Après Villeurbanne, première Capitale française de la culture qui a rencontré, en 2022, le succès que l’on sait, c’est Pays de Montbéliard Agglomération qui a décroché, pour l'année 2024, le précieux sésame décerné par le ministère de la Culture et le Banque des territoires mis en œuvre par la Réunion des musées nationaux-Grand Palais. Un événement dont l’agglomération tout entière entend se montrer à la hauteur.
« Embarquer » l’ensemble du territoire et faire le pari du collectif, c’est en effet l’une des grandes ambitions affichées par les organisateurs de l’événement. Pour ces derniers, ce n’est pas seulement une ville mais soixante-treize communes, petites ou grandes, urbaines ou rurales, qui ont vocation à devenir, l’espace d’une année, le cœur battant de la culture en France. Le point sur les objectifs d’un événement qui se veut « 100 % durable » et « résolument participatif », avec Charles Demouge, Président du Pays de Montbéliard Agglomération.
Selon quels principes avez-vous conçu cette saison ?
La sobriété et la transition écologique nous ont servi de fil conducteur pour concevoir une programmation originale que nous avons eu à cœur de faire rayonner sur l’ensemble des 73 communes que compte le Pays de Montbéliard. Et ça aussi, c’est la vraie nouveauté de notre projet. 73 communes, cela signifie qu’au moins un événement sera organisé sur le territoire de chacune des 73 villes et villages de l’agglomération. Pour cela, il fallait une mobilisation de tous les habitants à travers une large participation citoyenne.
Quels sont les atouts du Pays de Montbéliard ?
Les atouts du Pays de Montbéliard sont multiples. A commencer par le soutien sans faille apporté depuis vingt ans à la programmation culturelle par l’agglomération à hauteur de 3 M€ chaque année. Autre atout (et non des moindres) : les structures culturelles de premier plan qui sont implantées sur le territoire. On y trouve une Scène nationale, MA Scène nationale, très influente notamment dans les arts numériques, une Scène de musiques actuelles, le Moloco, et une maison des artistes, le Théâtre de l’Unité. Leurs directeurs forment d’ailleurs le comité artistique du Pays de Montbéliard agglomération, capitale française de la culture 2024.
Et ce n’est pas tout. À ces structures, il convient d’ajouter « À la lueur des contes », la Maison des Contes en Est, et le Pavillon des sciences. Par ailleurs, des artistes extérieurs viendront apporter du piment à cette année culturelle. Enfin, le Pays de Montbéliard agglomération est également labellisé Ville d’art et d’histoire.
Cette saison est découpée en trois grandes thématiques qui placent les enjeux du vivant et de la transition écologique au cœur de la programmation.
La première est « Le Temps », elle-même décomposée en deux parties : « mémoire et héritage » et « anticipation et innovation ». Le volet « mémoire et héritage » sera marqué par des projets relatifs au patrimoine industriel, historique, militaire, et religieux. Il ne faut pas oublier que le Pays de Montbéliard était le duché du Wurtemberg il y a 350 ans. La culture protestante héritée de cette période est encore très présente. Parmi les événements relatifs à l’héritage, on peut citer le centenaire Œhmichen, le 4 mai en référence au premier vol en hélicoptère sur l’aérodrome du Pays de Montbéliard effectué par Etienne Œhmichen.
Côté « anticipation et innovation », je citerai volontiers « Fou de food », porté par une association en partenariat avec un chef cuisinier, à travers lequel l’ensemble des élèves des écoles, collèges et lycées du pays de Montbéliard seront invités à imaginer les menus de 2050. Une douzaine de maîtres cuisiniers de l’ensemble de l’hexagone viendront l’encadrer. On mange bien à Montbéliard, où il n’y a pas que la saucisse…
Un autre volet de la saison porte sur « l’Humain et la Nature ». Un programme résolument tourné vers l’écologie. En quoi va-t-il consister ?
Une grande variété d’événements va être organisée : depuis des ballades pédestres à la découverte de la nature jusqu’à des pique-niques sur l’ensemble des communes, en passant par des parcours artistiques ou musicaux. Il y aura aussi 27 marchés du soir avec des producteurs locaux témoignant de la sobriété et de la transition écologique que nous prônons. Un bus circulera de marché en marché et proposera une animation théâtrale. Plus largement, la population sera invitée à participer aux activités culturelles proposées par des groupes ambulants dans tous les villages.
C’est une autre dimension de la saison, qui est résolument participative.
Absolument. D’ailleurs, cette dimension, qui intègre la convivialité et le faire-ensemble, imprègne la thématique « Identité et territoire ». A titre d’exemple, on peut citer la construction participative d’un énorme monument en carton sur le site du théâtre antique de Mandeure.
Nous sommes aujourd’hui au cœur de la Saison 1...
La cérémonie d’ouverture, un des événements phares de cette saison 1, orchestrée par Hervée de Lafond, se profile. Une cérémonie en décalé, donc, puisqu’elle est programmée le 16 mars. Mais qu’on ne s’y trompe pas : l’année a bien commencée le 1er janvier. Pour preuve, l’orchestre Victor Hugo, de renommée nationale, a présenté l’hymne officiel de l’année Capitale française de la culture 2024. De même, 56 jeunes entre 8 et 12 ans issus des structures de loisirs de l’association « Les Francas du Doubs » ont invité sept artistes Francs-Comtois à venir écrire et composer une chanson à leurs côtés, des ateliers qui donneront lieu à l’enregistrement puis à la sortie d’un CD, et enfin, à un concert sur la scène du Moloco. Nous avons aussi organisé le baptême de la 73e commune qui a rejoint l’agglomération au 1er janvier. L’édition 2024 du « Merveilleux festival » de « À la lueur des contes », la Maison des Contes en Est, vient quant à elle, tout juste de s’achever.
À quoi jugerez-vous que la saison est réussie ?
Le premier objectif est d’entretenir cette dynamique participative des 73 communes pendant toute l’année et de faire en sorte que la population soit présente en nombre à chaque événement. C’est évidemment un premier critère de réussite. Au-delà, nous souhaitons aussi – c’est un critère très important à nos yeux – inscrire l’événement dans le temps. A ce titre, les événements conçus par le Pavillon des sciences et le projet « Fou de food » nous projettent clairement dans l’avenir.
C’est le cas aussi de la cérémonie d’ouverture, qui inscrit l’événement dans la durée. Le jour de la cérémonie d’ouverture, un représentant de chacune des 73 communes traversera la ville sur un vélo pour se retrouver sur le site de l’Axone où 8 à 9000 personnes sont attendues. Autrement dit, il y aura pour chacune des communes une personne qui pourra dire j’ai représenté mon village à l’occasion de la Capitale française de la culture.
Enfin, certains projets vont se pérenniser. C’est le cas du théâtre antique de Mandeure, que tout le monde connaît, mais où, jusqu’à présent, il n’y avait jamais eu d’accueil pour la population. Désormais, il y aura un espace de valorisation avec accueil du public et une salle de restauration pour les écoles. La première pierre de cet espace sera posée dans le cadre de la Capitale française de la culture.
Le label Capitale française de la culture
Le label Capitale française de la culture distingue le projet culturel d’une commune ou d’un groupement de communes de 20 000 à 200 000 habitants. L’attribution du label s’accompagne d’un financement d’un million d’euros, à parité entre le ministère de la Culture et la la Banque des territoires. Le label Capitale française de la culture est un projet piloté et financé par le ministère de la Culture avec le soutien de la Banque des territoires, et mis en œuvre dans son aspect opérationnel par la Réunion des musées nationaux-Grand Palais (Rmn-GP).
Partager la page