S'unir pour préserver les patrimoines, 2014
18 et 19 mars 2014, 4e journées professionnelles de la conservation-restauration organisées par la Direction générale des patrimoines en partenariat avec la Cité de l'architecture et du patrimoine, Paris
Thématique
Ces dernières années, les exemples de mise en commun des services, des outils, matériels et lieux sécurisés se sont multipliés : réserves communes à l'échelle d'une ville, centres de conservation et d'études ou ateliers de restauration dédiés à un territoire, gestion des collections, politique de conservation préventive, d'assistance aux communes propriétaires de biens patrimoniaux ou de valorisation des biens restaurés des conservations départementales des musées ou du patrimoine.
Au-delà des économies d'échelles que cela peut représenter, le partage contribue fortement au développement de l'aménagement du territoire, en particulier dans les zones rurales.
La mise en commun de problématiques similaires permet de rompre l'isolement des professionnels et participe au décloisonnement des métiers et des disciplines ou des formes du patrimoine. Dans bien des cas, la mutualisation fait bénéficier au plus grand nombre les avancées technologiques et permet de développer de véritables réseaux professionnels dans une même méthodologie.
Les interventions déclineront des retours d’expérience selon 4 thèmes :
- Partager les compétences
- Mutualiser les services
- Mutualiser la sauvegarde
- Dynamiser les territoires
Accueil, Allocutions
Mot d’accueil de Guy Amsellem, président de la Cité de l'architecture et du patrimoine et allocution de Vincent Berjot, directeur général des patrimoines.
Introduction
Introduction d’Éric Gross, directeur de l’Institut national du patrimoine.
Partager les compétences
Présidence : Roch Payet, directeur des études du département des restaurateurs, Institut national du patrimoine.
La mutualisation de la régie dans les musées de Strasbourg
Ludovic Chauwin, régisseur des collections et des projets artistiques, direction des musées de la Ville de Strasbourg.
Intervenant : Titulaire d’une licence d’histoire de l’art et diplômé du master professionnel de conservation préventive du patrimoine, Ludovic Chauwin est depuis janvier 2008 chef du service de la régie des œuvres et coordinateur des expositions pour la Direction des Musées de la Ville de Strasbourg (11 musées). Il pilote également le projet de pôle d’étude et de conservation pour les Musées de la Ville de Strasbourg. Il avait occupé précédemment pendant 12 ans le poste de régisseur des collections et des projets artistiques au Musée d'art moderne Lille Métropole. Il est membre de l’association française des régisseurs d’œuvres d’art.
Le service de la régie des œuvres occupe une position importante au sein des musées de la Ville de Strasbourg. Il agit sous l’autorité directe du directeur des musées de manière transversale. Il collabore avec les conservations des onze musées de la Ville, les autres services transversaux (communication, technique, administratif, etc.), de nombreux prestataires extérieurs et les autres services de la collectivité.
Il élabore et accompagne la politique de conservation préventive souhaitée par la direction des musées.
Face aux missions définies du poste (régie des collections, régie des expositions, pilotage du projet de pôle d’étude et de conservation), les méthodologies de travail ont dû être repensées et restructurées afin d’affirmer une position, imposer un système unifié s’appliquant à tous.
La régie des œuvres n’est plus une simple exécutante au service de l’individualité de chaque musée mais un service offrant des compétences spécifiques que l’on sollicite pour son expertise et qui a pour but d'unifier les pratiques à l'échelle du réseau des musées. Ce positionnement est au cœur d’une stratégie de la prévention.
Le partage des compétences au Centre de conservation et d’études de Soissons
Dominique Roussel, conservateur du musée de Soissons ; Béatrice Amadeï-Kwifati, conservateur-restaurateur, responsable du secteur restauration du Centre d'étude des peintures murales romaines (CEPMR), Soissons.
Intervenant : Archéologue de formation et docteur en égyptologie, Dominique Roussel est conservateur au Musée de Soissons depuis 1989. Il est aujourd’hui conservateur en chef, responsable du musée de Soissons (abbaye Saint-Léger et abbaye Saint-Jean des Vignes). Il est commissaire de nombreuses expositions (art contemporain et archéologie).
Béatrice Amadeï-Kwifati est conservatrice-restauratrice de formation universitaire (diplômée du Master 2 professionnel en Conservation-Restauration des Biens Culturels de Paris-I Panthéon Sorbonne, spécialisation peintures murales archéologiques). En poste au CEPMR depuis 1994, elle est responsable du secteur restauration depuis 2008. Elle a publié plusieurs ouvrages concernant la conservation-restauration des peintures murales romaines.
Le Centre de Conservation et d'Études Archéologiques de Soissons : Le CCEA de Soissons est une construction contemporaine installée sur un site patrimonial prestigieux, au pied de l’abbaye Saint-Jean-des-Vignes et à proximité d’une base de recherche archéologique de l’Institut national de recherches archéologiques préventives. Mis en fonctionnement de façon progressive depuis 2012, son inauguration a eu lieu le 17 mai 2013.
Ce bâtiment municipal est géré par le service musée de la Ville de Soissons et met à disposition des locaux, par convention, au Service régional de l’archéologie (SRA) de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) de Picardie et au Centre d’étude de Peintures Murales Romaines (association loi 1901).
Le sous-sol du bâtiment est exclusivement dédié aux espaces de stockage. Chaque partenaire dispose d’un espace de réserve dont il est responsable. Le Service régional de l’archéologie (SRA) de la DRAC accueille le mobilier archéologique et les archives liées aux opérations archéologiques menées dans le département de l’Aisne. Le Muséey conserve les collections archéologiques inventoriées (fonds ancien et récent) ainsi qu’un dépôt lapidaire. Le CEPMR-APPA (Centre d'étude des peintures murales romaines-Association Pro Pictura Antiqua) dont le laboratoire se situe sur le site de l’abbaye, y possède un espace de stockage temporaire de prélèvements de peintures murales en cours d’étude et de restauration. Au rez-de-chaussée,les espaces de travail et de médiation sont des équipements partagés.
Si chaque structure est responsable de ses collections, la veille en conservation préventive est partagée. La veille sanitaire du bâtiment est menée conjointement par le régisseur du musée et un restaurateur du CEPMR qui apporte régulièrement son expertise technique sur les conditions de conservation et de conditionnement du mobilier.
La gestion scientifique du mobilier et de la documentation relevant de la responsabilité de l’État est assurée par un agent de l’État. Il veille au respect par les opérateurs archéologiques du protocole de versement mis en place par le SRA. Le transfert du mobilier archéologique dévolu à la ville de Soissons est simplifié : il reste stocké dans les locaux de la réserve du SRA avec un étiquetage spécifique. Lors de tous les transferts, l’équipe technique du musée apporte son soutien aux partenaires.
Le CCEA offre à tous les partenaires un espace d’étude. Cet espace de travail est également destiné à l’accueil sur rendez-vous des chercheurs. Les réserves, visibles, permettent de valoriser les collections des trois partenaires sous la forme d’expositions coordonnées par le service musée. La collaboration entre les partenaires et des intervenants extérieurs (service de l’architecture et du patrimoine de la ville de Soissons, INRAP) a permis un renouvellement de l’offre de médiation sur le site. Ainsi, le CCEA de Soissons a permis de faire découvrir l’archéologie à trois cents visiteurs lors des journées de l’archéologie 2013.
Cette communication est l'occasion de faire le bilan, un an après sa mise en fonctionnement, des problèmes rencontrés et de ceux qui restent à résoudre. L’intervention portera sur le rôle de l’intervenant du CEPMR dans ce partage des compétences au sein du CCEA de Soissons.
