Des ornements de couverture viennent d'être restitués sur les parties hautes du chœur de la cathédrale de Rouen. Ils racontent en détail la légende de saint Georges en hommage aux Cardinaux Georges Ier et Georges II d’Amboise, en charge de la cathédrale de Rouen de 1494 à 1550 et dont le tombeau, encore aujourd’hui implanté dans la chapelle de la Vierge de la cathédrale, présente la même iconographie.

 

Les décors de la couverture de la cathédrale de Rouen

Au XVIe siècle, le duché de Normandie est partagé en bailliages, subdivisés en vicomtés. Le XVIe siècle voit progressivement apparaître un nouveau découpage en élections fiscales qui divise la Normandie en deux : celles de Rouen et de Caen. A Rouen, l'archevêché et l'ensemble épiscopal font figures de noyau cultuel, culturel et administratif. Ce XVIe siècle y débute avec les Cardinaux d’Amboise Georges I et II qui marquent profondément la cathédrale de Rouen par leurs fortes personnalités et font de la Normandie l’un des tout premiers foyers de la Renaissance en France.

Malheureusement, le 5 Octobre 1514, un immense incendie ravage la cathédrale, détruisant la flèche et la majeure partie des couvertures et des voûtes. En 1529, Georges II d’Amboise commande une nouvelle charpente et couverture en plomb pour le chœur.

« Sur ses ordres et grâce à son argent, le chœur reçoit en 1539 une toiture de plomb surmontée d’une crête. À la pointe de l’abside, sur une terrasse en pente de deux pieds, on plante « une image de saint Georges et plusieurs autres images" (extrait des Archives départementales de Seine-Maritime, Comptes de la fabrique)

La légende de Saint Georges

Né en Cappadoce de parents chrétiens, Georges, officier dans l'armée romaine, traverse un jour une ville terrorisée par un redoutable dragon qui dévore tous les animaux de la contrée et exige de ses habitants le tribut quotidien de deux jeunes gens tirés au sort. Georges arrive le jour où le sort tombe sur la fille du roi, au moment où celle-ci va être victime du monstre. Il engage alors avec le dragon un combat acharné, et, avec l'aide du Christ, finit par en triompher. La princesse est délivrée et, selon certaines versions, dont celle de la Légende dorée, le dragon, seulement blessé, lui reste désormais attaché comme un chien fidèle. Plus tard, Georges est victime des persécutions de l'empereur Dioclétien contre les chrétiens. Il subit en Palestine un martyre effroyable, livré à de nombreux supplices (brûlé, ébouillanté, broyé sous une roue, etc.), il survit miraculeusement et finit par être décapité.

Ces décors subsistent trois siècles entiers. Mais en 1822 un nouvel incendie emporte la flèche et la majeure partie des couvertures. L’architecte Alavoine restaure dans l’urgence les couvertures du chœur en cuivre.

Suite à la chute d’un clocheton de la flèche lors de la tempête de 1999, la restauration des couvertures du chœur est devenue indispensable. Il est alors décidé de rétablir les dispositions de 1539 avec sa couverture en plomb rehaussée par rapport à la nef et les décors de couverture narrant la légende de saint Georges.

 

La restauration des parties hautes

durée prévisionnelle de l’ensemble des travaux 2015 - 2023 / tranche 5 (2020-2021) : restauration des décors de couverture du choeur

Le sinistre de 1999 est venu toucher des parties déjà largement affectées par des événements antérieurs : l'incendie de 1822, mais aussi les bombardements alliés de 1944, éventrant la couverture et les voûtes du chœur.

L’état de vétusté de la couverture en cuivre, depuis 1823, et de ses ouvrages mitoyens (balustrades, pinacles, arcs-boutants, voûtes, etc.) ont donc imposé une réfection complète en restauration de l’ensemble des parties hautes du chœur.

Les travaux ont fait l’objet d’une seule opération sur le chœur, répartie en 6 tranches et dont les travaux ont débuté en 2015. Quatre tranches sont à présent achevées et la cinquième est en cours d'achèvement (décors). La sixième tranche démarre actuellement (voûtes et décors intérieurs du chœur).

 

Le choix a été fait, en lien avec la commission supérieure des MH (commission nationale du patrimoine et de l’architecture), de restituer les volumes et les décors de la Renaissance en se référant à une documentation existante tant iconographique qu’écrite et à la lueur des traces conservées sur l’édifice. L'ensemble coiffé d'une statuaire est tiré d'une iconographie de St Georges en hommage au commanditaire, maîtres d’ouvrage de l’époque (les cardinaux Georges d’Amboise I et II).

L'opération de la tranche n° 5 s’est déroulée de juin 2020 à novembre 2021. Elle est dorénavant achevée et les échafaudages ont été partiellement démontés pour servir à la tranche suivante (baies et restauration des voûtes intérieures).

Les décors

La restitution des dorures correspond à une restitution d'un état préalablement documenté ; les études ayant été conduites par Pierre-André Lablaude, puis, par Richard Duplat (architectes en chef des Monuments Historiques successivement en charge de la cathédrale de Rouen).

L'objectif de cette restauration a consisté à la restitution des décors en cuivre et plomb de la statuaire et des dorures, avec notamment, les deux demi-soleils dorés d'1,50 m de diamètre de chaque côté des versants de la chapelle, la farandole de chérubins ou de putti (angelots) alternant avec les emblèmes cardinalices sur la crête de faîtage, une tour entourée de jeunes gens et surmontée par la princesse et, sur la partie sommitale, le chevalier Saint Georges.

Les travaux de mise au point des plâtres, la fabrication des structures internes (soudure et boulonnage), les coulées de bronze en partie, les assemblages, la réalisation des décors rapportés en cuivre repoussé ont été réalisés en atelier (Fonderie Courbertin, ferronerie d'art, statutaire et Camille Giordani).

Il est à noter que tous ces éléments font écho aux décors présents sur le tombeau des cardinaux Georges Ier et II que l'on retrouve dans la chapelle de la Vierge au sein de la cathédrale.

 

Travaux en cours sur la cathédrale de Rouen

Cette opération s'inscrit dans un ensemble de chantiers menés par la DRAC Normandie sur la cathédrale de Normandie

  • La restauration de la grande flèche d’Alavoine,
  • Les travaux de protection incendie dans les combles (recoupement en prévention du risque),
  • La surveillances des fissures de la nef (filet préventif, instrumentation avec rapports réguliers, travaux de réfection des joints et mortiers en programmation),
  • Les travaux d’entretien par l’UDAP en concertation avec l'affectataire,
  • Les études en cours sur les menuiseries de l'archevêché, sur les couvertures du bras nord du transept et sur les couvertures en plomb de la nef.