Le 24 avril, six étudiants de l’école nationale des Beaux-Arts de Paris ouvriront le four à bois de la Manufacture de Sèvres qu’ils ont allumé le 29 mars dernier, rempli de 60 vases peints par leurs soins. Le 12 mars, Marjane Satrapi, à la Manufacture des Gobelins, coupait les fils de chaîne qui retenaient au métier à tisser la tapisserie dont elle a dessiné le carton.
Deux gestes forts, symboles respectifs de l’achèvement d’un chef-d’œuvre, dans la tradition longue et éprouvée du monde extraordinaire des Métiers d’art. Deux gestes emblématiques du rayonnement du savoir-faire français, très apprécié dans le monde entier. Deux gestes, enfin, qui illustrent le futur rapprochement de ces établissements dans un pôle public des métiers d’art.
Une vitrine pour les lissières des Gobelins et de Beauvais
On ne présente plus Marjane Satrapi. Auteure à succès de Persépolis, extraordinaire épopée en bande dessinée où elle racontait sa jeunesse à Téhéran, la Franco-Iranienne symbolise mieux que quiconque l’adhésion aux valeurs de Paris 2024. « Nous cherchions une artiste qui possède un style d’expression très visuel, qui porte aussi dans sa réflexion, son discours, les valeurs de l’universalisme d’une part, les valeurs françaises d’autre part », a souligné le directeur du Mobilier national, Hervé Lemoine.
Pour cette commande, l’artiste a dû suivre un cahier des charges précis, listant un certain nombre d’éléments symboliques. La partie gauche de la tapisserie fait écho aux Jeux Olympiques de Paris 1924 en reprenant l’iconographie du lanceur de javelot. La partie centrale, sur laquelle sont représentés un homme et une femme portant le flambeau sous la Tour Eiffel, souligne que pour la première fois dans l’histoire des Jeux Olympiques et Paralympiques, un nombre équivalent d’athlètes hommes et femmes y prendront part. La partie droite fait quant à elle référence à la modernité et à l’innovation : le hip hop et le skate-board, nouvelles disciplines olympiques. « Il fallait faire figurer telle couleur bleue, Paris, le monde, la parité homme-femme, le jour, la nuit, les nouveaux sports… », explique Marjane Satrapi, lors de la tombée de métier.
Le public pourra découvrir la tapisserie lors de son accrochage sur la façade de l’hôtel de la Marine, place de la Concorde, à l’occasion de la fête de la musique le 21 juin. Puis du 26 juillet au 11 août, elle sera présentée dans un lieu parisien en lien avec les Jeux, qui n’a pas encore été dévoilé. Le triptyque quittera ensuite la capitale pour rejoindre les collections du Musée national du Sport à Nice.
Honorer les médaillés français
La Cité de la céramique – Sèvres et Limoges, quant à elle, s'est associée à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris pour demander à six étudiants de créer des vases récompensant les futurs médaillés d'or français des Jeux Olympiques et Paralympiques. Ece Bal, Thomas Besset, Sacha Floch Poliakoff, Samya Moineaud, Nassim Sarni et Domitille Siergé sont les jeunes diplômés de l’Ecole dont les créations ont été choisies pour être peintes sur des « vases de Blois ». Ils ont été accueillis à Sèvres pour matérialiser leur projet à l’aide des artisans de la manufacture, qui leur ont permis de procéder à de nombreux essais de cuisson, dans une démarche de transmission des savoir-faire.
Ces vases ont donc été placés dans un four à bois du XIXe siècle, rénové pour l’occasion. Le four a été mis à feu le 29 mars et faisait écho à l’arrivée de la flamme olympique. Cette cuisson exceptionnelle durera trente-trois heures, à une température avoisinant les 1300°C. Il faudra ensuite presque un mois pour que la porcelaine soit totalement refroidie, sous peine de la craqueler en sortant du four.
« Ces œuvres vont durer pendant des siècles potentiellement. Nous sommes très heureux de mettre un petit coup de projecteur sur les artisans d'art, des gens qu'on voit peu mais qui ont un talent fou », souligne Hervé Lemoine, en se réjouissant de la collaboration d'institutions artistiques historiques avec Paris 2024.
Un nouvel établissement public administratif construit sur un principe fédéral.
Cet établissement réunira et valorisera chacune des entités historiques dont il sera constitué : la manufacture de Sèvres ; le musée national de la céramique de Sèvres ; le musée national Adrien Dubouché de Limoges ; le Mobilier national et son atelier de recherche et de création ; la manufacture des Gobelins ; la manufacture de Beauvais ; la manufacture de la Savonnerie et ses ateliers de Paris et de Lodève ; les ateliers de dentelles d’Alençon et du Puy-en-Velay.
Chaque entité verra valorisées sa spécificité et son appellation. Loin d’être exclusivement parisien et centralisé, cet établissement multiple, riche de ses collections et de ses musées, permettra grâce et ses ateliers et manufactures présents en région de porter haut la volonté gouvernementale dans les domaines des métiers d’art et de la création.
Six axes majeurs de coopération entre ces entités ont été clairement identifiés : la formation, la recherche, la création, le soutien à l’écosystème fragile des métiers d’art, la valorisation des cultures matérielles et du geste, le rayonnement national et international. Ces six axes de coopération permettent de mieux prendre en compte certains enjeux spécifiques dont la transition écologique et l’écoresponsabilité, une production basée sur des modèles économiques repensés, le soutien à des pôles territoriaux notamment.
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