Le Centre d’Étude des Peintures Murales Romaines : Dès 2009, les premiers projets de conventions entre la commune de Soissons et les différents utilisateurs du futur CCEA faisaient état de la nécessité de mutualiser les compétences locales. Le concept même de CCEA, tel qu’il est défini dans les documents de 2008 établis par le ministère de la Culture et de la Communication, est basé sur les notions d’optimisation, de rationalisation et « d’approche globale de la problématique patrimoniale ».
Le CEPMR, laboratoire dédié à l’étude, la publication, et la restauration des peintures romaines, est installé depuis les années 1970 sur le site de l’Abbaye Saint-Jean-des-Vignes à Soissons. Une convention de recherche le lie au CNRS et à l’École Nationale Supérieure (UMR 8546). Par sa participation à l’action culturelle de la ville, le laboratoire est un acteur de longue date dans la mise en valeur du site patrimonial de Soissons. De nombreux projets d’étude, de restauration, de publications et d’exposition, ont été menés conjointement par le CEPMR, le musée et la Ville de Soissons afin de mettre en valeur les enduits peints romains qui y ont été découverts. Le CEPMR est également aujourd’hui un des trois principaux utilisateurs du CCEA. Les compétences d’un conservateur-restaurateur du CEPMR ont été sollicitées pour apporter régulièrement son expertise technique sur les conditions de conservation et de conditionnement du matériel. Depuis mai 2012, les relevés de plusieurs capteurs de température et d’humidité relative, placés dans toutes les salles destinées à recevoir du matériel, sont régulièrement analysés. C’est grâce à ces analyses du climat intérieur qu’ont pu être mis en évidence certains problèmes tels que l’humidité relative trop importante dans les salles liée à l’absence de système d’assèchement de l’air. Ces relevés climatiques ont également révélé le dysfonctionnement de l’armoire climatique censée réguler les conditions thermo-hygrométriques de la réserve dite « sèche », où aucune collection ne peut être encore déposée. Des rapports d’inspection du bâtiment sont également transmis aux responsables de chaque réserve.
Afin de préciser les rôles de chacun dans cette veille de conservation préventive, les référents des trois institutions utilisatrices du CCEA ont suivi une formation spécifique, encadrée par Patricia Leclerc, consultante en conservation préventive basée à Compiègne. Ce stage dont l’objectif défini était de « programmer et planifier la conservation préventive au CCEA de Soissons » a été l’occasion de confronter nos expériences et d’adresser nos nombreuses questions à une spécialiste de ce domaine. Le bilan prend la forme d’un document synthétisé par K. Duault, régisseur au musée : état des lieux (personnel, espaces, climat), problèmes décelés, préconisations. Une deuxième session de formation est envisagée en 2014, qui permettra d’affiner nos méthodes d’action.
Présentation du projet d’exposition « C'était là, sous nos pieds. Archéologie de la ligne à grande vitesse Est européenne »
Marina Biron, chargée d’opération et de recherche, spécialité conservation-restauration, Institut national de recherches archéologiques préventives, Centre de recherches archéologiques de Pessac ; Astrid Chevolet, chef de projet d'exposition, Institut national de recherches archéologiques préventives, Grand Est Sud.
Intervenant : Astrid Chevolet a rejoint l’INRAP en 2008 en tant que chargée de développement culturel pour les régions Alsace, Bourgogne et Franche-Comté. Depuis 2012, elle réalise, en tant que chef de projet, l’exposition présentant les découvertes de la seconde phase de la Ligne à grande vitesse Est européenne en Alsace et en Lorraine. Titulaire d’une maîtrise d’histoire moderne (Université catholique de Louvain) et d’un Master de gestion culturelle (Université libre de Bruxelles), elle était auparavant chargée de projets en muséologie au sein de l’Office de coopération et d’information muséale (OCIM), service général de l’université de Bourgogne.
Conservateur-restaurateur d’objets archéologiques, Marina Biron, diplômée de la maîtrise de sciences et techniques de conservation-restauration et du DESS de conservation préventive à Paris 1 Panthéon Sorbonne, dirige la cellule conservation de l’INRAP basée au Musée d’Aquitaine. Entrée à l’Association française d’archéologie nationale en 1988, elle a œuvré pour les musées, les monuments historiques, et autres institutions patrimoniales. Depuis 1985, elle dispense des cours de sensibilisation à la conservation à l’Université de Bordeaux 3 Michel Montaigne, dans le cadre de la licence d’archéologie. Elle intervient pour des formations en conservation-restauration et en conservation préventive auprès de musées territoriaux, du Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) et en interne à l’INRAP. Elle est également membre de jury de concours pour le Centre de gestion de la Gironde (CDG 33) et fait partie de la Commission Restauration de la DRAC Aquitaine depuis 2007.
S’unir pour préserver et valoriser les patrimoines est l’un des objectifs de l’exposition itinérante présentant les découvertes archéologiques sur la seconde phase de la Ligne à grande vitesse Est européenne. Ce projet est né de la volonté commune du ministère de la Culture et de la Communication, de l’INRAP, de Réseau ferré de France et du Pôle d’archéologie interdépartemental rhénan (PAIR) de présenter au public les découvertes réalisées sur le tracé en Alsace et en Lorraine. L’exposition, d’une surface de 400 m², dont les textes sont traduits en allemand, sera présentée à partir du mois de mai 2014 au Parc archéologique européen de Bliesbruck-Reinheim, site lorrain du Conseil général de Moselle. Cette exposition présentera au public pour la première fois près de 400 objets archéologiques, issus des fouilles réalisées par l’INRAP, le PAIR et le service archéologique du Conseil général de Moselle. Pour les collections, les enjeux sont donc multiples : il s’agit d’une sélection de mobilier issu du terrain d’une grande diversité de matières qui nécessite une attention et des conditions de présentation spécifiques. Ces objets seront présentés dans le cadre d’une itinérance de deux ans, comprenant quatre sites et autant d’opérations de montage et de démontage.
L’implication d’un restaurateur professionnel était donc recommandée, étant donné le nombre d’objets, afin d’accompagner l’équipe projet de l’exposition dans l’expertise du mobilier présélectionné, de donner les prescriptions de traitement, de conditionnement et de mode de présentation. Ce travail a été confié, en accord avec les services de l’État, à Marina Biron, conservateur-restaurateur à l’INRAP. Plusieurs pièces ont nécessité une attention ainsi qu’un traitement spécifiques. Sur la base des constats d’état réalisés par les conservatrices des services régionaux de l’archéologie de Lorraine et d’Alsace, la mission de Marina Biron comprend aussi le suivi de l’itinérance aux côtés des musées d’accueil.
Partager les compétences - Débat avec la salle
Mutualiser les services
Introduction
Magdeleine Joly, directeur scientifique culturel d'ARC-Nucléart.
Intervenant : Historienne et archéologue de formation à l’université de Grenoble, conservateur en chef du patrimoine, Magdeleine Clermont-Joly a effectué une grande partie de sa carrière en Lorraine. D’abord conservateur-adjoint aux musées de Metz, elle a ensuite dirigé le musée de l’Histoire du Fer à Nancy-Jarville, établissement couplé au Laboratoire d’Archéologie des Métaux, dédié à la conservation-restauration des objets en métal.
Depuis 2002, elle occupe le poste de directeur scientifique culturel au laboratoire ARC-Nucléart, qu’elle a vu naître à Grenoble pendant ses études, et dont la mission est la conservation-restauration du patrimoine culturel en matériaux organiques.
Le Centre Interdisciplinaire de Conservation et de Restauration du Patrimoine, Marseille : une « mutualisation multiple »
Roland May, directeur du Centre interdisciplinaire de conservation et de restauration du patrimoine (CICRP).
Intervenant : Roland May est conservateur en chef et dirige le CICRP depuis 2007. Nommé chef du département conservation préventive au Centre de recherche des musées de France en 2000 pour mettre en place le département, il a accompagné de très nombreux projets de musées territoriaux et nationaux. Il fut conseiller musée à la DRAC Rhône-Alpes (1992-2000) après divers postes de directions d’établissements.
