1.1529 - La Savine
Les Borels, nord-est du 15e arrondissement
références documentaires : Patrimoine XXe, architecture domestique
n° répertoire édition X : 1529, p 46. 2005
Conception & rédaction T. Durousseau arch., 2007
désignation : La Savine
boulevard de La Savine, chemin du Vallon des Tuves, quartier des Borels 13015
Lambert 3 : latitude 3.03363 ; longitude 43.3678
Accès : métro 2 : Dromel - Bougainville
bus 30 : Bougainville - La Savine
propriétaire : LOGIREM (Groupe Caisse d'Épargne), 111 boulevard National, 13003 Marseille 04 91 28 01 01
programme : Ensemble de 988 logements, 1 391 HLM à l'origine, dans le cadre de l'Opération Secteur Expérimental de 15 000 logements, Concours de 1969.
Maître d'ouvrage : LOGIREM.
Ensemble de 27 immeubles, 35 à l'origine.
dates, auteurs : Dispensé de Permis de Construire. Livraison : 1973. Réhabilitation : 1985, 1987.
Jacques Carrot, Charles Delfante, architectes.
Entreprise, J. L. Stribick (Saint-Etienne).
site : À l'est du massif de La Mure, au sud-est du vallon des Tuves et du canal de Marseille. Altitude entre 130,00 et 180,00 m. Pentes fortes et boisées. Secteur d'habitation C sur le Plan d'Urbanisme Directeur de 1949.
plan de masse : Implantation sommitale, organisation sur une double maille hexagonale, centrée sur une tour K. Épannelage : R+10 Linéaire, R+13 tour K.
bâti : Constructions modèles : planchers, murs et façades entièrement préfabriquées. Démolition et transformation lors de la réhabilitation. État général moyen.
cf. notices : 1363 à 1367 - Les Tours K - 1401 - Les Flamants - 1402 - Les Iris
sources : AD : 2071 W 49 (15.213)
Contexte :
Malgré la défiance pour le "tout béton" produite par mai 68, le ministère de l'Équipement et la Fédération des organismes HLM lancent, en 1969, un grand concours architecte-entreprise sur un programme expérimental portant sur la réalisation, dans le cadre de marchés gré à gré, de 15 000 logements dans les grandes villes comme Paris, Lille, Marseille, Lyon et Bordeaux. Le ministre Albin Chalandon baptisera le dispositif d'"opération coup de poing" ! Le but était d'augmenter la productivité et de réduire les délais et les coûts dans la construction de logements.
L'équipe lauréate regroupe Jacques Carrot architecte, l'urbaniste Charles Delfante et l'entreprise stéphanoise de Jean-Louis Stribick tous très proches d'Eugène Claudius-Petit, maire de Firminy.
Conformément au concours, le projet comprend un procédé de construction préfabriqué ainsi que des assemblages d'éléments linéaires (barres de 4 à 10 étages) ou ponctuels (tours de 13 étages). Il résulte de ce jeu de construction un véritable modèle, le M. 400N.
Le procédé, agréé par le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment dès 1962, n'est ni très neuf ni très performant. Planchers de 0,14 m d'épaisseur, murs porteurs de 0,15 à 0,18 m sont associés à des façades de 0,25 m dont 0,03 m d'isolant, le tout assemblé par clavetage. Les panneaux pèsent 4 à 5 000 kg, ce qui correspond aux engins de levage courants. Plusieurs finitions sont proposées comme le grès cérame, la pâte de verre, les gravillons lavés ou la pierre reconstituée. Les entrées sont marquées par des panneaux décoratifs aux motifs moulés.
Les auteurs resteront lucides sur la gageure de l'opération "Chalandon", imposée par le ministère et par conséquent subie par des régions dont les climats et les mentalités diffèrent. Et de conclure : "les architectes de la conception sont tout à fait conscients de n'avoir pas totalement réussi".
Description :
Marseille récoltera plus de 3 000 logements soit 20% de l'opération "coup de poing", livrés en 1971 pour les Tours K, 1972 pour Les Flamants et Les Iris enfin 1973 pour La Savine.
Les plans de masse marseillais sont marqués par des assemblages à trois branches que l'on ne retrouve nulle part ailleurs. Cette figure n'est que pure forme : dans cette disposition qui suppose un noyau de circulation central, le triangle central reste lacunaire. A la fin il faudra le couvrir ! L'apport des architectes locaux qui devaient faire l'adaptation du modèle au site est certainement décisif dans le mode de groupement des éléments linéaires.
Si l'essentiel du programme Stribick est situé dans divers secteurs de la ZUP n° 1, La Savine est implantée aux confins de la ville sur un épaulement du massif de la Mure, contournée par le canal de Marseille qui renforce encore l'impression de bout du monde de l'opération. Malgré l'effet massif de prise de site, les immeubles ont dix étages, le plan de masse organisé en alvéoles hexagonales autour des 13 étages d'une tour K, fixe l'idée d'une cité fermée et retirée de tout. Seule concession à la géographie environnante : la petite Savine qui s'accroche en pied de colline au chemin du vallon des Tuves.
L'ensemble restera peu équipé, manquant cruellement d'activité, peu soigné par les services publics. On rangera la cité parmi les questions sociales de la ville.
Vingt ans après la livraison, qui aura vu la faillite de l'entreprise Stribick, La Savine sera l'objet de démolitions d'importance : en 1993, on détruit 6 immeubles (211 logements), cinq autres en 2002 (209 logements). Le plan de masse n'est aujourd'hui qu'une suite de figures fragmentaires peu articulées. Quant aux réhabilitations, elles paraissent viser à changer l'image du groupe, via les vétures de façades réalisant un placage de figures décoratives sans concordance avec le modèle d'origine.
Par sa situation reculée, et non pas enclavée, par son traitement en terme de représentation, La Savine reste un témoignage de l'incompréhension entre les conditions de production et la réactualisation spectaculaire du logement.
Auteurs :
Charles Delfante,
né à Lyon en 1926, architecte DPLG et urbaniste, est l'auteur d'une centaine de plans d'urbanisme et a réalisé quelques opérations d'envergure. Il est présent sur le projet de Bagnols-sur-Cèze en 1958 avec G. Candilis, il travaillera avec Le Corbusier sur l'opération de Firminy Vert sous la conduite d'E. Claudius-Petit. Il est aussi l'auteur du plan du quartier de la Part Dieu à Lyon. Il a été président de la Société française des urbanistes, de l'Institut d'urbanisme de Lyon et membre de The Royal Town Planning Institute et de l'Académie d'Architecture.
Jacques Carrot, architecte DPLG.
Fichiers associés :
- Carte du 15e arrondissement de Marseille
- Notice monographique imprimable
© Thierry Durousseau, 2004-2005
Partager la page