La seconde, une table ronde animée par le journaliste Emmanuel Laurentin le 7 octobre, posera une question sensible : celle des archives privées du sport.
Le numérique au rendez-vous
Le festival propose de découvrir ou redécouvrir l’histoire grâce aux outils numériques : films immersifs en réalité virtuelle, jeux vidéo et podcasts. Ainsi, la DRAC Centre-Val de Loire et la Région apportent leur soutien à une programmation numérique innovante, qui proposera six films en VR 360°. On visionnera ceux-ci en se coiffant de casques de réalité virtuelle : un véritable voyage dans le temps, une immersion dans le passé « comme si vous y étiez », il n’y a pas d’autres mots.
Cette programmation mettra aussi à la disposition du public, en podcast, les enregistrements des conférences et des débats des éditions précédentes des Rendez-vous de l’histoire. L’occasion d’écouter les toutes premières éditions du festival et de savourer les interventions les plus mémorables (Simone Veil, Robert Badinter, Gisèle Halimi, Elie Wiesel…).
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