Ses dernières publications portent sur la conservation préventive dont La conservation préventive, une démarche évolutive 1990-2010 (avec Denis Guillemard, Paris I). Il assure la coordination de formations de l’Institut national du patrimoine sur ces questions : chantier des collections, projets de réserves, plan d’urgence ...
Il est membre du comité français de normalisation pour la conservation des biens culturels. Il a coordonné les deux normes françaises sur « Pôle de conservation » et « Vitrines » et poursuivi ce travail à l’échelle européenne.
Le Centre Interdisciplinaire de Conservation et de Restauration du Patrimoine (CICRP) a été créé en 2002 sous forme de groupe d’intérêt public réunissant le ministère de la Culture et de la Communication, la Ville de Marseille, le Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur et le Conseil général des Bouches-du-Rhône. Il assure des missions d’assistance et de conseil en conservation préventive et en conservation-restauration, conduit et participe à des programmes de recherches portant essentiellement sur l’altération des matériaux, et assure une politique de diffusion. Il compte vingt-huit permanents dont vingt-deux fonctionnaires d’État, aux compétences diversifiées (conservateurs, scientifiques, photographes radiologues, …) et est installé dans près de 7 000m² dont 2 500 consacrés à l’accueil d’œuvres en restauration. Il mène une politique transversale musée de France, monuments historiques, fonds patrimoniaux de bibliothèque, archives… avec des compétences particulières en art contemporain, peinture sur tout support, patrimoine écrit, conservation préventive, pierre et autres.
Cette institution unique en France de par son statut, ses missions et ses modalités de fonctionnement peut en effet se caractériser à bien des niveaux par une « mutualisation multiple » :
1/ Une interdisciplinarité induite par le domaine de la conservation-restauration impliquant un responsable de collections scientifiques en général et du patrimoine en particulier – propriétaires, restaurateurs, artistes, voire autres…
2/ La transversalité musée-monuments historiques-patrimoine écrit… avec une approche par matériaux ou domaine et non par « cloisonnement administratif » et une ouverture, en raison de cette approche matériaux, à des collaborations et mutualisations avec d’autres domaines que le patrimoine.
3/ Enfin une mutualisation de moyens État-collectivités territoriales dans un objectif de préservation et de conservation dans une géométrie croisée de territorialité et de compétence.
Le Plan-Objet 66 : un outil et des acteurs pour la conservation in situ du mobilier religieux
Jean-Bernard Mathon, directeur du Centre de conservation et de restauration du patrimoine du Conseil général des Pyrénées-Orientales, conservateur des antiquités et objets d’art des Pyrénées-Orientales.
Intervenant : Conservateur-restaurateur de peintures de formation, Jean-Bernard Mathon dirige le Centre de conservation et de restauration du Conseil général des Pyrénées-Orientales depuis 1989 et est conservateur des antiquités et objets d'art du département depuis 2008. Il a initié et mis en place, en collaboration avec la DRAC Languedoc-Roussillon, à partir de 2002, le Plan-Objet 66. Il a développé ou participe à plusieurs projets interdisciplinaires dans l'espace catalan et méditerranéen portant sur l'étude et la restauration des décors (ou monuments) de la Semaine sainte, de la peinture de la Renaissance en Catalogne, des Vierges médiévales catalanes, des arts picturaux XIIe-XIVe s. en Roussillon. Il organise chaque année des expositions sur le patrimoine mobilier restauré.
Le Conseil général des Pyrénées-Orientales est doté depuis 25 ans d'un Centre de conservation et de restauration du patrimoine (CCRP) qui assure 3 missions : le Plan-Objet 66, la restauration d'œuvres d'art, la conservation et la valorisation du patrimoine maritime. Parallèlement, il porte des projets d'étude pluridisciplinaires et organise des expositions.
Le Plan-Objet 66 a été mis en place en 2002 dans le cadre d'un partenariat entre le Conseil général des Pyrénées-Orientales et la DRAC. Le département des Pyrénées-Orientales recèle un très riche patrimoine mobilier religieux dans un état de conservation préoccupant. Le Plan-Objet est une réponse globale et structurée à plusieurs difficultés : dispersion de la documentation, méconnaissance du mobilier et de son état, absence de politique de conservation et de cohérence entre les acteurs. Mis en œuvre par le CCRP, il avait pour objectif de réaliser en un court laps de temps (de 5 à 10 ans) la conservation pérenne de tout le mobilier religieux du département, pour ensuite s'attacher à des opérations de restauration. Il vise à réaliser dans un même mouvement l'inventaire et l'évaluation sanitaire des édifices et des objets accompagnés de préconisations, la réalisation des traitements de conservation curative et de prestations de conservation préventive, en associant étroitement les communes propriétaires et tous les acteurs bénévoles. Il s'accompagne d'actions de valorisation et de formation des bénévoles à l'entretien courant du mobilier.
Il se déroule en 3 phases :
1/ Recensement et évaluation sanitaire réalisés par les chargés d'inventaire et les restaurateurs du CCRP, sauf diagnostic sanitaire des édifices effectués par un architecte libéral.
2/ Interventions de conservation curative et préventive in situ par des restaurateurs libéraux de diverses spécialités, accompagnées d'études préalables pour les objets nécessitant une restauration. 3/ Formation des bénévoles, opérations de valorisation, suivi de la conservation dans le temps.
Une base de données a été mise au point par la DRAC, à la conception de laquelle ont été associés conservateurs, restaurateurs, Architecte des Bâtiments de France et Conservateurs des Antiquités et Objets d'Art de la région ; elle permet la saisie de toutes les informations sur les immeubles et objets et sert d'outil de gestion pour le Plan-Objet.
Les opérations réalisées dans le cadre du Plan-Objet 66 sont gratuites pour les communes, financées par le Conseil général avec l'aide de subventions de la DRAC et de la Région. Á ce jour environ 30 % des communes ont bénéficié de ce programme. Plus de 12 000 objets ont été inventoriés et diagnostiqués, 4 600 traités en conservation, 1,5 million d'euros mobilisés, sans compter le personnel et les moyens techniques du CCRP. Par rapport à l'objectif initial nous sommes encore loin du compte. Les protocoles et leur mise en œuvre sont efficients, mais les moyens financiers mobilisés encore largement insuffisants.
Table ronde : les réserves mutualisées
Modérateur : Bruno Saunier, sous-directeur de la politique des musées, direction générale des patrimoines.La réserve commune des musées de Nancy et du Grand Nancy ; Lisa Laborie, conservateur au Musée Lorrain, responsable de la réserve commune des musées de la Ville de Nancy et du Grand Nancy.
Intervenant : Lisa Laborie-Barrière est conservateur du patrimoine en charge des collections XIXe et XXe siècles au Musée Lorrain de Nancy où elle a organisé deux grandes expositions : « Jean Prouvé à Nancy, construire des jours meilleurs » et « Eté 1914, Nancy et la Lorraine dans la guerre ». Elle a participé à la refonte des parcours contemporains dans le cadre du projet de rénovation du musée. Depuis 2010, elle est en charge du suivi du projet de la réserve commune des musées de Nancy et du Grand Nancy, qui regroupe 6 institutions muséales. Elle assure actuellement la gestion de cet établissement et la coordination entre les équipes des musées occupants. Elle prendra prochainement la direction des musées et du château de l’Emperi à Salon de Provence.
Patrimoine, Beaux-arts, culture scientifique et technique, arts décoratifs… Qu’ils dépendent de la Ville de Nancy comme le Musée des Beaux-Arts, le Musée de l’école de Nancy et le Musée Lorrain, ou de la Communauté urbaine du Grand Nancy comme le Musée de l’histoire du fer à Jarville et le Muséum-Aquarium à Nancy, les établissements patrimoniaux de l’agglomération conservent des collections exceptionnelles. Pour mieux valoriser ces différents fonds, la Ville de Nancy et la Communauté urbaine du Grand Nancy, avec le soutien de l’État et de la Région Lorraine, viennent de réaliser une réserve commune à ces cinq établissements. Fruit d’une volonté partagée, la création de ce nouvel espace offre des conditions optimales de conservation des œuvres tout en permettant de gagner des espaces d’expositions dans les différents musées.
Lieu de stockage des œuvres, mais aussi et surtout lieu vivant d’étude, de conservation et de préservation des objets, cette réserve commune est au cœur des enjeux actuels de la conservation préventive des œuvres et de la mutualisation à la fois des espaces, des moyens et des équipements.
Les réserves mutualisées des musées de la Ville de Paris
Emmanuelle Bas, responsable des réserves mutualisées des musées de la Ville de Paris.
La mutualisation dans les musées de Marseille
Annie Philippon, responsable du service des collections, service des musées de la Ville de Marseille ; Dominique Samanni, responsable des réserves mutualisées, service des musées de la Ville de Marseille.
Intervenant : Annie Philippon est conservateur, responsable du service des collections. Elle assure des missions de pilotage de l’inventaire, du récolement et de la numérisation pour l’ensemble des musées.
Dominique Samanni est responsable des réserves mutualisées depuis 2004.
La mutualisation des musées de Marseille trouve sa source dans la création d’une direction des musées dans les années 1980 et dans la décennie 1990, par l’aménagement de réserves communes, conçues comme un centre de gestion de l’ensemble des collections marseillaises.
Après une longue maturation et des interruptions dans la mise en œuvre du projet, l’ouverture s’est faite en avril 2004, mais sans l’organisation de service qui prévoyait une équipe de huit personnes. Les années suivantes ont constitué une période laboratoire avec une réflexion sur un mode de fonctionnement fondé sur les besoins réels des équipes des musées et l’élaboration d’outils et de méthodes. C’est ainsi que l’informatisation des inventaires qui avait commencé début 1990 s’est accentuée avec la fusion des onze bases locales Micromuséeen une base unique accessible sur le réseau intranet.
La création en 2010 du service des collections, prenant en charge le pilotage de l’inventaire informatisé, du récolement et de la numérisation pour l’ensemble des musées a donné une grande impulsion à la mutualisation, malgré les bouleversements des habitudes. La centralisation des données de l’inventaire et du récolement, la numérisation planifiée des collections sont désormais acquis. Sur ces bases, les publications en ligne sous plusieurs formes doivent se poursuivre et se développer au sein du pôle Valorisation des collections.
Mutualiser la sauvegarde
Présidence : Jocelyne Deschaux, directrice du réseau des médiathèques de l’Albigeois.
Intervenant : Directrice du réseau des médiathèques de l’Albigeois depuis 2013, Jocelyne Deschaux est archiviste-paléographe (promotion 1989). Elle a été responsable des dossiers de restauration à la Direction du Livre et de la lecture (1989-1991) puis conservateur chargé du Patrimoine écrit à la Bibliothèque municipale de Toulouse, responsable de l’atelier de restauration ERASME (Ensemble de restauration et d’Aide à la Sauvegarde de la Mémoire Ecrite) (1991-2013).
Vice-présidente du Comité français du Bouclier bleu, créatrice et déléguée régionale de la section locale Grand Sud Ouest depuis 2006, créatrice de la section Atlantique en 2014, elle aide à la mise en place de plans d’urgence sur les archives, bibliothèques et musées de Toulouse et à la mutualisation des moyens. Elle est intervenante et formatrice en conservation préventive et rédaction de plans d’urgence.
Introduction
Jocelyne Deschaux
Intervenant : Directrice du réseau des médiathèques de l’Albigeois depuis 2013, Jocelyne Deschaux est archiviste-paléographe (promotion 1989). Elle a été responsable des dossiers de restauration à la Direction du Livre et de la lecture (1989-1991) puis conservateur chargé du Patrimoine écrit à la Bibliothèque municipale de Toulouse, responsable de l’atelier de restauration ERASME (Ensemble de restauration et d’Aide à la Sauvegarde de la Mémoire Ecrite) (1991-2013).
Vice-présidente du Comité français du Bouclier bleu, créatrice et déléguée régionale de la section locale Grand Sud Ouest depuis 2006, créatrice de la section Atlantique en 2014, elle aide à la mise en place de plans d’urgence sur les archives, bibliothèques et musées de Toulouse et à la mutualisation des moyens.
Elle est intervenante et formatrice en conservation préventive et rédaction de plans d’urgence.
Le quatrième tiers. Une seule politique de sauvegarde pour les bibliothèques de trois universités.
Matthieu Desachy, directeur de la Bibliothèque inter-universitaire de Montpellier.
Intervenant : Archiviste-paléographe, conservateur de bibliothèque et docteur en histoire médiévale, Matthieu Desachy dirige la bibliothèque inter-universitaire de Montpellier après avoir été conservateur de la bibliothèque municipale classée d’Albi.
Ses recherches portent sur l'histoire culturelle et religieuse méridionale à la fin du Moyen-Âge. Il a assuré le commissariat scientifique d’expositions qui ont donné lieu à la publication de catalogues collectifs : Incunables albigeois, 2005 ; Le scriptorium d’Albi (VIIe-XIIe siècles), 2007 ; Le goût de la Renaissance italienne. Les manuscrits enluminés de Jean Jouffroy, cardinal d'Albi (1412-1473), 2010. Sa dernière publication porte sur les liens entre les peintures murales du Jugement dernier de la cathédrale d’Albi et le mécénat de l’évêque Louis d’Amboise (1474-1503), auprès des artistes parisiens : Le nom des anges. Le Maître de Jacques de Besançon et les peintures du Jugement dernier d'Albi.
Les universités de Montpellier abritent des collections anciennes, rares ou précieuses constituant un patrimoine écrit et graphique qui ne se limite pas à ses bibliothèques et dont le prestige contribue à leur renommée, rayonnant bien au-delà du monde universitaire. Peu de villes comme Montpellier peuvent s’enorgueillir de voir leurs universités posséder un patrimoine aussi riche et prestigieux : citons parmi les nombreux sites, le jardin des plantes, l’Institut de botanique, le musée des moulages, le conservatoire d’anatomie ou encore le droguier de pharmacie.
Une campagne récente de protection au titre des monuments historiques a reconnu la rareté et la préciosité des collections abritées par les universités – cf. In situ, 17 | 2011. En matière de patrimoine écrit et graphique, la diversité des supports– dessins, gravures, imprimés, manuscrits, photographies, vues d'optique, vélins aquarellés–, la rareté des pièces– planches d'anatomie–, ou l'antiquité des plus anciennes, sont particulièrement remarquables.
L’un des atouts des universités de Montpellier est de disposer d’un service mutualisé, la bibliothèque inter-universitaire–cas unique en France pour l’enseignement supérieur–qui gère pour l’ensemble des fonds placés sous sa responsabilité trois ateliers permettant demettre en œuvre une politique concertée de gestion et de valorisation des collections anciennes et spécialisées : l’atelier de restauration, l’un des derniers existant en institution publique en région et composé de trois agents restaurateurs spécialisés dans leur domaine respectif (cuir, parchemin, papier, etc.) ; l’atelier de reproduction, qui assure les campagnes photographiques, notamment pour les expositions ; et celui de numérisation, qui procède à la campagne de numérisation selon des corpus établis (médecins et pharmaciens montpelliérains, la vigne, etc.), participe à des projets internationaux (bibliothèque virtuelle des manuscrits de Clairvaux) ou procède aux numérisations à la demande (depuis septembre 2013) et assure la gestion de la bibliothèque numérique avec le service informatique.
Chaque réserve des principales bibliothèques du réseau (médecine, science, pharmacie, droit et lettres) est placée sous la responsabilité d’une équipe dirigée par un conservateur qui mène sa mission en concertation avec la commission patrimoine qui définit et met en œuvre la politique concertée de gestion des collections anciennes et spécialisées.
La commission patrimoine a donc établi un plan d’action qui comprend, pour ce qui relève de la conservation préventive, différentes mesures :
- plan de conditionnement des collections ;
- programme pluriannuel de restauration ;
- étude climatique des magasins et élaboration d’un plan d’urgence.
La mutualisation de moyens de réponse à des situations de sinistres entre les Archives de la Mayenne, de l’Orne et de la Sarthe
Jean-Pascal Foucher, directeur des Archives départementales de l’Orne ; Catherine Cottin, responsable de la conservation préventive, Archives départementales de l’Orne.
Intervenant : Jean-Pascal Foucher est archiviste paléographe, conservateur en chef du patrimoine, directeur des archives et des biens culturels au Conseil général de l’Orne.
Entre 2004 et 2006, en prévision du chantier d’extension du bâtiment, les Archives départementales de l’Orne ont élaboré un plan d’urgence. L’intérêt de mutualiser une partie des charges et d’élargir l’assise des moyens nécessaires à la gestion d’un sinistre a conduit à rechercher des partenaires. Il a alors, pour des raisons qui seront développées dans la communication, paru pertinent de travailler avec les Archives de la Mayenne et de la Sarthe, qui ont accepté la proposition. Le projet de convention élaboré à cette occasion détaille les conditions matérielles et juridiques du partenariat : mise à disposition d’agents formés, de locaux de stockage pour les documents sains à évacuer, mutualisation du coût et du stockage du matériel nécessaire à l’évacuation de collections. Á ces fonctions a été ajoutée la conservation partagée de données numériques.
Ce projet de mutualisation, que les trois services souhaitent mener à terme, associe des services distants au plus de 80 kilomètres, qui disposent de moyens spécifiques et parlent un langage commun. Ces objectifs rendent nécessaires un rapprochement des pratiques professionnelles et des formations communes. Le partenariat apparaît équilibré.
Pour l’Orne, ce périmètre de mutualisation laisse à l’écart d’autres structures patrimoniales partenaires (musées, bibliothèques) disposant de moyens moindres, qu’elles relèvent ou non des mêmes tutelles, et de nombreuses collectivités possédant des collections patrimoniales qui ne sont pas gérées. Les Archives de l’Orne interviennent parfois en force d’appoint ou en acteur principal dans ces petites collectivités, sans contrepartie.
Á l’échelle d’un département rural, la conservation préventive et la réponse aux situations d’urgence dans le domaine patrimonial doivent pouvoir bénéficier de la dynamique de mutualisation qui se développe au sein des collectivités. Les pistes explorées par les Archives de l’Orne dans le cadre du projet d’agence technique départementale seront présentées.
Le Centre national du cinéma au service du patrimoine cinématographique en France
Thi-Phuong Nguyen, chef du service de l’inventaire et de la conservation préventive des collections des Archives françaises du film du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) ; Béatrice de Pastre, directrice adjointe du patrimoine cinématographique, directrice des collections des Archives françaises du film du Centre national du cinéma et de l’image animée.
Intervenant : Titulaire d’un doctorat de 3e cycle universitaire en physique-chimie, Thi-Phuong Nguyen a été responsable du laboratoire scientifique et technique de la Bibliothèque nationale de France. Elle a coordonné et participé à de nombreux programmes de recherche nationaux et internationaux sur la conservation des collections d’archives et de bibliothèques, et présidé le groupe français de normalisation AFNOR CG46/CN10 « Information et documentation, conservation physique des collections ». Elle a rejoint depuis janvier 2013 les équipes des Archives françaises du film du Centre national du cinéma et de l’image animée, et a en charge le service de l’inventaire et la conservation préventive des collections.
Directrice adjointe du patrimoine cinématographique, directrice des collections des Archives françaises du film du CNC, Béatrice de Pastre a dirigé la cinémathèque Rober-Lynen de la Ville de Paris de 1991 à 2006. Elle a documenté des corpus de films dont les plus anciens s’inscrivaient dans les productions des années dix et vingt. Ces recherches l’ont entre autres conduite à la publication avec Alain Carou de l’ouvrage Le Film d’Art et les films d’art en Europe, 1908-1911 (1985, n° 56, AFRHC, 2008), et de Filmer la science, comprendre la vie, le cinéma de Jean Comandon avec Thierry Lefebvre (édition CNC, 2012) ainsi que des articles consacrés au cinéma d’André Sauvage ou Albert Capellani.
Sans l’aide et l’engagement des déposants – réalisateurs, producteurs, laboratoires, collectionneurs notamment –les Archives françaises du film du Centre national du cinéma n’auraient jamais pu constituer ce qui, aujourd’hui, représente l’une des collections les plus enviables de films cinématographiques français et étrangers. Il s’agit en effet d’un patrimoine riche d’environ 120 000 titres qui représente plus de un million de boîtes de films, dont l’État français a la charge depuis la fin des années soixante, période à laquelle André Malraux, soucieux de la sauvegarde et de la conservation du 7e art, décide de la création du Service des archives du film au sein du CNC.
A l’instar de toutes les institutions patrimoniales, les Archives françaises du film ont pour mission de collecter, de conserver et de contribuer à la valorisation et la diffusion de cette collection, qui pour l’essentiel, ne lui appartient pas. Il s’agit là d’un exemple tout à fait remarquable d’une mutualisation des moyens entre le secteur public et le secteur privé sans laquelle, disséminé ou victime des banqueroutes ou autres difficultés économiques, ce patrimoine aurait aujourd’hui largement disparu.
Mais les effets bénéfiques de la mutualisation ne s’arrêtent pas aux bâtiments de conservation du CNC. Les principaux laboratoires et cinémathèques de France, également détenteurs d’importantes collections de films, en profitent également au travers de l’inventaire national, ou du futur outil commun de gestion des collections, lequel deviendrait à terme le portail des collections cinématographiques nationales.
Les actions de formation en coopération sur la conservation du patrimoine tropical
Raphaël Gastebois, chef du service des patrimoines de la direction des affaires culturelles – océan Indien (DAC-OI).
Intervenant : Architecte et urbaniste en chef de l’État (10e promotion), Raphaël Gastebois dirige le service des patrimoines de la direction des affaires culturelles – océan Indien (DAC-OI) qui regroupe les services patrimoniaux chargés des monuments historiques, de l’architecture, des musées et de l'archéologie sur le territoire de l'île de la Réunion, des terres australes et antarctiques françaises (TAAF), des îles éparses et qui participe à la coopération régionale dans la zone Océan Indien. Il est également architecte des bâtiments de France pour l'île de Mayotte. Auparavant il a occupé les fonctions de chef du service départemental de l'architecture et du patrimoine de la Haute-Marne, puis de la Marne. Durant sa formation à l'École d'architecture de Normandie puis à l'École de Chaillot, il a collaboré avec plusieurs architectes dont Bruno Decaris et Pierre-Yves Caillault, architectes en chef des monuments historiques.
La direction des affaires culturelles – océan Indien (DAC-OI) est le service déconcentré du ministère de la Culture et de la Communication sur l'île de la Réunion. A ce titre, il est situé dans une zone qui comporte des États insulaires pour la plupart francophones, ainsi que des pays limitrophes appartenant à plusieurs continents. Le niveau de vie de ces États est très inégal et la présence française est aussi importante géographiquement qu'économiquement. La Réunion, et plus récemment Mayotte, sont deux régions ultra-périphériques de l'Union Européenne, ce qui en fait des aires de prospérité et de stabilité dans lesquelles les politiques patrimoniales notamment tendent à se rapprocher des standards européens. Néanmoins, des savoir-faire traditionnels bien souvent en perte de vitesse perdurent dans toute la zone et l'échange est indispensable pour mutualiser les connaissances en matière de conservation, restauration, mise en valeur.
Depuis quelques années, la DAC-OI a pris l'initiative de susciter des rencontres-échanges autour de thématiques patrimoniales : en 2014 se tiendront les deuxièmes « entretiens du patrimoine de l'océan Indien » sur le thème des jardins ; en 2013 a eu lieu une formation sur la conservation des œuvres en milieu tropical à destination des conservateurs...
Á travers une mission d’ingénierie culturelle, l’État contribue au rayonnement des cultures locales et des identités nationales autant qu'à l'image de la France dans l'océan Indien, sur les traces de la route des Indes et des échanges commerciaux plus anciens du canal du Mozambique.
Dynamiser les territoires
Aude Maisonneuve, attachée de conservation, conservatrice déléguée des antiquités et objets d’art du Calvados
Introduction
Aude Maisonneuve, attachée de conservation, conservatrice déléguée des antiquités et objets d’art du Calvados.
Mutualisation : une nouvelle culture professionnelle au service de la dynamisation du territoire
Gaëlle Le Floc’h, responsable du service culture et patrimoine du Parc naturel régional des boucles de la Seine normande.
Intervenant : Gaëlle Le Floc’h est diplômée de l’Institut d’études politiques de Lille et spécialisée en relations culturelles internationales. Après une expérience professionnelle à l’étranger, elle est reçue au concours d’attachée de conservation du patrimoine et actuellement responsable du service culture et patrimoine du parc naturel régional des boucles de la Seine normande.
Après une brève présentation du parc naturel régional des boucles de la Seine normande et des collections, nous nous intéresserons aux différents projets de mutualisation portés par le Parc. Ces projets sont conçus en fonction des besoins du territoire et du volontariat des communes. Différents outils peuvent être mutualisés : réserves, campagne de restauration des collections, le prêt des collections…. Selon les dispositifs, le Parc mutualise ses ressources ou bien il initie un réseau de mutualisation.
Ces projets n’avancent pas au même rythme et ne rencontrent pas le même succès d’autant plus qu’ils viennent se substituer à un fonctionnement ancien qui a duré une vingtaine d’année et qui a marqué les habitudes des acteurs locaux.
Une nouvelle dynamique est à créer, des habitudes sont à changer. Cela nécessité également une vision globale des besoins et des moyens à l’échelle du territoire.
Vers une mutualisation des moyens avec la Conservation des musées du parc naturel régional des Vosges du Nord : le cas du musée Westercamp à Wissembourg
Sophie Wessbecher, Conservation mutualisée des musées du parc naturel régional des Vosges du Nord.
Intervenant : Suite à un Master en Conservation préventive, Sophie Wessbecher, attachée de conservation du patrimoine, a intégré le service régional de l’inventaire du patrimoine d’Alsace, principalement sur la thématique des jardins. Elle a ensuite rejoint le département de la Loire comme responsable des sites patrimoniaux. Ses missions étaient la gestion des quatre monuments et musées appartenant au Conseil général de la Loire : le château de la Bâtie d’Urfé, le prieuré de Pommiers, l’abbaye de Charlieu et le couvent des Cordeliers de Saint-Nizier-sous-Charlieu.
Elle a récemment intégré la conservation mutualisée des musées du parc naturel régional des Vosges du Nord comme responsable scientifique des collections des musées de France de Meisenthal et de Phalsbourg en Moselle et de Woerth et Wissembourg en Alsace.
Confronté à un ensemble hétérogène d'équipements, le parc naturel régional a souhaité, dans le but de garantir la qualité des projets muséographiques sur son territoire, renforcer la cohérence de ses moyens à travers la création d'un réseau sous la forme d'une structure mutualisée, la conservation des musées du parc naturel régional des Vosges du Nord créée en 1994. Cette structure regroupe dix musées, dont les thèmes sont variés : la technique, les arts et traditions populaires et l’histoire.
La conservation des musées du parc des Vosges du Nord a pour objectif d’apporter, par la mutualisation de moyens humains, conseil et assistance de façon permanente et professionnelle aux musées adhérents au réseau dans les limites du territoire du Parc. Trois attachés de conservation, deux chargés de mission « inventaire » et un agent au sein d'un service des publics commun au réseau, travaillent sur le territoire du Parc. Ils répondent aux propriétaires et aux gestionnaires des musées qui ont fait le choix d’adhérer à la conservation du Parc. Celle-ci a la responsabilité scientifique des collections dotées de l’appellation « Musée de France ». Elle rédige les projets scientifiques et culturels et réalise un inventaire informatisé et mutualisé. Elle doit assurer la politique de gestion et de préservation–conservation préventive–des collections en exposition comme en réserves. Elle mène à la fois l’inventaire et le récolement décennal, diffuse et met en valeur les collections grâce à des expositions et des publications.
Dans le cadre du réseau, un service des publics mutualisé œuvre pour la mise en place d’actions de médiation innovantes en direction des publics : familles, scolaires et publics en situation de handicap.
L’enjeu de la conservation mutualisée est de maintenir également un ancrage local fort en préservant et en valorisant l’implication des bénévoles.
L’accompagnement de la conservation du Parc à une municipalité sera illustré à travers l’exemple du musée Westercamp à Wissembourg. A l’issue de la validation de son projet scientifique et culturel en 2009, le musée s’est engagé dans un programme de rénovation architecturale et muséographique qui a été acté en 2012. Il débutera en 2014 par la création et l’aménagement de réserves externalisées pour accueillir les collections. Ses réserves feront également l'objet d'une mutualisation avec celles des archives municipales. Le parc et les services respectifs de la ville travaillent conjointement à la création d'espaces spécifiques de conservation et d'espaces communs d’accueil des publics et de consultation des collections archives et musée. Au cours de cette communication le Parc et la Ville de Wissembourg expliciteront les apports de cette mise en réseau.
Table ronde : les conservations départementales (Partie 1/2)
Modérateur : Éric Blanchegorge, président de l’association des conservateurs des collections publiques.
Intervenant : Conservateur en chef du patrimoine, directeur des musées de Compiègne et de Crépy-en-Valois, directeur de la culture au Conseil régional de Champagne-Ardenne (2009-2013), aujourd’hui directeur des musées de Troyes (Aube), Éric Blanchegorge est, depuis octobre 2013, président de l’association générale des conservateurs des collections publiques de France.
La redynamisation d’une conservation départementale à travers une opération de réserve mutualisée, un outil au cœur du réseau, l’exemple de l’Aveyron
Aline Pelletier, conservateur des musées départementaux de l’Aveyron.
Après des études en histoire des sciences et muséologie des sciences au Muséum national d’histoire naturelle à Paris, Aline Pelletier a été lauréate du concours de conservateur en 2009 en patrimoine scientifique, technique et naturel. Á la sortie de la formation, en août 2011, elle a intégré le Conseil général de l’Aveyron pour assurer les fonctions de conservateur des musées départementaux.
Le réseau appelé « musée du Rouergue » est un réseau muséographique né de la constitution d’une collection ethnographique départementale à partir de la fin des années 1960. Officialisé par une charte culturelle passée entre le Conseil général et l’État en 1978, le « musée du Rouergue », pensé comme une entité éclatée entre différents sites thématisés, a rassemblé jusqu’à neuf établissements dont trois départementaux au niveau des collections.Á partir de 2007, ces derniers ont poursuivi leur départementalisation par l’intégration du personnel au sein de la collectivité. Aujourd’hui, le service compte dixagents permanents : le conservateur, une chargée des collections,deux agents administratifs et techniques et six agents d’accueil et d’animation. Reposant sur l’action de son fondateur, Jean Delmas, les liens vers les autres sites du réseau se sont petit à petit distendus à la retraite de celui-ci en 2008. Parmi les trois musées départementaux, deux sont labellisés « Musée de France ». En parallèle de la création et du fonctionnement de ces deux sites, les collectes se sont poursuivies. L’ensemble de ces collections aété conservé dans un entrepôt, bâtimentindustriel du début du XXe siècle, loué par le Conseil général depuis 1989. Chaque objet étant affecté dans l’un des deux musées, ce dépôt est une réserve mutualisée qui conserve entre 20 000 et 25 000 objets ou lots (soit les trois quarts de la collection). Engagé dans une phase de relogement de ses services, le Conseil général a intégré le déménagement des collections de ce dépôt vers un bâtiment neuf. Face à un état sanitaire des collections concernées très préoccupant, ce transfert est devenu un véritable chantier des collections pour retrouver une situation assainie. La méthode de cette opération a été apportée par le CICRP avec lequel un protocole d’assistance à maîtrise d’ouvrage a été engagé sur ce projet. La première étape a été la réalisation d’une étude de faisabilité en conservation préventive en 2012. L’aménagement de la future réserve qui se résumait à des murs en béton a également fait partie de cette étude menée par le groupement Conservation & Co. (mandataire Stéphane Charbit). Un comité de pilotage a été constitué. Il regroupait les services de la collectivité, le CICRP et la DRAC Midi-Pyrénées.
L’arrivée de ces collections départementales devra permettre de créer un pôle de conservation des collections : à la fois un outil fonctionnel de gestion et structuration du service par la création d’un pôle « conservation » mutualisé. Cette démarche est inscrite dans un projet de service et sera le modèle pour la création future des autres pôles (service des publics…). La création du pôle sera accompagnée de formations sur les principes de la conservation pour l’ensemble du service. Au-delà de la redynamisation d’un service centré sur ces établissements départementaux, cette création vise à réactiver l’ancien réseau « musée du Rouergue » par la voie de la conservation. Des visites du chantier des collections destinées aux responsables des autres structures muséographiques de l’Aveyron vont être programmées en 2014. Il s’agira par la suite de se positionner comme une ressource. Ce projet a constitué une priorité depuis la prise de poste en août 2011, quelques mois après que les projets de rénovation des musées départementaux aient été mis entre parenthèses. Cette opération avance bien grâce au soutien de la direction générale et grâce aux compétences du CICRP et du Groupement Conservation & Co. En inscrivant la conservation des collections au cœur des priorités, un changement de culture interne est en train de s’opérer. Et c’est sans doute cela la plus grande difficulté.
La conservation départementale du Maine-et-Loire
Sophie Weygand, chef du service départemental des musées du Maine-et-Loire.
Intervenant : Sophie Weygand, conservateur en chef, responsable de la conservation départementale des musées de Maine-et-Loire depuis 1995, est en charge de la politique « musées » du département. Elle a été responsable du projet de transfert du musée Jules-Desbois à Parçay-les-Pins (ouvert en 2001) musée associatif devenu municipal, puis de 2001 à 2011, chef de projet de la rénovation du musée Joseph-Denais à Beaufort-en-Vallée. La conservation assure l’encadrement scientifique du réseau de la direction associée des musées municipaux (DAMM) et des collections des musées Jules-Desbois à Parçay-les-Pins, Joseph-Denais à Beaufort-en-Vallée, du musée de Baugé, et du musée de la vigne et du vin d’Anjou à Saint-Lambert-du-Lattay.
Le nombre de musées en Maine-et-Loire est important. En dehors des villes d’Angers, de Cholet et de Saumur dotées chacune de musées, cinq établissements labellisés Musée de France (associatifs ou municipaux) existent parallèlement à un maillage de musées associatifs ou privés. Si la nature des collections et les statuts sont pour le moins divers, l’absence de personnel qualifié s’est révélée être une constante.
La conservation départementale a été créée en 1995 afin de proposer un accompagnement au développement de ces établissements qu’ils soient reconnus par l’État ou pas. Le partenariat est établi par convention (cinq en 2014). Le Conseil général a développé un soutien à l’emploi du personnel qualifié, soutien adossé à des conventions passées entre le département et les établissements fixant notamment le rôle du conservateur et la qualification des personnes recrutées. Ce principe obligeait les partenaires à s’engager dans le fonctionnement de l’établissement avec le soutien technique et financier du département. La loi « musées » de 2002 est venue conforter ce principe en caractérisant les métiers et les qualifications des personnes, en instituant l’obligation du service des publics avec la possibilité d’une mutualisation. Cette idée de la mutualisation était déjà fortement encouragée par le département, reposant sur l’idée de la coopération.
Ainsi progressivement trois communes, Beaufort-en-Vallée, Baugé et Parçay-les-Pins, se sont associées pour créer un réseau mutualisant dans un premier temps le service des publics en charge de la programmation culturelle. La conservation départementale assurait de son côté l’encadrement scientifique des collections (inventaire, récolement, acquisitions, restaurations). Ce rôle a été renforcé au travers de la rénovation de deux musées : le musée Jules-Desbois à Parçay-les-Pins et le musée Joseph-Denais à Beaufort-en-Vallée, engageant le conservateur dans des chantiers des collections importants en plus de l’assistance à la maîtrise d’ouvrage et de la rédaction du projet scientifique et culturel (PSC). Le renfort d’un régisseur des collections a été nécessaire, d’abord employé par le conseil général, puis par le réseau. Le conservateur établit les programmations dans chacun des musées en concertation avec le régisseur. Celles-ci sont proposées aux collectivités propriétaires qui restent maître d’ouvrage, la maîtrise d’œuvre étant déléguée au conservateur et au régisseur du réseau. Ce dernier assure l’interface avec la collectivité (traitement administratif et financier).
L’exécution des opérations est répartie entre le conservateur et le régisseur ainsi que les demandes de subventions. Le département vient abonder l’aide du fonds régional d'aide à la restauration (FRAR) ce qui permet à ces collectivités d’absorber la charge des restaurations. Malgré la modestie des moyens des communes, les musées bénéficient d’une équipe ayant les compétences requises. Toutefois le système est fragile, dépendant des volontés politiques.
La conservation départementale d’art sacré du Calvados : retour d’expériences après cinq ans de fonctionnement
Aude Maisonneuve, attachée de conservation, conservatrice déléguée des antiquités et objets d’art du Calvados.
Intervenant : En 2008, Anne d’Ornano, Président du Conseil général du Calvados, inaugurait la conservation départementale d’art sacré, espace adapté à l’accueil et à la conservation des objets d’art les plus fragiles ou les plus menacés dont les communes sont propriétaires.
Trois ans ont été nécessaires pour aménager un ancien hôtel particulier situé à Bayeux et établir une politique de gestion des objets. S’il est encore trop tôt pour dresser un bilan, il est en revanche possible de revenir sur la genèse du projet, le fonctionnement du dépôt, et d’ores et déjà dresser les premiers constats.
Table ronde : les conservations départementales (Partie 2/2)
Modérateur : Éric Blanchegorge, président de l’association des conservateurs des collections publiques.
Intervenant : Conservateur en chef du patrimoine, directeur des musées de Compiègne et de Crépy-en-Valois, directeur de la culture au Conseil régional de Champagne-Ardenne (2009-2013), aujourd’hui directeur des musées de Troyes (Aube), Éric Blanchegorge est, depuis octobre 2013, président de l’association générale des conservateurs des collections publiques de France.
- La redynamisation d’une conservation départementale à travers une opération de réserve mutualisée, un outil au coeur du réseau, l’exemple de l’Aveyron,
Aline Pelletier, conservateur des musées départementaux de l’Aveyron.
Après des études en histoire des sciences et muséologie des sciences au Muséum national d’histoire naturelle à Paris, Aline Pelletier a été lauréate du concours de conservateur en 2009 en patrimoine scientifique, technique et naturel. Á la sortie de la formation, en août 2011, elle a intégré le Conseil général de l’Aveyron pour assurer les fonctions de conservateur des musées départementaux.
Le réseau appelé « musée du Rouergue » est un réseau muséographique né de la constitution d’une collection ethnographique départementale à partir de la fin des années 1960. Officialisé par une charte culturelle passée entre le Conseil général et l’État en 1978, le « musée du Rouergue », pensé comme une entité éclatée entre différents sites thématisés, a rassemblé jusqu’à neuf établissements dont trois départementaux au niveau des collections. Á partir de 2007, ces derniers ont poursuivi leur départementalisation par l’intégration du personnel au sein de la collectivité. Aujourd’hui, le service compte dix agents permanents : le conservateur, une chargée des collections, deux agents administratifs et techniques et six agents d’accueil et d’animation. Reposant sur l’action de son fondateur, Jean Delmas, les liens vers les autres sites du réseau se sont petit à petit distendus à la retraite de celui-ci en 2008. Parmi les trois musées départementaux, deux sont labellisés « Musée de France ».
En parallèle de la création et du fonctionnement de ces deux sites, les collectes se sont poursuivies. L’ensemble de ces collections a été conservé dans un entrepôt, bâtiment industriel du début du XXe siècle, loué par le Conseil général depuis 1989. Chaque objet étant affecté dans l’un des deux musées, ce dépôt est une réserve mutualisée qui conserve entre 20 000 et 25 000 objets ou lots (soit les trois quarts de la collection). Engagé dans une phase de relogement de ses services, le Conseil général a intégré le déménagement des collections de ce dépôt vers un bâtiment neuf. Face à un état sanitaire des collections concernées très préoccupant, ce transfert est devenu un véritable chantier des collections pour retrouver une situation assainie. La méthode de cette opération a été apportée par le CICRP avec lequel un protocole d’assistance à maîtrise d’ouvrage a été engagé sur ce projet. La première étape a été la réalisation d’une étude de faisabilité en conservation préventive en 2012. L’aménagement de la future réserve qui se résumait à des murs en béton a également fait partie de cette étude menée par le groupement Conservation & Co. (mandataire Stéphane Charbit). Un comité de pilotage a été constitué. Il regroupait les services de la collectivité, le CICRP et la DRAC Midi-Pyrénées.
L’arrivée de ces collections départementales devra permettre de créer un pôle de conservation des collections : à la fois un outil fonctionnel de gestion et structuration du service par la création d’un pôle « conservation » mutualisé. Cette démarche est inscrite dans un projet de service et sera le modèle pour la création future des autres pôles (service des publics…). La création du pôle sera accompagnée de formations sur les principes de la conservation pour l’ensemble du service. Au-delà de la redynamisation d’un service centré sur ces établissements départementaux, cette création vise à réactiver l’ancien réseau « musée du Rouergue » par la voie de la conservation. Des visites du chantier des collections destinées aux responsables des autres structures muséographiques de l’Aveyron vont être programmées en 2014. Il s’agira par la suite de se positionner comme une ressource. Ce projet a constitué une priorité depuis la prise de poste en août 2011, quelques mois après que les projets de rénovation des musées départementaux aient été mis entre parenthèses. Cette opération avance bien grâce au soutien de la direction générale et grâce aux compétences du CICRP et du Groupement Conservation & Co. En inscrivant la conservation des collections au coeur des priorités, un changement de culture interne est en train de s’opérer. Et c’est sans doute cela la plus grande difficulté.
- La conservation départementale du Maine-et-Loire
Intervenant : Sophie Weygand, conservateur en chef, responsable de la conservation départementale des musées de Maine-et-Loire depuis 1995, est en charge de la politique « musées » du département. Elle a été responsable du projet de transfert du musée Jules-Desbois à Parçay-les-Pins (ouvert en 2001) musée associatif devenu municipal, puis de 2001 à 2011, chef de projet de la rénovation du musée Joseph-Denais à Beaufort-en-Vallée. La conservation assure l’encadrement scientifique du réseau de la direction associée des musées municipaux (DAMM) et des collections des musées Jules-Desbois à Parçay-les-Pins, Joseph-Denais à Beaufort-en-Vallée, du musée de Baugé, et du musée de la vigne et du vin d’Anjou à Saint-Lambert-du-Lattay.
Le nombre de musées en Maine-et-Loire est important. En dehors des villes d’Angers, de Cholet et de Saumur dotées chacune de musées, cinq établissements labellisés Musée de France (associatifs ou municipaux) existent parallèlement à un maillage de musées associatifs ou privés. Si la nature des collections et les statuts sont pour le moins divers, l’absence de personnel qualifié s’est révélée être une constante. La conservation départementale a été créée en 1995 afin de proposer un accompagnement au développement de ces établissements qu’ils soient reconnus par l’État ou pas. Le partenariat est
établi par convention (cinq en 2014). Le Conseil général a développé un soutien à l’emploi du personnel qualifié, soutien adossé à des conventions passées entre le département et les établissements fixant notamment le rôle du conservateur et la qualification des personnes recrutées. Ce principe obligeait les partenaires à s’engager dans le fonctionnement de l’établissement avec le soutien technique et financier du département. La loi « musées » de 2002 est venue conforter ce principe en caractérisant les métiers et les qualifications des personnes, en instituant l’obligation du service des publics avec la possibilité d’une mutualisation. Cette idée de la mutualisation était déjà fortement encouragée par le département, reposant sur l’idée de la coopération. Ainsi progressivement trois communes, Beaufort-en-Vallée, Baugé et Parçay-les-Pins, se sont associées pour créer un réseau mutualisant dans un premier temps le service des publics en charge de la programmation culturelle. La conservation départementale assurait de son côté l’encadrement scientifique des collections (inventaire, récolement, acquisitions, restaurations). Ce rôle a été renforcé au travers de la rénovation de deux musées : le musée Jules-Desbois à Parçay-les-Pins et le musée Joseph-Denais à Beaufort-en-Vallée, engageant le conservateur dans des chantiers des collections importants en plus de l’assistance à la maîtrise d’ouvrage et de la rédaction du projet scientifique et culturel (PSC). Le renfort d’un régisseur des collections a été nécessaire, d’abord employé par le conseil général, puis par le réseau. Le conservateur établit les programmations dans chacun des musées en concertation avec le régisseur. Celles-ci sont proposées aux collectivités propriétaires qui restent maître d’ouvrage, la maîtrise d’oeuvre étant déléguée au conservateur et au régisseur du réseau. Ce dernier assure l’interface avec la collectivité (traitement administratif et financier). L’exécution des opérations est répartie entre le conservateur et le régisseur ainsi que les demandes de subventions. Le département vient abonder l’aide du fonds régional d'aide à la restauration (FRAR) ce qui permet à ces collectivités d’absorber la charge des restaurations. Malgré la modestie des moyens des communes, les musées bénéficient d’une équipe ayant les compétences requises. Toutefois le système est fragile, dépendant des volontés politiques.
- La conservation départementale d’art sacré du Calvados : retour d’expériences après cinq ans defonctionnement
Aude Maisonneuve, attachée de conservation, conservatrice déléguée des antiquités et objets d’art du Calvados.
En 2008, Anne d’Ornano, Président du Conseil général du Calvados, inaugurait la conservation départementale d’art sacré, espace adapté à l’accueil et à la conservation des objets d’art les plus fragiles ou les plus menacés dont les communes sont propriétaires. Trois ans ont été nécessaires pour aménager un ancien hôtel particulier situé à Bayeux et établir une politique de gestion des objets. S’il est encore trop tôt pour dresser un bilan, il est en revanche possible de revenir sur la genèse du projet, le fonctionnement du dépôt, et d’ores et déjà dresser les premiers constats.
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